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minuant jusqu’au bout qui finit en pointe. A l’extrémité il y a une ouverture fermée d’une grille de bois ou d’un tampon de paille. On les expose l’ouverture vers le flot. Pour cet effet, on a deux petits pieux ou piquets qui passent dans deux anses qui sont aux côtés de la nasse qu’ils tiennent saisie, de maniere que la marée ne peut la déranger.

Les pêcheries qu’on nomme dans l’amirauté de Bayonne nasses ou petites écluses sont construites de deux manieres différentes. Les premieres, en équerres ouvertes comme les pans de bois ou buchots ; d’autres, droites & traverses sur le canal ou le bras d’eau sur lequel elles sont placées. Au milieu du courant, on enfonce deux gros pieux distans l’un de l’autre de 8 à 10 piés, arrêtés par une traverse sur laquelle est posé le flet qui cale au moyen des pierres ou du plomb dont le bas est chargé. C’est au milieu de ce rets qu’est mis le cassin, le bertaut ou la tonnelle qu’on tient ouverte comme le verveux par cinq ou six cercles. Les mailles des rets sont assez serrées pour que rien n’échappe, pas même les plus petites anguilles. Le poisson est obligé de tomber dans le bertaut d’où il ne sort plus. Pour cet effet on pratique de côté & d’autre, soit en droite ligne, soit en équerre, des levées formées de pieux & garnies de terrasses, de clayonnages ou de pierres : on les éleve jusqu’à la hauteur la plus grande que les eaux puissent atteindre au tems des lavasses & ravines. On ne pêche de cette maniere qu’en hiver, depuis la S. Martin jusqu’au mois de Mars, & la pêche ne se fait que de nuit. De jour, on releve le rets traversant le bertaut. Ces pêcheries sont inutiles en été.

NASSANGI BACHI, s. m. (Hist. mod.) officier en Turquie, dont la charge est de sceller tous les actes expédiés par le teskeregi-bachi ou premier secrétaire du grand visir, & quelquefois les ordres du sultan.

Le nom de nassangi se donne à tous les officiers du sceau, & celui de nassangi bachi à leur chef. Il n’est pourtant pas proprement garde des sceaux de l’empire ottoman, puisque c’est le grand visir qui est chargé par le sultan même du sceau impérial, & qui le porte ordinairement dans son sein. Le nassangi-bachi a seulement la fonction de sceller sous les ordres du premier ministre ses dépêches, les délibérations du divan, & les ordonnances ou katcherifs du grand-seigneur.

Si cet officier n’est que bacha à deux queues, ou simplement effendi, c’est-à-dire homme de loi, il n’entre point au divan ; il applique seulement son sceau sur de la cire-vierge contenue dans une petite demi-pomme d’or creuse, si l’ordre ou la dépêche s’adresse à des souverains, & sur le papier pour les autres. Il se tient tous les jours de divan dans une petite chambre qui n’en est pas éloignée, où il cachete les dépêches & les sacs d’aspres & de sultanins qui doivent être portés au trésor. S’il est bacha à trois queues, il a entrée & séance au conseil parmi les visirs de banc.

Tous les ordres du grand-seigneur qui émanent de la chancellerie du grand-visir pour les provinces, de même que ceux qui sortent du bureau du defterdar, doivent être lus au nassangi-bachi par son secrétaire qu’on nomme nassangi kassedar-effendi. Il en tire une copie qu’il remet dans une cassette. Les ordres qui ne s’étendent pas au-delà des murs de Constantinople n’ont pas besoin pour avoir force de loi d’être scellés par cet officier, il suffit qu’ils soient signés du grand-visir.

Le nassangi-bachi doit toujours être auprès de la personne du prince, & ne peut en être éloigné que son emploi ne soit donné à un autre. Lorsque le grand-visir marche à quelque expédition sans le sul-

tan, le nassangi-bachi le fait accompagner par un

nassangi-effendi, qui est comme son substitut. Enfin aux ordres émanés immédiatement de sa hautesse, le nassangi-bachi applique lui-même le tura ou l’empreinte du nom du monarque, non pas au bas de la feuille, comme cela se pratique chez les autres nations, mais au haut de la page avant la premiere ligne, comme les Romains en usoient dans leurs lettres. Ce tura est ordinairement un chiffre en lettres arabes formé des lettres du nom du grand-seigneur. Guer. Mœurs des Turcs, tom. II. (G)

NASSELLE, voyez Merlus.

NASSIB, s. m. (Hist. mod.) nom que les Turcs donnent au destin qui se trouve, selon eux, dans un livre qui a été écrit au ciel, & qui contient la bonne ou mauvaise fortune de tous les hommes qu’ils ne peuvent éviter, quoi qu’ils fassent en quelque maniere que ce soit. De cette créance naît en eux la persuasion d’une prédestination absolue qui les porte à affronter les plus grands périls, parce qu’il n’en arrivera, disent-ils, que ce que porte le nassib ; il faut pourtant observer que cette opinion n’est pas si générale parmi eux qu’ils n’ayent des sectes qui reconnoissent l’existence & le pouvoir du libre arbitre, mais le grand nombre tient pour le destin. Ricaut, de l’emp. turc. (G)

NASTRANDE, s. m. (Mythol.) c’est ainsi que les anciens Celtes Scandinaves appelloient le second enfer, ou le séjour malheureux qui, après l’embrasement du monde & la consommation de toutes choses, étoit destiné à recevoir les lâches, les parjures & les meurtriers. Voici comme le nastrande ou rivage des morts est décrit dans l’Edda des Islandois. « Il y a un bâtiment vaste & infâme dont la porte est tournée vers le nord ; il n’est construit que de cadavres de serpens, dont toutes les têtes sont tournées vers l’intérieur de la maison, ils y vomissent tant de venin qu’ils forment un long fleuve empoisoné ; c’est dans ce fleuve que flottent les parjures & les meurtriers, & ceux qui cherchent à séduire les femmes d’autrui : d’autres sont déchirés par un loup dévorant ». Il faut distinguer l’enfer, appellé nastrande dont nous parlons, de celui que ces peuples appelloient nifléheim, qui étoit destiné à servir de séjour aux méchans jusqu’à la fin du monde seulement. Voyez Nifleheim, & voyez l’Edda des Islandois, publié par M. Mallet, p. 112.

NASTURCE, voyez Cresson.

Nasturce ou Cresson d’Inde, (Jardinage.) on l’appelle encore petite capucine ou capres capucines ; sa tige est longue & rampante : de ses feuilles rondes s’élevent des pédicules rougeâtres, qui soutiennent des fleurs très-odorantes à cinq feuilles jaunes, tachetées de rouge. Leur calice d’une seule piece découpée en cinq parties a une longue queue faite en capuchon, & devient, lorsque la fleur est passée, un fruit à trois capsules qui renferment sa graine.

Cette plante se cultive à l’ordinaire dans les jardins, & l’on mange en salade sa fleur confite dans du vinaigre.

NATA, (Géogr.) ville de l’Amérique méridionale dans le gouvernement de Panama. Elle est située sur la baie de Parita à 30 lieues de Panama vers l’ouest, dans un terrein fertile, plat & agréable. Long. 299. 10. lat. 8. 20.

NATAGAI, s. m. (Mythol.) idole que les Tartares adorent comme le dieu de la terre & de tous les animaux. Il n’y a point de maison où l’on n’en garde avec respect une image accompagnée des figures de sa femme & de ses enfans, comme les anciens païens conservoient leurs lares & leurs pénates ; & au lieu que ceux-ci leur faisoient des libations & des sacrifi-