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ne differe que par son fruit, qui est plus gros & de meilleur goût : ainsi pour la description & les faits généraux, voyez Coudrier.

Il y a plusieurs especes de noisettiers :

1°. Le noisettier franc ; les noisettes qu’il produit sont longues & plus grosses que les noisettes des bois.

2°. Le noisettier franc à fruit rouge & oblong.

3°. Le noisettier franc à fruit rouge & oblong, recouvert d’une pellicule blanche.

Ces trois especes de noisettes sont celles qui réussissent le mieux dans le climat septentrional du royaume.

4°. Le noisetier à gros fruit rond, c’est l’aveline, qui ne mûrit bien que dans les pays chauds.

5°. Le noisettier à grapes, c’est une variété qui n’a d’autre mérite que la singularité d’avoir un pédicule plus long qui, au lieu de réunir les noisettes en un seul point, comme on les voit ordinairement, les rassemble en maniere de grape alongée.

6°. Le noisettier d’Espagne, c’est une espece d’aveline fort grosse & anguleuse, mais qui n’est pas d’un goût si délicat que nos noisettes franches.

7°. Et le noisettier du Levant ; cet arbrisseau ne devient pas à beaucoup près si haut que les autres noisettiers ; à peine s’éleve-t-il à cinq ou six piés : sa feuille est moins large, plus alongée, & extrèmement ridée, & sa noisette est la plus grosse de toutes ; mais ce n’est pas la meilleure. Ce noisettier est très-rare.

On pourroit multiplier les différentes sortes de noisettiers en semant leurs noisettes, qui produisent ordinairement la même espece ; mais cette méthode est trop longue : les jeunes plants ne donnent du fruit qu’au bout de sept ans. On pourroit aussi les faire venir de boutures & de branches couchées : autre pratique minutieuse, dont on doit d’autant moins se servir, qu’il y a un moyen plus simple, plus court & plus aisé. Tous les noisettiers poussent du pié quantité de rejettons qui sont nuisibles & fort à charge ; parce qu’on doit les supprimer tous les ans, sans quoi ils feroient dépérir les maîtresses tiges, & attenueroient le fruit. On se sert de ces rejettons pour multiplier l’espece, & on les détache avec le plus de racines qu’il est possible. Ils reprennent aisément à la transplantation, & donnent du fruit au bout de trois ou quatre ans. Tous les noisettiers sont très-robustes ; ils s’accommodent de toutes les expositions ; ils viennent dans tous les terreins : cependant ils se plaisent mieux dans les terres maigres, sablonneuses & humides, à l’exposition du nord, dans des lieux frais & à l’ombre. Mais il ne faut pas qu’ils soient dominés, ou trop serrés par d’autres arbres. Enfin on met ces arbres dans les places inutiles & dans les coins perdus des jardins fruitiers & des vergers. L’automne est le meilleur tems pour la transplantation des noisettiers, parce qu’ils entrent en seve dès la fin du mois de Janvier. Cependant on peut encore les transplanter de bonne heure au printems. Ces arbres ne sont pas susceptibles d’une forme réguliere ; il n’est même guere possible de les réduire à une seule tige ; & quand on en viendroit à bout à force de retrancher les rejettons qu’ils poussent du pié, l’arbre dépériroit bientôt par la quantité de fruit qu’il porte : on est donc obligé de laisser sur chaque pié trois ou quatre principales tiges, qu’on renouvelle dans leur dépérissement, par de jeunes rejettons qu’on laisse monter. Pour la qualité & les propriétés du fruit, voyez Noisette.

NOISETTE, (Diete.) voyez Aveline.

NOIX, s. f. sorte de fruit qui a une écale fort dure, dans laquelle est enfermée une amande plus tendre, & mangeable. Voyez Gland, Amande, &c.

Il y a diverses sortes de noix ; savoir, des noisettes, des avelines, des chataignes, des noix de noyer, &c. Voyez Avelines, &c.

Noix, (Diete & Matiere méd.) voyez Noyer.

Noix d’acajou, (Botan. exot.) fruit, ou plutôt noyau taillé en rein, de la grosseur d’un œuf, couvert d’une écorce grise ou brune, épaisse d’environ une ligne, composée de deux membranes & d’une substance entre deux, qui est comme un diploé fongueux, contenant dans ses cellules un suc mielleux, roussâtre, âcre, mordicant, brûlant. L’amande qui est sous l’écorce est blanche, douce, & revêtue d’une petite peau jaune, qu’il faut ôter.

L’arbre qui porte la noix acajou vient en Amérique, au Brésil & aux Indes orientales. Il s’éleve plus ou moins haut, selon la différence du climat & du terroir ; car dans le Brésil, il égale la hauteur des hêtres, & est beaucoup moins grand dans le Malabar & dans les îles d’Amérique. Le pere Plumier en donne la description suivante.

C’est un arbre qui est presque de la grandeur de notre pommier, fort branchu, garni de beaucoup de feuilles, couvert d’une écorce ridée & cendrée. Ses feuilles sont arrondies, longues d’environ cinq pouces, larges de trois, attachées à une queue courte, lisses, fermes comme du parchemin ; d’un verd gai en-dessus & en-dessous, ayant une côte & des nervures paralleles.

Au sommet des rameaux naissent plusieurs pédicules chargés de petites fleurs disposées en maniere de parasol, dont le calice est découpé en cinq quartiers droits, pointus, en partie rougeâtres, & en partie verdâtres, rabatus en-dehors, & plus longs que le calice ; il porte dix étamines déliées, de la longueur des pétales, garnies de petits sommets ; elles entourent le pistil dont l’embryon est arrondi : le stile est grêle, recourbé, de la longueur des pétales, & le stigmate qui le termine est pointu.

Le fruit est charnu, pyriforme, de la grosseur d’un œuf, couvert d’une écorce mince, lisse, luisante, tantôt pourpre, tantôt jaune, & tantôt colorée de l’une & l’autre couleur. Sa substance intérieure est blanche, pleine d’un suc doux, mais un peu acerbe. Ce fruit tient à un pédicule long d’un pouce, & porte à son sommet un noyau en forme d’un rein, long d’environ un pouce & demi, lisse en dehors & d’un verd obscur & cendré. L’écorce de ce noyau est épaisse, & comme à deux lames, entre lesquelles est un diploé contenant un suc ou une huile très-caustique, d’un jaune foncé. L’amande que renferme ce noyau est blanche, couverte d’une peau mince & blanchâtre. Elle a un goût qui approche beaucoup de celui de la pistache. Ce fruit a une odeur forte ; & il est tellement acerbe, que s’il n’étoit adouci par l’abondance du suc qui en sort quand on le mâche, à peine pourroit-on le manger.

L’arbre acajou répand par occasion, ou même naturellement, beaucoup de gomme roussâtre, transparente, solide, qui se fond dans l’eau comme la gomme arabique. On exprime des fruits un suc qui, par la fermentation, devient vineux, & capable d’enivrer. On en fait du vinaigre, & on en tire un esprit ardent fort vif. Les Indiens aiment beaucoup les amandes, & expriment des écorces une huile qu’ils emploient pour teindre le linge d’une couleur noirâtre presque ineffaçable. (D. J.)

Noix d’areque, l’areque est une espece de palmier qui croît dans les Indes orientales, & qui s’éleve beaucoup. Cet arbre porte des fruits ovales & gros comme des noix. L’écorce de ces fruits devient jaune & molle en mûrissant, & couvre un noyau de la grosseur d’une aveline, gris au-dehors & marbré blanc & de rouge au-dedans comme une muscade. Ce noyau n’est pas régulierement ovale, il est applati & un peu concave à l’endroit qui répond au pédicule du fruit. Ce fruit, lorsqu’il n’est pas encore mûr, enivre ceux qui en mangent ; il devient astrin-