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nom de Neith, & M. Mallet nous apprend que dans le lac de Genève, il se trouve un rocher qui lui étoit consacré & qui porte encore le nom de Neiton. Voyez l’Edda des Islandois.

NIORT, (Géog.) ville de France dans le Poitou, vers les confins de la Saintonge. Elle est sur Sevre (on écrivoit autrefois Savre, en latin Savara), à 14 lieues de Poitiers & de la Rochelle, 89 de Paris. Long. 17. 10′. 33″. lat. 46. 20′. 8″.

Ce fut à Niort en Poitou, dans la prison de cette ville, que naquit en 1635 mademoiselle d’Aubigné, destinée à éprouver toutes les rigueurs & toutes les faveurs de la fortune. Louis XIV. en l’épousant, se donna une compagne agréable, spirituelle & soumise. Elle mourut à S. Cyr en 1719. Voltaire.

De Beausobre (Isaac) né à Niort en 1659, est un de ceux qui ont fait honneur à leur patrie, qu’ils ont été forcés d’abandonner. Sa traduction du nouveau Testament qu’il a mise au jour avec M. l’Enfant, & qu’ils ont accompagnée de vraiment bonnes notes, est un ouvrage fort estimé. Son histoire du Manichéisme est un livre bien écrit, très-curieux, & très-profond dans la connoissance de l’antiquité. Il y développe cette religion philosophique de Manès, qui étoit la suite des dogmes de l’ancien Zoroaste, & qui séduisit si long-tems S. Augustin. M. de Beausobre est mort à Berlin en 1738. Voltaire. (D. J.)

NIOU, s. m. (Mesure de longueur.) c’est une mesure des Siamois pour les longueurs ; elle revient à un pouce de pié de roi moins un quart. Au-dessous du niou est le grain de ria, dont les huit font le niou ; au dessous est le ken, qui contient douze nious.

NIPA ou ANNIPA, (Hist. moder. Voyag.) c’est ainsi qu’on nomme au Pégu, une liqueur spiritueuse, assez semblable à du vin, que l’on obtient en faisant des incisions à certains arbres du pays. On dit que c’est une boisson très-agréable. Dans le royaume de Siam on fait une liqueur semblable, que l’on appelle aussi nipa, en distillant l’eau ou liqueur qui sort des cocos.

NIPCHU, (Géogr.) ou Nipchen, ou Nipchou, ou Nerezin, & par les Moscovites Negovicin, ville de l’empire russien dans la Tartarie moscovite, au pays des Daouri, sur la riviere d’Ingueda, selon M. de l’Isle, mais que les Lettres édifiantes nomment Hélonkian. Ce fut à Nipchu que la paix fut signée en 1689 entre le czar & l’empereur de la Chine. Long. de Nipchu, selon les PP. Pereira & Gerbillon, est 135. 21. 30. lat. 51. 45.

NIPHATES, (Géog. anc.) montagne de l’Amérique. Le Niphate est une grande chaîne de montagnes dans l’Arménie occidentale, qui fait partie du mont Masius, &, selon Ptolomée, du mont Taurus. Il s’étend à l’E. de l’Euphrate entre l’Araxe & le Tigre. Le nom de Niphate veut dire neigeux. Virgile, pour faire sa cour à Auguste, dit dans ses Géorgiques, liv. III. v. 30. en parlant des victoires de ce prince,

Addamurbes Asiæ domitas, pulsumque Niphatem,
Fidentemque fugâ Parthum, versisque sagittis,
Et duo rapta manu diverso ex hoste tropæa.

« J’y ajouterai les villes qu’il a soumises en Asie, les peuples qu’il a vaincus, ceux du mont Niphate, & les Parthes qui s’assurent sur leurs fleches qu’ils lancent en fuyant, & les deux victoires qu’il a remportées lui-même sur deux ennemis fort éloignés l’un de l’autre ». (D. J.)

Niphates, (Géog. anc.) fleuve d’Arménie du même nom que le mont Niphate. Lucain fait mention de ce fleuve : il dit, lib. III. v. 245. que les Arméniens occupent les rives du Niphate qui roule des pierres :

Armeniusque tenens volventem saxa Niphatem.

Juvenal, Satyre vj. vers 409. parle ainsi des débordemens de ce fleuve :

Rumores illa recentes
Excipit ad portas, quosdam facit, iste Niphaten
In populos, magnoque illic cuncta arva teneri
Diluvio.

Enfin Horace, Ode jx. l. II. vers 20. dit :

Cantemus Augusti tropæa
Cæsaris, & rigidum Niphatem
Medumque flumen gentibus additum
Victis, minores volvere vortices.

« Célébrons par nos vers les nouveaux exploits d’Auguste : chantons le Tigre & l’Euphrate, qui roulent leurs eaux avec moins d’orgueil, depuis qu’il les a ajoutés à nos conquêtes ».

Je dis que le Niphate est le Tigre, & que le fleuve des Medes est l’Euphrate ; car puisque Horace joint le Niphate avec le fleuve des Medes, il paroît qu’il ne s’agit point ici du mont Niphate : comme le Tigre tiroit ses eaux du Niphate, il en a pris quelquefois le nom vers sa source, avant que d’entrer dans la Mésopotamie ; & ce qui confirme cette conjecture, c’est que le Tigre est sujet au débordement que Juvenal attribue au fleuve Niphate. (D. J.)

NIPHON, (Géogr.) grande île ou presqu’île de l’Ocean oriental, & la plus considérable partie de l’empire du Japon. Les Chinois disent Zipon, mot qui signifie le commencement du soleil. Il doit son origine à l’idée qu’avoient les Japonois & les Chinois, que les îles du Japon étoient les premieres éclairées du soleil. Quoique proprement Niphon ne soit que la plus grande de ces îles, cependant son nom s’étendit dans l’usage à tout le vaste empire que nous appellons Japon. Voyez Japon.

NIPISSIGNIT, ou NEPEGIGUIT, (Géog.) riviere de l’Amérique septentrionale en Gaspesie ; elle se jette dans le golfe de saint-Laurent, à l’extrémité de la baie des Chaleurs.

NIQUET, s. m. (Monn. de France.) petite monnoie blanche qui valoit autrefois deux deniers tournois.

« Sous Charles VI. dit Monstrelet, on forgea des doubles qui eurent cours pour deux deniers tournois, regnerent environ trois ans tant seulement, & furent en commun langage nommés niquets ». (D. J.)

NIREUPAN, (Hist. mod. Mythol.) suivant la Théologie des Siamois, des peuples de Lios & du Pégu, il y a dix-huit mondes différens par lesquels les ames des hommes doivent passer successivement. Neuf de ces mondes sont des séjours fortunés ; c’est le neuvieme qui est le plus heureux de tous. Les neuf autres mondes sont des habitations malheureuses, & c’est le neuvieme sur-tout qui est le plus infortuné. Mais quelle que soit la félicité dont on jouit dans le neuvieme des premiers mondes, elle ne sera point éternelle, ni exempte d’inquiétudes, ceux qui y sont étant sujets à la mort. Suivant ces Indiens, si l’ame après ses différentes transmigrations, est parvenue à la perfection par ses bonnes œuvres dans chaque nouvelle vie, alors il n’y a plus aucun des mondes heureux qui soit digne d’elle, & l’ame jouit du Nireupan, c’est-à-dire qu’elle jouit d’une inactivité & d’une impassibilité éternelles, & n’est plus sujette à aucune transmigration ; état qui peut passer pour un véritable anéantissement. C’est dans cet état que les Siamois prétendent que se trouve leur dieu Sommna-Kodom, & tous les autres dieux qui sont les objets de leur culte. Selon eux, la punition des méchans sera de ne jamais parvenir au Nireupan. La voie la plus sûre pour obtenir ce bonheur est de se faire talapoin, c’est à-dire moine. Quelques-uns par Nireupan, entendent la possession de tout l’univers.

NIR-NOTSJIL, (Hist. nat. Botan.) arbrisseau de la côte de Malabar. Il est en grande estime parce qu’il