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de terme, de notre connoissance, pour signifier le grenat. (D. J.)

NOGA. (Diete.) Les qualités diététiques de cette espece de friandise doivent être estimées par celles des amandes & du miel, (Voyez Amandes & Miel.) Ce dernier ingrédient a reçu pourtant une altération dans la cuite qu’exige la préparation du noga. Il est devenu plus visqueux ; il a acquis de l’âcreté. Aussi cet aliment empâte la bouche, rend la salive gluante, & excite une soif incommode. Il est d’ailleurs sujet à causer des aigreurs, des vents, & des dévoyemens. En tout, c’est une mauvaise drogue que le noga. (b)

NOGARO, (Géog.) petite ville de France en Gascogne, capitale du bas Armagnac, sur la Midouze, à quatre lieues d’Aire. Il s’y est tenu deux conciles, l’un en 1290, & l’autre en 1315. Long. 17. 50. lat. 43. 40.

NOGENT, (Géog.) grand bourg de l’Isle de France, à deux lieues de Paris, sur le bord de la Seine. Ce lieu est fort ancien, & son nom latin étoit Novigentum ou Novientum. C’étoit déja une bourgade au commencement du vj. siecle sous les enfans de Clovis. Ce fut là où Clodoald vulgairement appellé Saint Cloud, fils de Clodomir, se retira dans un monastere qu’il y fit construire, & dans lequel il mourut vers l’an 560. La dévotion que le peuple lui portoit, a fait changer le nom de Nogent en celui de Saint-Cloud. Voyez Saint-Cloud. (D. J.)

Nogent-le-Roi, (Géog.) en latin moderne Novigentum-regis ; petite ville de France, dans l’Orléanois, à 5 lieues de Chartres, & à 4 de Dreux. Elle est située dans un vallon où l’Eure commence à porter bateau. Longit. 18. 55. latit. 48. 30.

C’est ici que Philippe de Valois décéda le 23 Août 1350 ; quoiqu’il n’eût que 57 ans, dit Brantome, il mourut vieux & cassé. Il avoit épousé en secondes nôces, Blanche d’Evreux qui étoit dans la fleur de la jeunesse, & la plus belle princesse de son tems ; il l’aima beaucoup ; & elle avança sa carriere en répondant trop à sa passion.

Ce prince eut par engagement du roi de Majorque, les comtés de Roussillon & de Cerdeigne dans les Pyrénées ; il acquit de lui la baronnie de Montpellier en Languedoc ; enfin il paya beaucoup d’argent pour le Dauphiné. Tout cela est assez surprenant dans un regne si malheureux ; mais l’impôt du sel, le haussement des tailles, les infidélités sur les monnoies lui donnerent les moyens de faire ces acquisitions. L’état fut augmenté, mais il fut appauvri ; & si Philippe VI. eut d’abord le surnom de fortuné, son peuple ne put jamais prétendre à ce beau titre ; & lui-même en déchut bien depuis la bataille de Crecy. (D. J.)

Nogent-le-Rotrou, (Géog.) gros bourg de France, dans le Perche, dont il prétend être le chef-lieu, sur l’Huisne, au diocèse de Séez, élection de Mortagne. Ce lieu a pris son nom de Rotrou, comte de Perche ; & c’est pourquoi on l’appelle en latin Novigentum-Rotrodi ou Rotroci. Il est à 12 lieues S. E. d’Alençon, 12 N. E. du Mans, 28 S. O. de Paris. Long. 18. 22. lat. 48. 20.

C’est la patrie de Belleau (Remy), ancien poëte françois qui mourut à Paris en 1577. Il a fait une traduction des odes d’Anacréon, en vers françois, où il regne quelquefois de la naïveté & des graces naturelles ; mais ses pastorales ne pouvoient plaire qu’à Ronsard. (D. J.)

Nogent-sur-Seine, (Géog.) petite ville de France, en Champagne, sur la Seine, à 9 lieues de Montereau, 12 de Troyes & à 22 de Paris.

Il y a bailliage, maréchaussée, & grenier à sel. Long. 21. 3. lat. 48. 25.

NOGUET, s. m. terme de Vannier, espece de grand panier d’osier, très-plat, plus long que large, dont les angles sont arrondis, & les bords n’ont qu’environ deux pouces de hauteur ; il a une anse de châtaignier qui le traverse dans sa largeur, & qui sert à le tenir. Les femmes le portent sur la tête, & le posent sur une toile roulée & pliée en rond qu’elles nomment un tortillon ; les hommes qui s’en servent, le tiennent à la main.

L’usage du noguet est pour y arranger de petits paniers de fruits, comme de pêches, d’abricots, de figues & de prunes que les fruitiers & fruitieres crient dans les rues, ou pour y mettre en été les pots de crême & les petits fromages dressés dans des éclisses, que vendent les laitieres.

Le noguet de ces dernieres est garni de fer blanc, de crainte que le petit-lait qui se filtre à travers des éclisses ne puisse gâter les femmes qui portent ce panier sur leur tête. Dictionn. de Comm. (D. J)

NOHESTAN. s. m. (Hist. ecclés.) C’est le nom qu’on donna, du tems d’Ezéchias roi de Juda, au serpent d’airain que Moise avoit élevé dans le desert, ainsi qu’il est rapporté dans les Nombres, c. xxj. v. 8. & qui s’étoit conservé jusqu’à ce tems parmi les Israëlites.

Le peuple superstitieux s’étant laissé aller à rendre un culte particulier à ce serpent, Ezéchias le fit briser, & lui donna par dérision le nom de nohestan : comme qui diroit, ce petit je ne sai quoi d’airain, ou ce petit serpent d’airain ; car en hébreu nabas ou nabasch signifie un serpent & de l’airain.

On montre cependant encore aujourd’hui dans l’église de Saint Ambroise à Milan un serpent d’airain, que l’on prétend être celui que Moïse éleva dans le desert ; mais on sait certainement par l’Ecriture sainte, IV. Reg. xxxviij. 4. qu’Ezéchias fit mettre celui-ci en pieces de son tems, c’est-à-dire, vers l’an du monde 3278, & 722 ans avant J. C. Calmet, Diction. de la Bibl.

NOIR. (Arts méchan.) Le noir est la couleur la plus obscure de toutes, & la plus opposée au blanc.

Il y a plusieurs sortes de noirs qui entrent dans le commerce, qui seront expliquées ci-après : savoir, le noir de Teinturiers, le noir d’Allemagne, le noir d’ivoire, ou noir de velours, noir d’os, le noir de cerf, le noir d’Espagne, le noir de fumée ou noir à noircir, le noir de terre, & le noir des Corroyeurs.

Noir d’Allemagne, (Teinture.) Ce mot noir se fait avec de la lie de vin brûlée, lavée ensuite dans de l’eau, puis broyée dans des moulins faits exprès avec de l’ivoire, des os ou des noyaux de pêche aussi brûlés. C’est de ce noir dont les Imprimeurs en taille-douce se servent. Ce noir vient ordinairement de Francfort, de Mayence & de Strasbourg, ou en pierre ou en poudre ; il s’en fait néanmoins en France, qui n’est au-dessous de celui d’Allemagne que par la différence qui se trouve entre les lies de vin dont ils se font ; celui de Paris est même plus estimé que celui d’Allemagne ; & les Imprimeurs de taille-douce le trouvent plus doux.

Le noir d’Allemagne doit se choisir humide, sans néanmoins avoir été mouillé, d’un beau noir, luisant, doux, friable ou facile à mettre en poudre, léger, & avec le moins de grains luisans que faire se peut, & s’il est possible, qu’il ait été fait avec l’ivoire, étant meilleure pour faire le beau noir que les os & les noyaux de pêches.

Noir de cerf ; c’est ce qui reste dans la cornue, après que l’on a tiré de la corne de cerf, l’esprit, le sel volatil, & l’huile. Ce résidu se broye