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orientales. Il est mal nommé noix vomique, car il n’excite point le vomissement ; mais il tue les hommes, les quadrupedes & les oiseaux, après leur avoir causé de terribles angoisses.

On nous envoie le plus communément sous le nom de noix vomique une amande orbiculaire, applatie, large d’environ un pouce, épaisse de deux ou trois lignes, d’une substance dure comme la corne, de couleur grise, un peu lanugineuse en dehors ; ayant une espece de nombril qui occupe le centre, mais plus applati d’un côté que de l’autre.

Les Grecs n’ont point connu notre noix vomique, & il n’est pas certain que ce soit la noix métel des Arabes. Ceux des modernes qui ont pris la noix vomique orientale pour une racine, ou pour un champignon, se sont également trompés : c’est l’amande ou le fruit d’un certain arbre, qui s’appelle nux vomica major, ou caniram. H. Malab. tom. I. Malus Malabarica, fructu corticoso, amaricante, semine plano, compresso. D. Syen, Raii hist. 1661. Solanum arborescens indicum, maximum, foliis œnopliæ, sive nanenæ majoribus, fructu rotundo, duro, rubro, semine orbiculari, compresso, maximo, &c.

Cet arbre est également grand & gros, fort branchu, couvert d’une écorce cendrée, noirâtre ou rougeâtre & amere. Ses feuilles naissent opposées sur les nœuds des branches ; elles sont ovales, très-larges dans leur milieu, terminées en pointe mousse, verdoyantes, d’une saveur amere, ayant trois nervures un peu saillantes en-dessus & en-dessous. Ses fleurs naissent par bouquets sur les rameaux aux aisselles des feuilles : elles sont composées d’un pétale d’une seule piece en forme d’entonnoir, divisé profondément en cinq parties ; les étamines sont au nombre de cinq, garnies de longs sommets & d’un seul pistil plus long que le pétale.

Les fleurs étant passées, leurs embryons deviennent des fruits ronds, lisses, verds d’abord, ensuite d’une couleur jaune dorée, contenant dans leur maturité une substance blanche & mucilagineuse, sous une écorce un peu épaisse, cassante, & d’une saveur fort amere. Ils n’ont qu’une loge ; chaque fruit contient quinze semences arrondies & applaties ; l’écorce extérieure de ces fruits est avant leur maturité de couleur argentine, tirant sur le brun ; lorsqu’ils sont murs, cette écorce est velue, verdâtre, mince, & fort amere. Cet arbre croît dans le Malabar, & sur la côte de Coromandel.

Les noix vomiques font mourir par une vertu spécifique & vénéneuse tous les quadrupedes, les corbeaux, les corneilles, les cailles, & la plûpart des oiseaux. Presque tous les médecins reconnoissent qu’il n’en faudroit pas deux drachmes pour tuer un homme des plus robustes. Il est certain qu’une très-petite quantité suffit pour bouleverser l’estomac & exciter des mouvemens convulsifs. Le poison de cette noix paroît attaquer principalement les nerfs : car c’est de là que vient l’anxiété, la roideur, le frisson, le tremblement, les convulsions & la respiration déréglée. Voyez à ce sujet les observations de Gesner, de Bauhin, & sur-tout d’Antoine de Heyde.

On connoît une autre espece de noix vomique entierement semblable à la précédente, dont l’arbre s’appelle modira caniram, H. Malab. t. VIII. Solanum arborescens indicum, foliis napecæ majoribus, magis mucronatis ; fructu rotundo, duro, spadiceo, nigrescente ; semine orbiculari, compresso, maximo, Breyn 2. prodr.

Quoique l’on prétende que cette seconde noix vomique & le bois de couleuvre se tirent du même arbre ; Herman assûre au contraire que cette noix vient d’un autre arbre, mais c’est un point qui nous importe fort peu.

Il y a une troisieme espece de noix vomique, plus

petite que les précédentes, & que l’on trouve très-rarement dans les boutiques. A peine égale-t-elle la troisieme partie de la noix vomique ordinaire : au reste, elle lui ressemble par la figure, la couleur, le goût & la consistence ; le bois de l’arbre qui produit cette espece de noix vomique s’appelle bois de couleuvre ; mais c’est plutôt une racine ligneuse qui renferme sous une écorce de couleur de fer, & marquée de taches grises, une substance solide, pesante, d’un goût âcre & amer, sans aucune odeur. On nous l’apporte des îles de Solor & de Timor. On distingue ce bois de celui des arbres dont nous venons de parler, en ce qu’il est plus dur & plus dense. L’arbre qui fournit la petite noix vomique s’appelle nux vomica minor, moluccana ; il ne differe de l’arbre caniram que par la moindre grandeur de ses feuilles, de ses fruits & de ses graines. (D. J.)

Noix, s. f. (Géom. prat.) partie d’un instrument de Géométrie pratique, tel qu’un graphometre, un niveau, &c. C’est une boule de métal ou de bois qui a un col long, sur lequel on fixe l’instrument. Cette boule est enchassée dans une boîte où elle est mobile en tout sens, pour pouvoir mettre l’instrument dans une situation verticale, parallele à l’horison, oblique, de façon qu’on puisse l’arrêter dans toutes ces situations, & la fixer sans qu’elle puisse branler ; ce qui se fait par le moyen d’une vis qui serre la boîte dans laquelle la noix est renfermée. (D. J.)

Noix, (Marine.) où passe la manuelle du gouvernail. Voyez Moulinet.

Noix, terme d’Arquebusier ; c’est un petit morceau de fer plat sur ses deux faces, de la largeur de dix à douze lignes, & épais de six, qui est arrondi par-derriere, & garni de deux crans, dont l’un sert pour le repos, & l’autre pour la tente, & s’engrenent dans la machoire de la gachette, qui est immédiatement posée derriere cette noix. Le devant est creusé en-dedans en forme de machoire, & est pour recevoir la machoire du grand ressort à sens contraire. Les deux faces plates sont traversées d’un pivot qui est rond & menu, & qui se passe dans le trou qui est au milieu de la bride. L’autre bout du pivot est plus gros & est rond, de l’épaisseur de deux à trois lignes, & le reste est quarré. Ce pivot entre dans un trou qui est rond, du calibre du pivot, & qui est pratiqué au corps de platine, de façon que l’épaisseur du pivot rond se place dans ce trou, & soutient la noix qui tourne en bascule, selon le besoin ; le reste, qui est quarré, sort en-dehors, & sert pour placer le chien. Ce pivot est percé d’un trou en écrou, dans lequel on place le clou de chien, & qui l’assujettit de façon qu’il ne peut pas sortir.

Noix, (Bas au mét.) Voyez l’aticle Bas au métier.

Noix, terme de Potier de terre ; les Potiers de terre appellent la noix de la roue sur laquelle ils tournent les ouvrages de poterie, l’arbre ou pivot qui lui sert comme d’essieu ; & cela, parce que la tête de cet arbre est presque ronde, & en forme de noix, à la réserve qu’elle est applatie par en haut, pour y placer le morceau de terre glaise qu’on veut travailler. (D. J.)

Noix, (Soirie.) petite poulie cavée, arrêtée fixe sur le bout des broches des rouets.

NOLE, (Géog.) ville ancienne d’Italie au royaume de Naples, dans la terre de Labour, avec un évêché suffragant de Naples, dont elle est à 5 lieues N. E. Long. 32. 6. lat. 40. 52.

Les Historiens & les Géographes en parlent comme d’une place forte, qui avoit été fondée par les Chalcidiens. Strabon & Tite-Live la mettent dans le Samnium. Frontin l’appelle Colonea Augusta. Elle conserve encore son ancien nom, qui étoit Nola ; mais elle a perdu sa splendeur. On peut en juger en