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cident, fait que les habitans qui sont au pié de ce mont du côté du nord & du midi, ont une température d’air aussi différente que s’ils vivoient dans des pays fort éloignés. Lucain le remarque dans sa Pharsale, liv. VI. v. 341.

Nec metuens imi borean habitator Olympi
Lucentem totis ignorat noctibus arcton
.

C’est après quelque séjour au pié de cette montagne que Paul Emile, consul romain, défit le roi Persée, & se rendit maître de la Macédoine. Lorsque le roi Antiochus assiégea la ville de Larisse, Appius Claudius lui fit lever le siége par le moyen de plusieurs grands feux qu’il alluma sur une partie du mont Olympe. Antiochus, à la vûe de ces feux se retira, dans l’idée que toutes les forces des Romains alloient fondre sur lui.

Ovide & Properce placent le mont Ossa entre le Pélion & l’Olympe ; Horace met le Pelion sur l’Olympe ; Virgile dispose encore ces trois montagnes d’une maniere différente : les Poëtes ne sont point obligés de peindre les lieux en Géographes.

2°. Je doute que le mont Olympe, mis par Ptolomée en Thessalie, soit différent du mont Olympe de la Macédoine.

3°. Le mont Olympe étoit encore une montagne du Péloponnèse, dans l’Elide.

4°. Polybe parle d’un mont Olympe, ou plutôt d’une colline de ce nom, aux confins de l’Arcadie & de la Laconie.

5°. Pline, liv. V. ch. xxxij. met un mont Olympe dans l’île de Lesbos, & un autre dans la Lycie.

6°. Athenée parle d’un mont Olympe dans la Lydie.

7°. Il y a un mont Olympe en Mysie. Méla y met la source du Rhyndacus. Ce mont Olympe de Mysie est décrit par Tournefort dans son voyage du Levant. « C’est, dit-il, une horrible chaîne de montagnes, à l’approche desquelles on ne voit que des chênes, des pins, du thym de Crète, du ciste ladanifere, &c. Après trois heures de marche sur cette montagne, on ne voit que des sapins & de la neige. Les hêtres, les charmes, les trembles, les noisetiers n’y sont pas rares ». C’est près de ce mont Olympe que les Gaulois furent taillés en pieces par Manlius, qui se vangea sur eux des maux que leurs peres avoient faits en Italie.

8°. Le mont Olympe, surnommé Triphylien, est une autre montagne de l’île Panchea dans l’Océan, près de l’Arabie heureuse.

9°. Enfin les Géographes parlent encore d’un mont Olympe dans l’île de Cypre.

M. Huet prétend que l’étymologie du mot Olympe, est la même que des mots Alpes, Albion, Alben, &c. si son idée n’est pas vraie, elle est du-moins ingénieuse. (D. J.)

Olympe, s. m. (Mythol.) l’Olympe n’est point une montagne dans les écrits des Poëtes, c’est l’empirée, c’est le ciel, c’est le séjour des dieux ; Claudien en a fait la peinture dans ces deux beaux vers.

Celsior exurgit pluviis, auditque ruentes
Sub pedibus nimbos, & rauca tonitrua calcat
.

Aussi quand vous lisez dans Virgile, que Jupiter gouverne l’Olympe, regit Olympum, cela signifie qu’il regne souverainement dans le ciel. Comme il y avoit sur le mont Olympe une forteresse que des brigands, qu’on nomma géants, assiegerent, la fable dit qu’ils avoient escaladé le ciel.

Il y a dans le recueil de l’académie des Inscriptions tom. XXV. un mémoire de M. de Mairan, pour justifier la conjecture, que la fable de Jupiter & des dieux tenant leur conseil sur l’Olympe, tiroit son origine d’une aurore boréale que les Grecs avoient vûe. Je ne puis croire cette théorie mythologique

bien fondée, mais elle est rendue avec beaucoup d’esprit & d’ornemens. (D. J.)

OLYMPIADE, s. f. (Chronolog.) espace de 4 ans révolus, qui servoit aux Grecs à compter leurs années. Lorsqu’Ovide dit quinquennis olympias, c’est une expression badine, par laquelle il a voulu désigner un lustre ou une espace de 5 ans. Ce poëte venoit de traverser la Grece pour se rendre au lieu de son exil ; & en conséquence il a voulu réunir plaisamment les deux manieres de compter des Grecs & des Romains. Il auroit pu dire aussi bien lustrum quadrinum, pour signifier une olympiade.

La maniere de supputer le tems par olympiade, tiroit son origine de l’institution des jeux olympiques, qu’on celebroit tous les 4 ans durant 5 jours, vers le solstice d’été, sur les bords du fleuve Alphée auprès d’Olympe ville d’Elide. Ces jeux furent institués par Hercule en l’honneur de Jupiter, l’an 2886 du monde ; & ils furent rétablis par Iphitus roi d’Elide, 372 ans après.

La premiere olympiade commença l’an 3938 de la période julienne, l’an 3208 de la création, 505 ans après la prise de Troie, 776 avant la naissance de J. C. & 24 ans avant la fondation de Rome. Voici donc comme l’on s’exprime dans la chronologie. Romulus est né la seconde année de la seconde olympiade : le temple de Delphes fut brûlé la premiere année de la cinquante-huitieme olympiade : la bataille de Marathon se donna la troisieme année de la soixante-douzieme olympiade. On ne trouve plus aucune supputation des années par les olympiades, après la quatre cent-quatrieme qui finit à l’an 440 de l’ere vulgaire.

La Grece tira ses époques des olympiades, & on ne compta plus que par olympiade. Les savans ont des obligations infinies à cette époque, qui répandit la clarté dans le chaos de l’histoire ; mais personne n’a témoigné aux olympiades sa reconnoissance avec plus d’affection, que Scaliger. Il leur fait un fort joli compliment pour un homme qui n’en faisoit guere. « Je vous salue, dit-il, divines olympiades, sacrés dépositaires de la vérité ; vous servez à réprimer l’audacieuse témérité des chronologues : c’est par vous que la lumiere s’est répandue dans l’histoire ; sans vous combien de vérités seroient ensévelies dans les ténébres de l’ignorance ? Enfin je vous adresse mes hommages, parce que c’est par votre moyen que nous savons avec certitude, les choses mêmes qui se sont passées dans les tems les plus éloignés ». Salve, veneranda olympias, custos temporum, vindex veritatis historiæ, frænatrix fanaticæ chronologorum licentiæ, &c. (D. J.)

OLYMPIE, (Géog. anc.) ville du Péloponnese dans l’Elide auprès de l’Alphée. Jupiter y avoit un temple masqué par un bois d’oliviers, dans lequel étoit le stade, ou le lieu destiné à la course.

Olympie fut d’abord célebre par les oracles qu’y rendoit Jupiter olympien. Après qu’ils eurent cessé, le temple devint plus fameux que jamais par le concours des peuples qui s’assembloient pour voir les jeux & le couronnement des vainqueurs. La statue qui représentoit Jupiter étoit l’ouvrage de Phidias ; le dieu étoit assis, mais si grand que sa tête touchoit presque au haut du temple, & qu’il sembloit qu’en se levant il devoit emporter le comble de l’édifice. Etienne le géographe dit qu’Olympie s’appelloit anciennement Pise, Pisa ; & en effet, Strabon ainsi que Polybe, appellent les habitans d’Olympie, Pisei, & la contrée Piseus ager ou terra Pisatis. Pausanias dit que les Eléens détruisirent Pise de fond en comble, & qu’on avoit planté des vignes sur son sol. (D. J)

OLYMPIEN, adj. (Gram. Mythol.) Jupiter olympien, ou adoré à Olympe, ou souverain de l’olympe. Les dieux olympiens ou dieux consentes, étoient au