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ne, fanal) est une vieille tour, qui servoit de fanal pour éclairer le passage des vaisseaux, entre cette ile & celle de Samos ; car ce canal est dangereux quand la mer est grosse, quoiqu’il y ait 18 milles de large.

Les Nicariens n’ont ni cadi, ni turcs chez eux. Deux administrateurs annuels font toutes les affaires du pays. Ils paient environ cinq cent écus de capitation, outre une centaine pour la taille, & pour avoir la liberté de vendre leur bois hors de l’île. Long. 43. 55-44. 12. lat. 37. 28-46. (D. J.)

NICASTRO, (Géog.) en latin Neocastrum ; petite ville d’Italie au royaume de Naples dans la Calabre ultérieure, à 2 lieues du golfe de sainte Euphémie, avec un évêché suffragant de Reggio. Elle fut presque ruinée en 1638 par un tremblement de terre. Long. 33. 30. lat. 38. 10.

NICATES, (Géog. anc.) ou Nisitæ ; peuples de l’Ethiopie sous l’Egypte selon Pline, lib. vj. c. xxx. qui dit que ce mot signifie des hommes qui ont trois ou quatre yeux ; non que ces peuples fussent tels, mais parce qu’ils appliquoient toute leur attention en tirant leurs fleches.

NICATÉS, (Géog. anc.) montagne d’Italie chez les Peligni. Niger croit que c’est la montagne qu’on appelle aujourd’hui Maiella & Mathesio. (D. J.)

NICE, comté de, (Géog.) ce comté s’étend du sud au nord l’espace de 90 milles. Il a fait durant plusieurs siecles partie de la Gaule narbonnoise, & ensuite du comté de Provence, dont il fut démembré en 1388, par les habitans du pays qui se donnerent à Amedée VII. comte de Savoie. Ses bornes sont au nord le marquisat de Saluces ; le Piémont propre à l’est, la Méditerranée au sud, & la Provence à l’ouest. Son étendue du septentrion au midi, est d’environ 13 lieues, & celle d’orient en occident d’environ 18. Nice est sa capitale, & quoique le pays soit entrecoupé de hautes montagnes, il est fertile en vin & en huile. Enfin il seroit admirable s’il étoit plus peuplé.

Cassini (Jean Dominique) ou le grand Cassini, naquit dans le comté de Nice en 1625, & fut appellé en France par M. Colbert en 1666. Il a été le premier des Astronomes de son tems ; mais il commença comme les autres par l’Astrologie. Puisqu’il fut naturalisé dans ce royaume, qu’il s’y maria, qu’il y eut des enfans, & qu’il est mort à Paris, ou peut le compter au nombre des françois. Il a immortalisé son nom par sa méridienne de saint Pétrone à Boulogne : elle servit à faire voir les variations de la vitesse du mouvement de la terre autour du soleil.

Il fut le premier qui montra par la parallaxe de Mars que le Soleil doit être au moins à 33 millions de lieues de la terre. Il prédit le chemin que devoit tenir la comete de 1664. C’est lui qui découvrit quatre satellites de Saturne ; Huyghens n’en avoit apperçu qu’un, & cette découverte de Cassini fut célebrée par une médaille dans l’histoire métallique de Louis XIV.

Il publia de nouvelles tables des satellites de Jupiter fort perfectionnées, & détermina la révolution de Jupiter & de Mars sur leurs axes. Enfin il enrichit l’Astronomie de diverses méthodes très-ingénieuses.

En voyant la comete de 1680, il prédit au roi qu’elle suivroit la même route qu’une autre comete observée par Tycho-Brahé en 1577. C’étoit une espece de destinée pour lui, que de faire ces sortes de prédictions à des têtes couronnées.

Dans les dernieres années de sa vie, il perdit la vûe ; malheur qui lui a été commun avec le grand Galilée, & peut-être par la même raison : car les observations subtiles demandent un grand effort des yeux. Selon l’esprit des fables, ajoûte M. de Fontenelle, ces deux grands hommes, qui ont fait tant

de découvertes dans le ciel, ressembleroient à Tirésias qui devint aveugle pour avoir vû quelque secret des dieux. Il mourut en 1712, âgé de 87 ans, sans maladie, sans douleur, par la seule nécessité de mourir ; & en mourant, il eut la gloire de laisser des enfans distingués dans l’Astronomie. (D. J.)

Nice, (Géog.) ancienne & forte ville aux confins de la France & de l’Italie, capitale du comté du même nom, avec une bonne citadelle, un évêché suffragant d’Embrun, & un sénat qui est comme démocratique. Les habitans se donnerent à Amedée VII. comte de Savoie en 1388 ; & depuis ce tems elle est demeurée aux dues de cette maison. François I. l’assiégea par terre en 1543, tandis que les Turcs la pressoient du côté de la mer. Barberousse II. n’ayant pu prendre la citadelle, saccagea la ville. Le maréchal de Catinat la prit en 1691 ; elle fut rendue au duc de Savoie en 1696. Le duc de Berwick la prit en 1706 ; elle fut rendue par le traité d’Utrecht au roi de Sardaigne. Les François la reprirent en 1744, & l’ont rendue par le traité d’Aix-la Chapelle. Elle est située à l’orient de l’embouchure du Var sur un rocher escarpé, à 33 lieues S. O. de Turin, 28 S. E. d’Embrun, 33 S. O. de Gènes, 33 N. E. d’Aix, 176 de Paris. Long. selon Cassini, 23. 55. 30. lat. 43. 41. 30.

Les Phocéens fondateurs de la ville de Marseille, voyant leurs colonies accrues considérablement, s’étendirent le long de la côte, & ayant trouvé sur le Var un endroit fort agréable, ils y fonderent la ville de Nice, Nicæa, au retour d’une expédition contre les Saliens & les Liguriens. C’est une ville bâtie dans une situation des plus avantageuses, par la beauté de ses collines, la fertilité du pays & la bonté de l’air qu’on y respire. Les Romains faisoient leurs délices de ce lieu, où croissent en abondance tous les fruits que produit l’Italie. Elle avoit la plus grande célébrité du tems de Ptolomée ; mais aujourd’hui elle est entierement déchue de son ancienne dignité. On y voit encore les ruines des grands fauxbourgs qu’elle avoit autrefois. (D. J.)

Nice de la Paille, (Géog.) petite ville d’Italie dans le Montferrat, aux états du roi de Sardaigne, entre les villes d’Acqui & d’Asti, sur le Belbo. Long. 25. 59. lat. 44. 43.

NICÉE, s. f. (Mythol.) Νίκη ; c’est le nom grec de la Victoire, qu’Esiode dit ingénieusement être compagne de Jupiter, & fille de Pallas & du Styx ; nous disons aussi dans le même sens, que les te Deum des princes sont les de profundis des particuliers. (D. J)

Nicée, (Géog.) ville de Bithynie, aujourd’hui Isnich ; c’est la Νίκαια de Ptolomée. Strabon la place sur le lac Ascanius, aujourd’hui Lago di Nicea, à une journée de la mer. Antigonus fils de Philippe, en avoit été le fondateur, & l’avoit nommée Antigonia. Dans la suite Lysimachus l’appella Nicæa, du nom de sa femme fille d’Antipater.

On a diverses médailles de cette ville depuis Auguste jusqu’à Gallien ; néanmoins elle n’a dans aucune le titre de métropole. La médaille de l’empereur Domitien, où l’on voit cette inscription, νίκαιοι πρῶτοι τῆς ἐπαρχείας, Nicæenses primi provinciæ, ne dit pas que Nicée fut la premiere de la province, elle apprend seulement que les habitans furent les premiers qui firent des sacrifices à Jupiter, pour la conservation de Domitien : c’est ce que prouve l’autel qui paroît sur cette médaille avec ces mots, Ζεὺς ἀγοραῖος, Jovis, qui fori custos & præfes est. Cette médaille est dans le cabinet du roi de France.

Nicée fut évêché dans les commencemens du christianisme, & devint ensuite métropole pendant quelque tems. Elle est célebre par la tenue du premier concile général, & plus anciennement par la naissance d’Hipparque, de Dion-Cassius & de Parthénius.