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rodgerah, ou de serpent royal, parce qu’il n’est point nuisible ; il combat à toute outrance le serpent nommé polonga, qui est très-venimeux & nuisible aux bestiaux.

NOYALLE, s. f. (Manuf. de toiles.) c’est ainsi que l’on appelle certaines especes de toiles de chanvre écrues, très-fortes & très-serrées, qui se fabriquent en divers lieux de Bretagne, dont l’usage est pour faire des voiles de vaisseaux & de bâtimens de mer.

Les noyalles se distinguent en noyalles extraordinaires à six fils de brin, en noyalles extraordinaires à quatre fils de brin, en noyalles ordinaires à quatre fils, en noyalles courtes, en noyalles simples, & en noyalles rondelettes.

NOYAU, OSSICULE, ossiculum, c’est la partie dure des fruits qui contient un corps mou & bon à manger, auquel on a donné le nom d’amande ; comme dans l’amandier, l’abricotier, le pêcher, &c. Tournefort, Inst. rei herb.

Noyau, s. m. (Astron.) nom que quelques astronomes donnent au milieu des taches du soleil & des têtes des cometes, qui paroît plus clair que les autres parties de ces astres. Hevelius dans sa cometographie, liv. VII. remarque à l’égard des noyaux des taches du soleil, qu’ils croissent & décroissent ; qu’ils occupent presque toujours le milieu des taches, & que ces taches étant prêtes à disparoître, ces noyaux crevent par éclats. Cet astronome a encore observé que dans une tache il y a souvent plusieurs noyaux qui se concentrent quelquefois en un seul. Les noyaux, dans la tête d’un comete, diminuent de même, & se dissipent par éclat ; ils se changent à la fin en une matiere semblable au reste. (D. J.)

Noyau, (Hist. nat. Minéral.) nucleus, ou metrolitus ; c’est ainsi que les Naturalistes nomment la substance, qui après avoir été moulée dans l’intérieur d’une coquille dont elle a pris la forme, s’est enfin durcie, & a pris la consistence d’une pierre. Ces noyaux sont de différente nature, suivant les différens sucs lapidifiques, & les différentes terres qui sont venues remplir la capacité de ces coquilles. Il y en a de calcaires, de silicées, de grais, &c. Ces noyaux ont aussi pris différentes formes, suivant les coquilles dans lesquelles ils se sont moulés.

L’on nomme aussi noyaux les pierres, soit mobiles, soit adhérentes, qui se trouvent dans les cavités des étites ou pierres d’aigle.

Enfin on appelle noyau, la partie la plus dure qui se trouve au centre de certains cailloux. (—)

Noyau, en terme d’Artillerie, est une espece de barre de fer longue & cylindrique, qui après avoir été revêtue d’un fil d’archal tourné en spiral, & recouvert d’une pâte de cendre que l’on fait bien secher, se place au milieu du moule d’une piece de canon pour en former l’ame. Quand le métal a été coulé dans le moule, & que la piece est fondue, on retire le noyau, & l’on alleze ensuite la piece pour égaliser l’intérieur du canon, & lui donner par-tout la même épaisseur & le même calibre.

On couvre le noyau d’une pâte de cendre, afin d’empêcher que le métal ne s’y attache, & qu’on puisse le retirer aisément du milieu de la piece lorsqu’elle est fondue.

Pour que le noyau soit placé exactement au milieu du moule, & que sa position ne puisse pas changer, on le soutient du côté de la culasse par des barreaux d’acier passés en croix, c’est ce qu’on appelle le chapelet, & du côté de la bouche de la piece, par une meule faite de plâtre & de tuiles, dans laquelle est passé le bout du noyau.

Lorsque les pieces sont coulées massives elles n’ont point de noyau. On les fore après qu’elles

sont fondues. Cette derniere méthode est plus avantageuse que l’ancienne, pour éviter les soufflures & les chambres. Voyez Canon.

On appelle encore noyau dans l’Artillerie, un globe ou une boule de terre sur laquelle se moule la chape des bombes, des grenades & des boulets creux. Entre cette chape & ce noyau se coule le métal ; & quand il est coulé on casse le noyau, & l’on en fait sortir la terre. Aux boulets on ne fait des noyaux que pour faire les coquilles qui sont ou de fer, ou de sable. Ces noyaux sont de la grosseur qu’on veut donner aux boulets. Voyez Bombe, Grenade, Boulet, &c. (Q)

Noyau est aussi, dans l’Artillerie, une espece de moule qu’on fait pour les bombes, grenades & boulets creux.

La grosseur du noyau répond au vuide qu’on veut donner à la bombe ou à la grenade. C’est une boule de terre égale au vuide. On y ajoute dessus une couche d’une autre terre plus douce, de l’épaisseur qu’on veut donner au métal de la bombe ou de la grenade. Dessus cette terre on fait la chape d’une autre terre encore plus forte, après quoi on ôte celle qui occupe l’espace que le métal doit remplir, & l’on rejoint la chape sur le noyau ; on coule ensuite la bombe ou la grenade. Voyez Bombe. (Q)

Noyau, s. m. (Archit.) c’est la maçonnerie qui sert de grossiere ébauche pour former une figure de plâtre ou de stuc. On la nomme aussi ame. Selon M. Félibien, les anciens faisoient les noyaux des figures avec de la terre à potier, composée de bourre & de fiente de cheval, bien battues ensemble. Cela se pratique encore aujourd’hui, principalement pour les figures de bronze, parce que la terre résiste mieux à la force & à la violence de ce métal fondu, que toute autre matiere. Mais pour les figures moyennes, & pour celles qu’on a à jetter en or ou en argent, on se sert de plâtre bien battu, avec lequel on mêle de la brique pilée & bien sassée qu’on employe ainsi. On prend les premieres assises du moule remplies des épaisseurs de cire qu’on assemble de bas en haut sur une grille de fer plus large de trois ou quatre pouces que la base de la figure. Cet assemblage se fait autour de la barre qui doit soutenir le noyau. On serre ensuite fortement ces épaisseurs de cire avec des cordes, de peur que les pieces ne se détachent, & on verse du plâtre détrempé bien clair & mêlé avec de la brique battue & sassée, sitôt qu’on a disposé la premiere assise du creux. Cette premiere assise étant remplie, on éleve la seconde que l’on remplit de même ; c’est ainsi qu’on continue d’assise en assise à élever toutes les pieces du moule, & à former le noyau. Quand le creux est rempli, on défait toutes les parties du moule, en commençant par le haut, & alors on voit la figure de cire toute entiere qui couvre le noyau qui est dedans. Voyez les principes d’Architect. de Félibien, &c. liv. II. ch. v.

Noyau est aussi le nom de toute saillie brute, & particulierement de celle de brique, dont les moulures lisses doivent être trainées au calibre, & les ornemens postiches scellés. Les Italiens appellent ossatura l’un & l’autre des noyaux qui ont fait le sujet de cet article.

Noyau de bois. Piece de bois, qui, posée à plomb, reçoit dans des mortoises le tenon des marches d’un escalier de bois, & dans laquelle sont assemblés les limons & appuis des escaliers à deux ou à quatre noyaux. Voyez ci-après noyaux d’escalier.

On appelle noyau de fond celui qui porte depuis le rez-de-chaussée jusqu’au dernier étage ; noyau suspendu, celui qui est coupé au-dessous des paliers & rampes de chaque étage ; & noyau à corde, ce-