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bles dans un anneau ; l’un de ces anneaux sert à suspendre le télescope à un crochet placé à l’extrémité de la vis 3 ; à l’autre anneau est suspendu un poids assez pesant, pour tenir le télescope en équilibre. Ce poids est suspendu dans la boëte 5, qui est remplie d’huile de lin, de noix, ou d’autres matieres, qui ne se figent pas aisément, afin de mieux arrêter les balancemens du poids & du télescope. Cet instrument est chargé de deux télescopes, fort près l’un de l’autre & exactement paralleles, & placés à contre sens l’un de l’autre, afin qu’on puisse voir des deux côtés, sans retourner le niveau. Au foyer de l’objectif de chaque télescope il doit se trouver un petit cheveu tendu horisontalement, & qui puisse se lever & s’abaisser suivant le besoin, par le moyen d’une petite vis. Si le tube du télescope ne se trouve point de niveau lorsqu’on le suspend, on y met au-dessus un anneau ou virole 4, & on l’y fait couler jusqu’à ce qu’il se soit mis de niveau. Le crochet auquel l’instrument est suspendu, est attaché à une croix plate de bois, laquelle porte à l’extrémité de chacun de ses bras d’autres crochets, qui servent à garantir les télescopes d’une trop grande agitation dans les différens usages qu’on en peut faire, ou quand on les transporte d’un lieu en un autre. Cette croix de bois est renfermée dans une autre croix qui sert comme de caisse à l’instrument, mais dont on laisse les deux extrémités ouvertes, afin que le télescope puisse être garanti des injures du tems, & qu’il soit toûjours en état de servir. Le pié de l’instrument est une plaque de cuivre ronde, à laquelle sont attachées trois viroles à charnieres, dans lesquelles sont placés trois bâtons qui forment le pié sur lequel se place la boëte.

Niveau a équerre, est un instrument qui fait l’office d’un niveau, d’une équerre, d’une regle à jambes. Voyez Niveau, &c.

Cet instrument qui est représenté dans la Pl. d’Arpentage, fig. 22. est composé de deux branches, larges environ d’un pouce, qui s’ouvrent & qui se ferment comme une regle à deux jambes.

Chacune de ces branches est percée dans le milieu pour recevoir une espece de langue, ou une piece de cuivre fort mince, attachée à l’une des deux ; moyennant laquelle ces deux branches peuvent être appliquées l’une à l’autre exactement. L’usage de cette langue consiste en ce que, si l’on place son extrémité dans la branche où elle n’est pas attachée, & où il y a une cheville qui la tient ou l’arrête, les deux branches seront alors à angles droits. On met pareillement sur la tête de cet instrument une piece de cuivre quarrée, avec laquelle l’instrument tient lieu d’une équerre ; au bas de l’angle de la piece de cuivre est un petit trou, auquel est attachée une petite corde avec un plomb : cette corde tombant le long d’une ligne perpendiculaire, tracée sur la langue ou piece de cuivre, fait voir si l’instrument est de niveau ou non, quand on l’applique sur quelque chose que ce puisse être. Chambers. (E)

Niveau, (Hydraul.) le niveau dont on se sert dans l’hydraulique est ordinairement un niveau d’eau à fioles, qui est un grand tuyau de fer-blanc d’un pouce de grosseur, & de quatre piés de long, voyez nos Pl. soutenu dans son milieu par deux liens de fer, & par une douille. Au milieu, & aux deux extrémités, sont soudés trois bouts de tuyaux qui se communiquent, & dans lesquels on met des fioles de verre du même diametre qui y sont jointes avec de la cire ou du mastic. On remplit le tout d’une eau rougie avec du vinaigre ou du vin, pour qu’elle puisse mieux se distinguer de loin.

On a perfectionné cet instrument en écartant d’environ deux lignes le tuyau du milieu de l’alignement des autres, ce qui sert de pinules & dirige beaucoup mieux le rayon visuel.

Pour établir cet instrument sur le terrein, on met dans la douille qui est dessous le tuyau, un bâton pointu que l’on fiche en terre, & on assure le niveau le plus droit qu’il est possible, en le pointant du côté où doit se faire le nivellement. Il y a même des instrumens où il y a un plomb dessous pour le mettre parfaitement droit, d’autres où il y a un genou avec trois douilles, ce qui facilite de se retourner de tous sens, sans déplacer l’instrument. Quant à la maniere d’opérer, voyez Nivellement. (K)

NIVELLE, (Géog.) petite ville des Pays-bas autrichiens, dans le Brabant wallon, diocèse de Namur. On l’entoura de murailles l’an 1220 : elle est remarquable par son abbaye de chanoinesses, filles nobles, qui peuvent sortir & se marier. Elles s’habillent le matin en religieuses, & l’après-dinée en séculieres : on nomme leur abbêsse, la princesse de Nivelle. Sa nomination appartient au souverain, après que les chanoinesses lui ont présenté trois sujets de leur corps. Jean de Nivelle, dont on fait tant de contes, n’est autre chose qu’un homme de fer au haut d’une tour auprès de l’horloge de la ville, & qui sonne les heures avec un marteau. Nivelle est à cinq lieues de Bruxelles, sept de Namur, & à neuf de Louvain. Il y a comme dans les autres villes du Brabant, peu de peuple, & nombre de couvens. Long. 21. 54. lat. 50. 36. (D. J.)

NIVELLEMENT, s. m. (Archit.) c’est l’opération qu’on fait avec un niveau, pour connoître la hauteur d’un lieu à l’égard d’un autre. Voyez les regles du nivellement, dans le Dictionnaire univ. de Mathém. & de Physique, à l’article compris sous ce terme. Voyez aussi le Traité du nivellement de M. Picard, Paris, 1684 in-4°. C’est le meilleur traité qui ait été mis au jour sur cette matiere. (D. J.)

NIVELER, v. act. & Nivellement, sub. m. est trouver avec un instrument deux points également distans du centre de la terre, & l’objet du nivellement est de savoir précisément combien un endroit est élevé ou abaissé au-dessus de la superficie de la terre.

Il y a deux sortes de niveaux, le vrai & l’apparent.

Le vrai niveau est une ligne courbe, puisqu’elle parcourt une partie de la superficie du globe terrestre, & que tous les points de son étendue sont également éloignés du centre de la terre.

Le niveau apparent est une ligne droite qui doit être corrigée sur le vrai niveau dont les tables sont dans plusieurs ouvrages ; en sorte que dans 300 toises de long, on trouve un pouce d’erreur, & près d’un pié sur 1000 toises.

On évite l’obligation de corriger le niveau apparent sur le vrai niveau, en se retournant d’équerre sur les deux termes d’un nivellement, & c’est ce qu’on appelle un coup de niveau compris entre deux stations. On donne rarement des coups de niveau de 300 toises de long d’une seule opération ; la portée de la vue est trop foible pour s’étendre si loin, à-moins qu’on n’applique au niveau une lunette à longue vue.

Les réfractions causées par les vapeurs rompent le rayon visuel, suivant qu’elles sont plus denses ou plus épaisses. Dans les petits nivellemens l’erreur est insensible ; dans les grands, il faut placer le niveau à-peu-près à pareille distance des points requis : quoique ces points ne soient pas de niveau avec l’œil du niveleur, ils le sont cependant entre eux, puisque les réfractions sont égales à des distances égales & posées sur un même plan.

Il y a deux sortes de nivellemens, le simple & le composé.

Le nivellement simple est celui qui se fait d’un lieu peu éloigné d’un autre, comme de 100 toises, & d’une seule opération.