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toujours proportionné au nombre de leurs divisions, & à leur éloignement du cœur. Il n’en est pas de même des nerfs qui grossissent en plusieurs endroits, & forment des tumeurs qu’on nomme ganglions. Les vaisseaux sanguins ne communiquent ensemble que dans leurs rameaux ; les nerfs se rencontrent à la sortie du crâne, du canal de l’épine, ou dans ses cavités. Leur exilité, leurs entrelacemens, leurs engagemens dans les membranes, & les ligamens qu’ils trouvent sur le passage, en rendent la poursuite très-difficile ; ils se dérobent pour lors aux recherches des mains & des yeux des meilleurs Anatomistes, & avant que de se cacher, ils ne fournissent pas moins de jeux de la nature dans leurs décours, que les vaisseaux sanguins qu’ils accompagnent ; mais il nous doit presque suffire d’en faire la remarque, & d’en citer quelques exemples pour preuve : un détail étendu seroit plus ennuyeux que profitable, & les réflexions que nous avons faites ailleurs sur cette matiere en général, trouvent ici leur application. Nous ajouterons encore qu’il ne faut compter en observations réelles de jeux des nerfs, que sur celles des grands maîtres de l’art ; telles sont les tables névrologiques d’Eustachius.

La division générale du nerf maxillaire en trois, n’est pas toujours constante ; car le premier de ces rameaux sous orbitaires, donne quelquefois un filet aux dents molaires supérieures.

Le nerf moteur externe donne quelquefois un filet nerveux double, & le nerf de la sixieme paire est quelquefois réellement double, ou fendu en deux avant son engagement dans la dure-mere.

Les filets postérieurs du tronc gauche du pléxus pulmonaire sont quelquefois plus considérables que les filets antérieurs du tronc droit.

Les deux nerfs accessoires de la huitieme paire jettent quelquefois des filets sans communication avec le ganglion, ni avec le plan antérieur.

L’union & le mélange plexiforme des cinq gros nerfs vertébraux, varient souvent dans les cadavres, ainsi que les six nerfs brachiaux qui en naissent, varient dans leur origine. Le nerf médian est dans quelques sujets formé par l’union de deux seules branches, au lieu de trois.

Les nerfs de l’os sacrum se comptent par paires, dont le nombre augmente quelquefois. L’entrelacement de la troisieme paire souffre aussi ses jeux.

Le nerf de la huitieme paire que Winslow appelle sympathique moyen, & d’autres la paire vague, donne comme on sait, une branche qui communique avec la neuvieme paire ; mais on a vû dans quelques sujets, cette branche communiquer avec le ganglion supérieur du nerf intercostal.

La paire occipitale, nommée la dixieme paire de Willis, a une origine différente dans plusieurs sujets ; quelquefois cette origine est double, & perce la dure-mere avec l’artere vertébrale, comme Eustachi l’a dépeinte. Tab. 17. fig. 2.

L’origine du nerf intercostal est encore une question. On peut, peut-être, regarder le filet qui vient de la sixieme paire, comme son principe, parce qu’on observe quelquefois par un jeu de la nature, que les filets du nerf ophthalmique, nommé par M. Winslow nerf orbitaire, ne s’y joignent pas. Ce nerf intercostal forme dans le bas ventre un ganglion très-considérable, qu’on a nommé mal-à-propos sémi-lunaire, puisque sa forme varie autant que sa grosseur. Le ganglion sémi-lunaire droit & gauche, sont quelquefois réunis en un seul ; quelquefois on en rencontre trois, quatre, & davantage.

Au reste, tous les pléxus hépatiques, spléniques, mésentériques, rénal, hypogastriques, qui viennent des filets du tronc de l’intercostal, varient si fort dans leur distribution, leur grosseur & leur nombre, que

ceux qu’on observe d’un côté, sont pour l’ordinaire très-differens de ceux qu’on observe de l’autre ; de sorte qu’il n’est pas possible de décrire de telles variétés, qui sont peut-être la cause de plusieurs mouvemens sympathiques particuliers à certaines personnes, & que d’autres n’éprouvent point au même degré.

Ajoutez que tous les nerfs de la moëlle épiniere, qu’on nomme cervicaux, au nombre de sept paires, grossissent après avoir percé la premiere envelope, & forment comme le nerf intercostal, des ganglions qui sont plus ou moins remarquables dans les différens sujets.

Enfin l’histoire des nerfs intestinaux est si composée, qu’il n’est pas possible de la donner ; car ils ont des origines & des distributions différentes presque dans chaque sujet. (D. J.)

Nerf, ou Nervure, par analogie aux nerfs des animaux, (Coupes des pierres.) est une arcade de pierre en saillie sur le nud des voûtes gothiques, pour en appuyer & orner les angles saillans par des moulures, & fortifier les pendentifs. Plusieurs églises gothiques ont des morceaux curieux en ce genre. L’église de saint Eustache à Paris, quoique bâtie vers le tems de la renaissance de l’Architecture, a sur la croisée des deux nerfs, un pendentif fort bien exécuté.

On donne différens noms aux nervures par rapport à leur situation ; celles qui traversent perpendiculairement, s’appellent arcs doubleaux, comme aa, bb, fig. 18 ; celles qui traversent diagonalement, s’appellent arcs d’ogives, comme b, ab ; celles qui traversent obliquement entre les arcs doubleaux & les ogives, s’appellent liernes & tiercerons, comme bo, bo, mo. (D)

Nerfs, (Jardinage.) les nerfs d’un végétal sont les tuyaux longitudinaux qui portent le suc nourricier dans les parties les plus élevées.

Nerf, (Maréchalerie.) on appelle improprement ainsi un tendon qui coule derriere les os des jambes. Ses bonnes qualités sont d’être gros & bien détaché, c’est-à-dire apparent à la vue, & détaché de l’os. Le nerf failli est celui qui va si fort en diminuant vers le pli du genou, qu’à peine le sent-on en cet endroit ; ce qui est un mauvais prognostic pour la force du cheval.

Nerf ferure, en termes de Manege ; signifie une entorse, une enflure douloureuse, ou une atteinte violente, que le cheval se donne aux nerfs des jambes de devant avec la pince des piés de derriere.

Nerf de cerf, (Vennerie.) c’est le membre qui sert à la génération.

Nerfs, s. m. pl. (Terme de Relieurs.) les Relieurs appellent de la sorte les ficelles ou petites cordes qu’ils mettent au dos de leurs livres, & sur lesquelles se cousent & s’arrêtent les cahiers dont ils sont composés.

Nerf de bœuf, (Terme de Sellier.) c’est le nerf séché qui se tire de la partie génitale de cet animal. Quand ce nerf est réduit en maniere de filasse longue de huit à dix pouces, par le moyen de certaines grosses cardes de fer, il s’emploie par les Selliers à nerver avec la colle forte, les arçons des selles & les panneaux des chaises & carosses ; il entre aussi dans la fabrique des batoirs propres à jouer à la paume. A Paris ce sont ces ouvriers qui le préparent, qui le portent vendre aux marchands merciers quincailliers, par paquets du poids d’une livre ; & c’est chez ces marchands, que les artisans qui en ont besoin les vont acheter. (D. J.)

NERGEL, ou NERGAL, (Critiq. sacrée.) voyez Buxtorf, dans son grand dictionnaire écon. 1396 & 1397. divinité des Cuthéens, peuples d’Assyrie, comme il paroît par un passage du II. liv. des Rois,