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a, dit-on, la vertu de guérir la maladie vénérienne ; pour cet effet on prend ses feuilles seches & pulvérisées avec du sucre dans une décoction de riz. Ses racines & ses feuilles bouillies font aussi des bains salutaires dans les affections céphaliques. Sa racine bouillie dans l’huile fait un liniment contre la goutte.

NIRUALA, (Bot. exot.) espece de pommier ou de prunier de Malabar, & d’autres lieux des Indes. Il est très-gros, s’éleve à 30 piés de haut, & se plaît dans les endroits pierreux & sablonneux, sur le bord des rivieres.

NISA, (Géog. anc.) ville de Lycie dans la Myliade, selon Ptolomée.

Il y a plusieurs villes & lieux qui s’écrivent indifféremment par Nisa ou Nysa ou Nyssa. Voyez Nyssa.

Nisa, (Géog.) ville de l’Asie dans le Khorassan, aux confins du désert. Elle est située au 39d. de latit. septent.

NISAN, s. m. (Calendrier des Juifs.) ce mot veut dire étendart ; mois des Hébreux qui répond à une partie de notre mois de Mars, & une partie d’Avril, selon le cours de la lune. Aujourd’hui les Juifs commencent le mois Nisan au septieme Avril. C’étoit le premier mois de leur année sacrée à leur sortie d’Egypte. « Ce mois vous sera le premier des mois ; ce sera pour vous le premier mois de l’année ». exod. xij. 2. C’étoit le septieme de leur année civile. Moïse l’appelle Abib. On faisoit la Pâque le quatorzieme jour de ce mois ; le seize on offroit la gerbe des épis d’orge ; le vingt-six on commençoit les prieres pour demander les pluies du printems, & le vingt-neuf on célébroit la mémoire de la chute des murailles de Jéricho.

Au reste le nom Nisan étoit inconnu aux Juifs avant la captivité de Babylone ; & ils ne s’en sont servis que depuis le tems d’Esdras ; c’est-à-dire, depuis qu’ils furent retournés de la Chaldée en Judée. Le rabin Elia Lévi croit que c’est un mot chaldaïque ou persien.

NISARO, (Géog.) île de l’Archipel, au couchant de celle de Rhodes. Les grecs qui l’habitent sont tributaires des Turcs & des Vénitiens. On y recueille du blé, du vin & du coton ; mais il n’y a guere de vaisseaux qui la fréquentent, parce que sa rade est mauvaise. C’est la Nisyrus des anciens.

NISEN, (Géogr.) ou Niesna, ou Nisi-novogorod, ville très-peuplée de l’empire russien, capitale du petit duché de même nom, avec une citadelle & un archevêché. Elle est près du confluent de l’Occa & du Wolga, sur une montagne, à 98 lieues de Moscow par terre. Long. 65. 45. lat. 56. 34.

NISI, Clause du, (Droit canon.) c’est ainsi qu’on nomme une fameuse clause inventée par quelques canonistes pour prévenir les détours des sermens, & assurer l’effet de l’excommunication.

Il est certain que la frayeur de la vengeance divine servit long-tems comme d’une barriere respectable contre l’inconstance & la perfidie des hommes. On inventa même différentes sortes d’imprécations pour fixer leur parole ; mais la foi n’est jamais plus mal gardée que quand on prend tant de mesures pour s’en assurer. Ces sortes d’usages pieux eurent le sort de la plûpart des choses du monde ; on cessa de les révérer à force de s’en servir ; & les reliques les plus célebres pour les sermens perdirent insensiblement leur réputation, s’il est permis de s’exprimer ainsi, parce qu’on y avoit eu trop souvent recours.

On changea donc la formule des sermens ; on substitua à la crainte du ciel qui se faisoit sentir trop rarement, la frayeur des foudres ecclésiastiques toujours prêtes à tomber sur les parjures ; & la plûpart des souverains de l’Europe se soumirent à être excommuniés par le pape, s’ils violoient leurs sermens.

Mais le prince qui vouloit recommencer la guerre, ou obtenoit dispense de son serment, avant que de prendre les armes, ou s’il avoit déja fait quelque acte d’hostilité, il en demandoit l’absolution avant qu’on eût prononcé contre lui les censures ecclésiastiques.

Ce fut pour prévenir ce détour, & pour assurer l’effet de l’excommunication, que quelques canonistes inventerent la fameuse clause du nisi. Cette clause consistoit en ce que les princes, immédiatement après avoir signé leur traité, faisoient d’avance & de concert fulminer les censures par l’official de l’évêque diocésain de l’endroit où ce traité avoit été conclu ; & celui ci déclaroit dans la sentence qu’il excommunioit actuellement celui qui violeroit son serment dès-à-présent, comme dès-lors, & dès-lors comme dès-à présent : ex nunc, prout ex tunc, & ex tunc prout ex nune, nisi conventa acta, conclusa, & capitulata realiter, & de facto adimpleantur. De cette maniere celui des princes qui rompoit le traité, étoit censé excommunié, sans qu’on fût obligé d’avoir recours à aucune autre formalité de justice qu’à la simple publication de la sentence de cet official.

Louis XI. dans une promesse qu’il fit à Edouard IV. roi d’Angleterre, d’une pension annuelle de cinquante mille écus d’or, s’y engage, dit-il, par un traité de l’an 1475, sous les peines des censures apostoliques, & par l’obligation du nisi. Obligamus nos sub pœnis apostolicæ cameræ, & per obligationem de nisi. Mais comme il arriva que le pape relevoit de l’excommunication le prince qu’il vouloit favoriser, lui mettoit les armes à la main, en excommuniant même son concurrent, on ne suivit plus la clause du nisi, & on la regarda comme une formule illusoire. (D. J.)

NISIBE, ou NISIBIS, (Géog. anc.) ville très ancienne & très-célebre dans la partie septentrionale de la Mésopotamie. Elle étoit située sur le Mygdonius, à deux journées du Tigre. Les Grecs l’appelloient Antioche de Mygdonie, à cause de la beauté de son terroir, qu’ils comparoient à celui de l’Antioche de Syrie qui étoit délicieux. Strabon dit que Nisibis étoit située au pié du mont Masius.

Tigranes étoit possesseur de Nisibe du tems de la guerre de Mithridate, & Lucullus la lui enleva. Elle devint alors le boulevard de l’empire d’orient, tant contre les Parthes, que contre les Perses ; mais l’empereur Jovien la rendit à ces derniers.

Dans l’inscription d’une médaille de Julie Paulle, on lit ces mots : ceΚολω Necibi, c’est-à-dire, septimæ coloniæ Nesibitanæ. Le nom moderne de Nisibe est Nesbin, ou Nassibin, ou Naïsibin, car on écrit ce nom très-diversement : c’est un lieu du Diarbek, qui dépend du bacha de Merdin. Mais ce lieu n’est plus qu’un misérable village, éloigné de Moussail de 50 lieues, & de 28 S. O. de Diarbeckir. Le pays est presque par tout désert & inhabité : de l’autre côté, c’est une large campagne où l’on ne voit sur la terre que de la grande pimprenelle, des tulipes, des anemones, des narcisses & autres fleurs. Long. 57. 25. lat. 36.

S. Ephrem, pere de l’Église & diacre d’Edesse, au quatrieme siecle, étoit de Nisibe. Il se fit extrèmement estimer de S. Basile & de S. Grégoire de Nice. Il embrassa d’abord la vie monastique, & dans la suite fut ordonné diacre par S. Jacques de Nisibe. Sozomene rapporte qu’ayant été élu évêque, il feignit d’avoir perdu l’esprit pour éviter d’être ordonné. On sait qu’il écrivit contre les erreurs de Sabellius, d’Arius, d’Apollinaire, des Manichéens, &c. Il mourut en 399. La meilleure édition de ses ouvrages est celle de Rome depuis 1732 jusqu’en 1746,