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que dans le tronc ni dans les branches, mais aussi il est plus sujet à s’éclater. On taille la vigne & les arbres nains, au premier & au second nœud du nouveau jet.

Les nœuds des plantes servent à fortifier la tige, & sont comme des tamis qui filtrent, qui purifient & qui affinent le suc qui sert à les nourrir.

Nœuds, (Marine.) nœuds de la ligne de Lok, sont des nœuds espacés ordinairement les uns des autres de quarante-deux à cinquante piés, par le moyen desquels on estime le chemin du vaisseau, en mesurant la longueur de la partie de cette corde qu’on a dévidée pendant une demi-heure ; car le vaisseau fait autant de milles par heure qu’on a filé de nœuds, en supposant qu’il aille toujours également, & ayant égard aux courans & à la dérive, &c. Voyez Lok.

Nœud. Ordre du Nœud, (Hist. mod.) nom d’un ordre militaire du royaume de Naples, institué en 1352 par la reine Jeanne I. à l’occasion de la paix conclue entre elle & le roi de Hongrie, au moyen de son mariage avec Louis, prince de Tarente.

Cet ordre étoit composé de soixante chevaliers. Clément VI. l’approuva & lui donna la regle de S. Basile ; il prit S. Nicolas pour protecteur, mais il ne dura qu’autant que ses instituteurs vécurent.

Nœud d’une question, (Logiq. raisonn. Métaphys.) Ce mot se dit des principes reconnus qui servent à décider une question qu’on trouve peut-être embarrassante. Il ne faut pas confondre ces principes avec les argumens superficiels qu’on tire des lieux communs, qui tendent plutôt à nous amuser qu’à découvrir la vérité, l’unique but d’un esprit inquisitif. Par exemple, supposé que l’on demande si le grand-seigneur a droit de prendre tout ce qu’il veut de son peuple ? on ne sauroit bien répondre à cette question sans examiner d’abord si les hommes sont naturellement égaux ; car c’est-là le nœud de la question. Cette vérité une fois prouvée, on n’a qu’a la retenir au milieu des disputes qui s’agitent sur les différens droits des hommes unis en société ; & l’on trouvera combien elle influe pour décider non-seulement la question du prétendu droit despotique d’un souverain à l’égard de ses sujets, mais plusieurs autres questions qui s’y rapportent indirectement, & dont la décision paroît difficile. Locke. (D. J.)

Nœud, (Poésie dramat. & épiq.) Le nœud est un événement inopiné qui surprend, qui embarrasse agréablement l’esprit, excite l’attention, & fait naitre une douce impatience d’en voir la fin. Le dénouement vient ensuite calmer l’agitation où on a été, & produit une certaine satisfaction de voir finir une aventure où l’on s’est vivement intéressé.

Le nœud & le dénouement, sont les deux principales parties du poëme épique & du poëme dramatique. L’unité, la continuité, la durée de l’action, les mœurs, les sentimens, les épisodes, & tout ce qui compose ces deux poëmes, ne touchent que les habiles dans l’art poétique dont ils connoissent les préceptes & les beautés ; mais le nœud & le dénouement bien ménagés, produisent leurs effets également sur tous les spectateurs & sur tous les lecteurs.

Le nœud est composé, selon Aristote, en partie de ce qui s’est passé hors du théatre avant le commencement de l’action qu’on y décrit, & en partie de ce qui s’y passe ; le reste appartient au dénouement. Le changement d’une fortune en l’autre, fait la séparation de ces deux parties. Tout ce qui le précede est de la premiere ; & ce changement avec ce qui le suit regarde l’autre.

Le nœud dépend entierement du choix & de l’imagination industrieuse du poëte, & l’on n’y peut donner de regle, sinon qu’il y doit ranger toutes choses

selon la vraissemblance ou le nécessaire, sans s’embarrasser le moins du monde des choses arrivées avant l’action qui se présente.

Les narrations du passé importunent ordinairement, parce qu’elles gênent l’esprit de l’auditeur, qui est obligé de charger sa mémoire de ce qui est arrivé plusieurs années auparavant, pour comprendre ce qui s’offre à sa vûe. Mais les narrations qui se font des choses qui arrivent & se passent derriere le théatre depuis l’action commencée, produisent toûjours un bon effet, parce qu’elles sont attendues avec quelque curiosité, & font partie de cette action qui se présente. Une des raisons qui donne tant d’illustres suffrages à Cinna, c’est qu’il n’y a aucune narration du passé ; celle qu’il fait de sa conspiration à Emilie étant plutôt un ornement qui chatouille l’esprit des spectateurs, qu’une instruction nécessaire de particularités qu’ils doivent savoir pour l’intelligence de la suite. Emilie leur fait assez connoître dans les deux premieres scenes, que Cinna conspiroit contre Auguste en sa faveur ; & quand son amant lui diroit tout simplement que les conjurés sont prêts pour le lendemain, il avanceroit autant pour l’action que par les cent vers qu’il emploie à lui rendre compte & de ce qu’il leur a dit, & de la maniere dont ils l’ont reçu. Il y a des intrigues qui commencent dès la naissance du héros, comme celle d’Héraclius ; mais ces grands efforts d’imagination en demandent un extraordinaire à l’attention du spectateur, & l’empêchent souvent de prendre un plaisir entier aux premieres représentations, à cause de la fatigue qu’elles lui causent.

Au reste, le nœud doit être toûjours naturel & tiré du fond de l’action ; & c’est une regle qu’on doit observer indispensablement dans le poëme dramatique comme dans le poëme épique. Dans l’Odyssée, c’est Neptune qui forme le nœud ; dans l’Enéïde, c’est la colere de Junon ; dans Télémaque, c’est la haine de Vénus. Le nœud de l’Odyssée est naturel, parce que naturellement il n’y a point d’obstacle qui soit plus à craindre pour ceux qui vont sur mer, que la mer même. L’opposition de Junon dans l’Enéïde, comme ennemie des Troyens, est une belle & ingénieuse fiction. Enfin, la haine de Vénus contre un jeune prince qui méprise la volupté par amour de la vertu, & dompte ses passions par les secours de la sagesse, est une fable tirée de la nature, qui renferme en même tems une excellente morale. (D. J.)

Nœud, (Hydr.) On joint deux tuyaux de plomb par des nœuds de soudure ; ceux de bois & de grès par des nœuds de mastic. (K)

Nœud de chariot, (Artillerie.) c’est le nœud que font les conducteurs de charrois, quand ils passent des cordages dans les rouages pour relever des pieces renversées. (D. J.)

Nœud d’épaule, en terme d’Aiguilletier ; voyez Aiguillette.

Nœud de l’Artificier, c’est une suite de trois ou quatre boucles de ficelles croisées lâches, qu’on serre en tirant les deux extrémités, pour retenir par leur frottement le ressort de la ficelle d’un simple tour, qui le fait lâcher avant qu’on ait pû lier les bouts.

Nœud, (Bas au métier.) Voyez cet article.

Nœud, en terme de Chauderonnier ; c’est un ornement qui s’assied au milieu de la premiere branche d’une trompette, & dans laquelle la seconde branche passe.

Nœud, (Jardinage.) voyez Nouer, par rapport aux fruits. On dit un nœud en fait d’ornemens de parterre ; c’est ce qui lie plusieurs rainceaux ensemble, comme feroit une agraffe.

Nœud, (Maréchal.) se dit dans les animaux des jointures de quelques-uns de leurs os, & particulie-