Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme avec fureur. La France étoit expirante sous le regne de Charles le Simple, roi de nom, & dont la monarchie étoit encore plus démembrée par les ducs, par les comtes & par les barons ses sujets, que par les Normands. Charles le Simple offrit en 912 à Rollon sa fille & des provinces.

Rollon demanda d’abord la Normandie : & on fut trop heureux de la lui céder. Il demanda ensuite la Bretagne : on disputa ; mais il fallut la ceder encore, avec des clauses que le plus fort explique toujours à son avantage. Ainsi la Bretagne, qui étoit tout-à-l’heure un royaume, devint un fief de Neustrie ; & la Neustrie, qu’on s’accoutuma bien-tôt à nommer Normandie, du nom de ses usurpateurs, fut un état séparé, dont les ducs rendoient un vain hommage à la couronne de France.

L’archevêque de Rouen n’eut pas de peine à persuader à Rollon de se faire chrétien : ce prince embrassa volontiers une religion qui affermissoit sa puissance.

Les véritables conquérans sont ceux qui savent faire des lois. Leur puissance est stable ; les autres sont des torrens qui passent. Rollon paisible, fut le seul législateur de son tems dans le continent chrétien. On sait avec quelle inflexibilité il rendit la justice. Il abolit le vol chez les Danois, qui n’avoient jusqu’alors vécu que de rapine. Long-tems après lui, son nom prononcé étoit un ordre aux officiers de justice d’accourir pour réprimer la violence : & delà, dit on, est venu cet usage de la clameur de haro si connue en Normandie. Le sang des Danois & des Francs mêlé ensemble, produisit ensuite dans ce pays ces héros qu’on vit conquérir l’Angleterre, Naples & Sicile.

Le lecteur curieux trouvera dans le recueil de l’académie des belles-Lettres, tome XV. & XVII. in-4°. de plus grands détails sur les incursions des Normands en France, & ce qui est plus important, sur les causes de la facilité qu’ils rencontrerent à la ravager. (D. J.)

NORRKA, (Hist. nat. Minéralogie.) c’est le nom que les Suédois donnent à une pierre composée de mica, de quartz & de grenat, c’est-à-dire de schoerl. Cette pierre est d’un gris plus ou moins foncé, & les grains de grenats ou de schoerl qui entrent dans sa composition, sont plus ou moins sensibles à la vue ; on en fait de meules pour les moulins. Il paroît que cette pierre est une variété de celles à qui en françois on donne le nom générique de granite. Voyez l’essai d’une nouvelle Minéralogie publiée en suédois en 1730. (—)

NORTGAW ou NORTGOW, (Géog.) contrée d’Allemagne, aujourd’hui nommée communément le haut-palatinat du Rhin, ou le palatinat de Baviere, en allemand Oberfaltz. Le nom de Nortgaw ou Nortgow n’est plus d’usage.

NORTHAMPTON, (Géogr.) ville d’Angleterre, capitale du Northamptonshire, avec titre de comté. Elle fut brûlée en 1695, mais on la rebâtit plus belle qu’auparavant. Elle est presqu’au centre de l’Angleterre, sur le Neu, à 45 milles N. O. de Londres. Long. 16. 40. lat. 52. 12.

Parker (Samuel) naquit dans cette ville en 1640, fut nommé évêque d’Oxford par le roi Jacques II, & mourut en 1686. C’étoit un rigide anglican qui portoit extrèmement haut l’autorité du souverain. Ses ouvrages en général sont pleins d’imagination & de plaisanteries peu convenables dans des matieres sérieuses. Dans un de ses discours sur la croyance des Apôtres, que le regne de Jesus-Christ seroit temporel, il s’exprime en ces termes : « S. Jean étoit trop en faveur pour ne pas se flatter de devenir au moins premier secrétaire d’état. Les femmes comptoient aussi de n’avoir pas peu de part au gouver-

nement, comme il paroît par la femme du vieux

Zébédée. Les uns se proposoient de rester à la cour, & les autres visoient aux intendances de province. Celui-ci comptoit d’avoir la Judée, & celui-là la Galilée, après qu’Hérode & Pilate seroient dépouillés de leur charge ; & le modeste de la troupe bornoit apparemment son ambition à devenir lord-maire de Capernaüm ».

Woolston (Thomas) né à Northampton en 1669, employa malheureusement son savoir & son esprit à attaquer les principes de la foi. Il est fameux par ses six discours sur les miracles de Jesus-Christ, qu’il s’est efforcé de détruire, en les faisant envisager comme de pures allégories. La cour du banc du roi le condamna en 1729, à l’amende de 25 livres sterling pour chaque discours, un an de prison, & à donner caution de sa bonne conduite à l’avenir : mais n’ayant point satisfait à cette Sentence, & ayant au contraire mis au jour une défense de ses discours, étant en prison, il y mourut en 1733, à 63 ans, du rhume épidémique qui courut cette année dans presque toute l’Europe.

Les savans qui ont le mieux réfuté les ouvrages de Woolston, sont M. Gilson, évêque de Londres ; M. Swalbrook, évêque de Lichfield & de Covantry ; M. Sherlock, évêque de Bangoo, & le docteur Wade. (D. J.)

NORTHAMPTONSHIRE, (Géogr.) province maritime d’Angleterre, dans le diocese de Peterboroug. Elle a 120 milles de tour, & contient environ 550 mille arpens. C’est une des meilleures provinces d’Angleterre, des plus peuplées & des plus fertiles. Elle abonde en blé & en bétail. Ses principales rivieres sont l’Ouse, le Wéland & le Neu, qui ont toutes trois leur source dans ce comté. Northampton en est la capitale.

Entre les illustres savans qu’a produits cette province, je ne dois pas oublier de nommer Mrs. Freind, Wilkins & Whitby.

Freind (Jean) naquit en 1675, & fut tout ensemble habile médecin, écrivain poli, & homme d’état. Tous ses ouvrages ont été rassemblés à Londres en 1733, in-folio. Il mourut dans cette capitale en 1728, premier médecin de la reine d’Angleterre, à l’âge de 53 ans, pour avoir pris une triple dose d’hiera picra Galeni, impatient de la durée d’une fievre simple qu’il voulut trop tôt guérir, n’ayant pas le tems d’être malade.

Withby (Daniel) naquit vers l’an 1638, & fut un fameux théologien de l’église anglicane. Ses deux principaux ouvrages sont des Commentaires sur le nouveau Testament, en 2 vol. in-fol. & son Examen des Variantes du docteur Mill. Il mourut en 1726, à 88 ans.

Wilkins (Jean) évêque de Chester, naquit en 1614. Il épousa la sœur de Cromwel en 1656, & laissa de son mariage une fille qui devint la femme de Tillotson archevêque de Cantorbery, & l’un des plus dignes prelats du monde. M. Wilkins est illustre par ses vertus, par ses talens pour la prédication, par ses lumieres en Théologie, & dans plusieurs parties des Mathématiques. C’est chez lui que se tinrent les premieres assemblées de la société royale. Ses sermons ; son traité de la providence & de la priere ; ses deux livres sur les devoirs & sur les principes de la religion naturelle, &c. se réimpriment toujours. Ses œuvres philosophiques ont été recueillies en 1708 in 4°. & on y a mis à la tête la vie de l’auteur. Il mourut de la pierre en 1672. (D. J.)

NORTHEIM, (Géog.) ville d’Allemagne, au duché de Brunswick-Lunebourg. Elle a reçu son nom des comtes de Northeim, du domaine desquels elle a autrefois fait partie. La religion protestante s’éta-