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d’Isis, où l’on portoit sa statue sur un chariot à quatre roues, tiré par les prêtres de la déesse. Le même auteur, parlant d’une autre de leurs divinités, dit qu’ils la portent d’un temple dans un autre dans une petite chapelle de bois doré. Saint Clément d’Alexandrie, Stromat. liv. V. parle d’une procession egyptienne, où l’on portoit deux chiens d’or, un épervier & un ibis. Le même pere, in Protreptic. p. 49, rapporte des paroles satyriques de Ménandre, qui railloit de ces divinités coureuses qui ne pouvoient demeurer en place. Macrobe, Saturnal. Dier. l. I. dit que les prêtres egyptiens portent la statue de Jupiter d’Héliopolis sur leurs épaules, comme on portoit les dieux des Romains dans la pompe des jeux du cirque. Et Philon de Biblos, cité par Eusebe, Prepar. evang. lib. I, raconte qu’on portoit Agrote, divinité phénicienne, dans une niche couverte sur un chariot traîné par des animaux.

Selon Quinte-Curce, les prêtres égyptiens mettoient Jupiter Ammon sur une nacelle d’or, où pendoit des plats d’argent par le mouvement desquels ils jugeoient de la volonté du dieu, & répondoient à ceux qui les consultoient. Les Gaulois promenoient leurs dieux couverts d’un voile blanc par les campagnes, dit Sulpice Sévere. Tacite, de morib. German. parle d’une déesse inconnue qui résidoit dans une île de l’Océan ; on lui conserve, dit-il, un chariot couvert, dont nul n’ose approcher que son sacrificateur. Quand il dit que la déesse y est entrée, on y attele deux genisses qui conduisent le char où l’on veut, après quoi elles le ramenent dans son bois. Voilà des exemples des dieux portés dans des niches & sur des chariots.

A l’égard des petits temples portatifs qui étoient aussi des especes de niches, Diodore de Sicile en parle aussi-bien que Victor dans sa description de Rome, & il y a grande apparence que ces petits temples de la Diane d’Ephese que vendoit l’orfevre Démétrius, étoient des niches où la figure de cette déesse étoit représentée. Calmet, Diction. de la Bibl. (G)

NICHOIR, s. m. terme d’Oiselier, maniere de cage particuliere propre pour mettre à couvert des sérins & autres oiseaux.

NICIA, (Géog. anc.) riviere d’Italie, selon Pline, l. III. c. xvj. les uns croient que c’est le Lenza & d’autres le Nura. (D. J.)

NICKEL, s. m. (Hist. nat. Minéralogie & Chimie métallique.) M. Axel-François Cronstedt, de l’académie royale des Sciences de Stockholm, a inséré dans les tomes XIII. & XVI. des mémoires de cette savante académie une dissertation sur une nouvelle substance minérale, trouvée dans une mine de cobalt, située à Færila en Helsingie, dont il a tiré une matiere réguline qu’il regarde comme un nouveau demi-métal, inconnu jusqu’à lui, & qu’il a nommé nickel, parce qu’il se tire de la mine que les Allemands nomment kupfernickel.

La mine dont on tire le nickel est d’une couleur blanche comme de l’argent dans la fracture récente, cependant cette couleur est quelquefois plus obscure, elle tire aussi souvent sur le rouge jaunâtre. Après avoir été exposée à l’air pendant quelque tems, elle se couvre d’un enduit verd ; si alors on la lave avec de l’eau, elle la colore en verd ; cette eau mise en évaporation forme des crystaux oblongs, quadrangulaires, rabatus par deux ou trois côtés, qui ont de la ressemblance avec le vitriol. En calcinant ce sel vitriolique, on obtient un résidu d’un gris clair qui, fondu avec trois parties de flux noir, donne une régule de 50 livres sur un quintal de résidu. Ce régule a un œil jaunâtre à l’extérieur, mais si on le casse, il est blanc comme de l’argent dans

l’intérieur, il est composé de feuillets & de lames comme le bismuth. Ce régule se dissout dans l’acide nitreux, dans l’esprit de sel & dans l’eau régale, il donne une couleur verte à ces dissolvans, il ne se dissout point ni dans l’acide vitriolique, ni dans l’acide de vinaigre, & ne s’amalgame point avec le mercure. Cette substance est souvent mêlée d’une portion de fer, mais quelque expérience que M. Cronstedt ait fait, il n’a point pu y découvrir de cuivre.

La mine qui fournit cette substance lorsqu’on la calcine, commence par répandre une fumée purement sulphureuse ; en continuant la calcination, la fumée blanchit & a une odeur arsénicale. En poussant plus loin encore cette calcination, la mine se couvre d’un enduit qui est semblable à des petits rameaux d’un verd clair, qui, fondus avec une matiere inflammable, donnent une substance réguline semblable à celle qui a été décrite ci-dessus. Ce régule calciné devient d’un beau verd, & prend de nouveau la forme de rameaux.

De toutes ces propriétés, M. Cronstedt en conclut que cette substance doit être regardée comme un nouveau demi-métal, qui differe entierement du cobalt & du bismuth. De plus il croit que le nickel entre pour la plus grande partie dans la composition que les Allemands nomment speiss, qui se dépose au fond des pots dans lesquels on a fait le saffre, c’est-à-dire le verre bleu coloré par le cobalt.

Le nickel a beaucoup de disposition à s’unir avec le soufre. Cette substance n’entre en fusion qu’après avoir rougi. Sa pesanteur spécifique est à l’eau environ comme 8 est à un.

Le nickel s’allie avec l’or ; il ne s’allie point avec l’argent. Il s’unit facilement avec l’étain, moins aisément avec le plomb. Il s’unit avec le cuivre, mais encore plus aisément avec le fer. M. Cronstedt croit que c’est le soufre qui facilite son union avec ce dernier métal.

L’arsenic a beaucoup de disposition à s’unir avec le nickel, & ne s’en dégage qu’avec beaucoup de peine. Il en est de même du cobalt & de l’antimoine crud, du régule d’antimoine, du bismuth, avec lesquels le nickel se combine : mais cette substance ne s’unit point avec le zinc.

La chaux qui résulte de la calcination de cette substance ne se vitrifie point sans addition, ni même lorsqu’on la mêle avec du verre, mais le régule du nickel colore le borax d’un brun clair, & cette espece de verre, lorsqu’on continue à le chauffer, devient violet & transparent comme celui qui a été mêlé avec de la magnésie ou manganese.

Il paroît qu’il faudroit encore faire des expériences ultérieures pour nous convaincre, si ce régule de nickel, dont parle M. Cronstedt, est un demi-métal particulier, ou si on doit plutôt le regarder comme une combinaison de fer, d’arsenic, de bismuth, de cobalt, & même de cuivre & de soufre. C’est au tems à fixer là-dessus nos incertitudes. (—)

NICKLSPURG, (Géog.) ville d’Allemagne dans la Moravie, avec un château qui la commande. Fréderic, baron de Tieffenbach, l’a pris en 1620, & les Suédois en 1645. Les Impériaux la prirent d’assaut en 1646.

NICOBAR, ou NICOUBAR, NIACBAR, NICOUBARS, (Géogr.) îles des Indes à l’entrée du golfe de Bengale, & qui s’étend depuis le 7 jusqu’au 8e degré de latit. septent. Ces îles prennent leur nom de la principale de toutes, dont nous allons parler.

L’île Nicobar est à 30 lieues d’Achem, à 7d. 30′. de latit. septent. & c’est celle où vont mouiller les vaisseaux qui vont aux Indes. Elle peut avoir 10 lieues de long, sur trois ou quatre de large. Elle est