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franche & grasse ; il aime l’ombre, l’humidité & le voisinage des eaux ; cependant on peut le faire venir partout. Si on veut le multiplier, le plus court sera d’en semer la graine au moment de sa maturité ; elle levera au printems, & les jeunes plants seront en état d’être transplantés l’autonne suivant. On n’en fait nul usage pour l’agrément, il n’est propre qu’à faire des haies qui se garnissent bien & assez promptement. Son feuillage est assez joli : les insectes ne s’y attachent point.

Les baies du nerprun sont de quelqu’utilité : les oiseaux s’en nourrissent par préférence & ne les laissent pas long-tems sur l’arbrisseau. Elles sont très-purgatives ; on en fait un syrop qui est d’un grand usage en Médecine. Ses baies sont aussi de quelque ressource dans les arts : on en fait une couleur que l’on nomme verd de vessie qui sert aux Peintres & aux Enlumineurs.

Le nerprun a si généralement une vertu purgative, qu’on prétend que les fruits qui ont été greffés sur cet arbrisseau purgent violemment lorsqu’on en mange. Quelques auteurs, comme Simon Pauli & Garidel, assurent qu’on a greffé avec succès le prunier & le cerisier sur cet arbrisseau ; ce sont apparement des hasards qu’il est difficile de rencontrer. On a tenté quantité de fois ces greffes sans qu’elles ayent réussi.

Le bois du nerprun est excellent pour faire des échalas : ils sont d’aussi longue durée que ceux que l’on fait de bois de chêne.

Il y a plusieurs especes de nerprun.

1°. Le nerprun purgatif ordinaire. C’est à cette espece qu’on doit appliquer ce qui a été dit ci-dessus.

2°. Le petit nerprun purgatif, ou la graine d’Avignon. Cet arbrisseau vient assez communément en Provence ; il ne s’éleve guere qu’à quatre ou cinq piés, on peut aisément le multiplier de branche couchée, ou de semence comme le précédent, & il est presqu’aussi robuste ; son feuillage a quelqu’agrément de plus, mais sa fleur n’a pas meilleure apparence, elle vient un mois plutôt, & ses baies sont en maturité dès le mois de Juillet, on en fait usage pour les Arts. Ce fruit étant cueilli verd se nomme graine d’Avignon ; on en fait une couleur jaune pour la teinture des étoffes ; il sert aussi à faire ce qu’on appelle le stil de grain pour l’usage des peintres à l’huile & en miniature.

3°. Le petit nerprun purgatif à feuille longue.

4°. Le nerprun d’Espagne à fruit noir.

5°. Le nerprun d’Espagne à feuille de buis.

6°. Le nerprun d’Espagne à feuille d’olivier.

7°. Le nerprun d’Espagne à feuille de millepertuis.

Ces quatre dernieres especes se trouvent dans les bois en Espagne, en Portugal, en Italie & dans les provinces méridionales de France. Ce sont de petits arbrisseaux de six ou huit piés de hauteur qui sont assez robustes pour passer l’hyver en pleine terre dans les autres provinces du Royaume, mais elles ne sont pas plus de ressource pour l’agrément que pour l’utilité.

8°. Le nerprun à feuilles d’amandier.

9°. Le nerprun du levant à petites feuilles d’amandier.

10°. Le nerprun du levant à feuilles d’alaterne.

11°. Le nerprun de Candie à petites feuilles de buis. Ces quatre dernieres especes sont d’aussi grands arbrisseaux que le nerprun commun ; elles sont presqu’aussi robustes, mais peu intéressantes quoique rares.

12°. Le petit nerprun d’Espagne à feuilles de buis. Ce petit arbrisseau est de fort belle apparence. De toutes les especes du nerprun, c’est celle qui a le plus d’agrément.

13°. Le nerprun à feuilles de saule. Cet arbrisseau est toujours verd, il se trouve sur les bords du

Rhone & du Rhin, il s’éleve à cinq ou six piés, il donne au mois de Juin une grande quantité de fleurs herbacées qui n’ont nul agrément, elles sont remplacées par des baies jaunes, qui restent sur l’arbrisseau pendant tout l’hyver.

14°. Le nerprun de Montpellier. C’est un grand arbrisseau tout hérissé d’épines extrèmement longues ; il donne dès le mois de Mars de petites fleurs blanches qui ressemblent à celles du bois joli ou mezereon, & en autonne l’arbrisseau se renouvelle en donnant de secondes fleurs & même d’autres feuilles. On peut les manger en salade dans leur nouveauté ainsi que la cime des jeunes rejettons.

15°. Le nerprun d’Espagne à feuilles capillaires. C’est un petit arbrisseau de l’orangerie pour ce climat, il n’a que le mérite de la singularité, par rapport à sa feuille qui est aussi menue qu’un fil, il se garnit d’une grande quantité de rameaux flexibles qui s’inclinent jusqu’à terre. On se sert de ses baies pour teindre en verd & en jaune. Cet arbrisseau se plait parmi les pierres & même sur les rochers.

Nerprun, (Pharmacie & Matiere médicale) noirprun, bougépine. Les baies de cet arbrisseau sont la seule partie dont on se sert en Médecine ; elles sont très-purgatives & de l’ordre de ces évacuans que les anciens ont appellés hydradogues, voyez Purgatifs. Aussi fournissent-elles un des purgatifs des plus usités dans l’hydropisie, la cachexie, les bouffissures édemateuses, &c. Ce remede convenablement réitéré a souvent réussi, lors même que les malades avoient une quantité d’eau considérable épanchée dans le ventre. Les différentes préparations de ces baies évacuent ces eaux très-puissamment.

Ces préparations sont un rob & un sirop préparés avec les baies récentes, c’est-à-dire avec leur suc ; ce sirop est surtout très-usité ; il se donne à la dose d’une once jusqu’à deux, soit seul soit avec de la manne dans une décoction appropriée, soit mêlé dans les potions purgatives ordinaires ; on peut donner aussi ces baies mures, desséchées & réduites en poudre ou bien en décoction dans de l’eau ou du bouillon, mais ces formes ne sont point usitées.

Le sirop de nerprun entre dans la composition des pillules cochées. (b)

NERTOBRIGA, (Géog. anc.) ancienne ville de l’Espagne Tarragonoise selon Ptolomée, lib. II. ch. vj. qui la place chez les Celtibères, entre Turtasso & Biblis ; elle étoit considérable, & fut détruite dans le tems de l’invasion des barbares. De ses ruines qui sont auprès de Mérida, on en a bâti trois ou quatre bourgades. (D. J.)

NERVÉ, adj. terme de Blason. Il se dit de la fougere & autres feuilles dont les fibres & les nerfs paroissent d’un autre émail. Les anciens princes d’Antioche, d’argent à la branche ou feuille de fougere de synople, nervée d’or.

NERVER un livre, (terme de Relieur.) C’est en dresser les nerfs sur le dos & les fortifier avec bonne colle & parchemin, ce qu’on appelle autrement endosser un livre.

Nerver, v. a. (terme d’ouvriers,) Ce mot se dit aussi de divers ouvrages sur lesquels pour les fortifier, on applique avec de la colle des nerfs de bœufs battus & réduits en une espece de filasse. On nerve des panneaux de carrosse, des arçons de selle, des battoirs de longue & courte paume, &c. (D. J.)

NERVEUX, adj. (Anatomie.) tout ce qui a rapport avec les nerfs.

Nerveux, demi, s. m. (Anatomie.) C’est un des muscles fléchisseurs de la jambe, ainsi appellé parce que son tendon inférieur est long & ressemblant à un nerf ; il s’attache à la tubérosité de l’os ischium & s’unit avec la longue tête du biceps & va se ter-