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gies internes & dans les cours de ventre opiniâtres, contre lesquels les astringens sont indiqués ; & encore ce syrop est-il souvent impuissant dans ces cas. Le syrop de myrte simple, que l’on prépare avec les sommités séchées de cet arbrisseau, ne possede les vertus du syrop de myrte composé qu’à un degré bien inférieur.

On retire du myrte une eau distillée simple, dans laquelle on cherche en vain la vertu astringente de la plante (car les principes astringens ne sont point volatils), & qui ne possede que les vertus communes des eaux distillées aromatiques. Cette eau a été connue dans les toilettes des dames, sous le nom d’eau d’ange.

Quant à l’usage extérieur : on fait bouillir les baies & les feuilles de myrte dans du gros vin, soit seules soit avec les herbes appellées fortes, pour en faire des fomentations & des lotions astringentes, fortifiantes, résolutives ; des gargarismes dans le relâchement extrème de la luette ; des incessus pour la chûte du fondement & de la matrice.

On prépare aussi, soit des baies, soit des petites branches fleuries, des huiles par infusion & par décoction, qui sont, sur-tout la derniere, véritablement résolutives, mais point astringentes.

Les baies de myrte entrent dans la poudre diamargariti frigidi ; le syrop simple, dans les pilules astringentes ; l’huile, dans l’emplâtre oppodeltoch. (b)

Myrte du Brabant, (Hist. nat. Bot.) myrtus brabantica. C’est une plante ou arbuste assez aromatique, qui croît dans les endroits marécageux, & sur-tout dans quelques provinces du Pays-Bas. Les Botanistes lui ont donné différens noms. Dodonaeus l’appelle chamoeleagnus ; c’est le cistus ledon, foliis rorismarini ferrugineis de C. Bauhin ; le ledum silesiacum de Clusius ; rosmarinum sylvestre, sive bohemicum de Matthiole, &c. Cette plante est d’une odeur très-forte ; elle est un peu résineuse, ce que l’on trouve lorsqu’on écrase ses sommités entre les doigts. Simon Pauli, célebre médecin danois, a cru que cette plante étoit la même que le thé des Chinois ; mais ce sentiment a été réfuté par le docteur Cleyer, dont la lettre est insérée dans le IV. volume des acta hafniensia. Il est certain que les feuilles de cette plante, séchées, & ensuite infusées comme du thé, ont un goût très différent, mais qui n’est point désagréable. Les Flamands nomment cette plante gagel ; les gens de la campagne en mettent dans leurs paillasses pour écarter les punaises, mais il est à craindre que son odeur qui est très-forte, n’empêche de dormir ceux qui auroient recours à ce remede. On dit qu’en mettant cette plante dans de la biere, elle enivre très-promptement ; & que par-là, non-seulement elle ôte la raison, mais encore qu’elle rend insensés & furieux ceux qui en boivent.

MYRTEA, (Mythol.) surnom de Vénus, à cause du myrte qui lui étoit consacré :

Formosæ Veneri gratissima myrtus.

(D. J.)

MYRTETA, (Géog. anc.) c’étoient, dit Ortelius, des bains chauds en Italie, au voisinage de la ville de Baies. Ils tiroient, continue-t-il, leur nom d’un bois de myrtes qui étoit auprès de la ville, & qui contribuoit à rendre ces bains si délicieux, qu’on n’y alloit pas moins pour le plaisir que pour la guérison des maladies. Horace en fait mention dans ses épitres, l. I. cp. xv. vers. 5. en ces mots, sane myrteta relinqui. Je crois, pour moi, que ces bains de Baies, myrteta, étoient de pures étuves, où les vapeurs soutrées qui s’exhalent de la terre, causent une chaleur seche qui provoque la sueur.

Celse, l. II. c. xvij. parle de ces étuves de Baies d’une maniere décisive en faveur de mon opinion ; car il s’exprime ainsi : sieut calor est, ubi à terra profusus calidus vapor oedisisio includutetur, sicut super Balas in myrtetis habemus. (D. J)

MYRTIFORME, Caroncules myrtiformes, en Anatomie, petites caroncules, ou corps charnus qui se joignent à l’hymen dans les femmes, ou plutôt qui sont dans l’endroit où a été l’hymen. Voyez nos Pl. d’Anat. & leur explicat. voyez aussi Caroncule.

Elles sont à peu près de la grosseur des baies de myrte, d’où elles prennent leur nom ; quelques auteurs croient qu’elles sont plus grandes dans les filles, & qu’elles deviennent peu à peu plus petites dans les femmes.

D’autres les font venir, avec plus de probabilité, des membranes rompues de l’hymen, dont ils croient que ce sont des fragmens retirés. Voyez Hymen.

MYRTILLE, s. m. (Hist. nat. Bot.) Nous nommons aussi cette plante airelle ; & c’est sous ce nom qu’on en a donné les caracteres.

L’airelle ou le myrtille est le vicis idoea, foliis oblongis, crenatis ; fructu nigricante, de C. B. P. 270. & de Tournefort, Inst. rei herbar. 608. C’est encore le vaccinium caule angulato, foliis ovatis, serratis, deciduis, de Linnæus ; Hort. Cliffort, 148 ; en anglois, the wortle-with black, fruit.

Sa racine est menue, ligneuse, dure, & rampe souvent sous terre. Elle pousse un petit arbrisseau haut d’un à deux piés, qui jette plusieurs rameaux grêles, anguleux, flexibles, difficiles à rompre, couverts d’une écorce verte. Ses feuilles sont oblongues, grandes comme celles du buis, mais moins épaisses, vertes, lisses, ou légérement dentelées en leurs bords. Ses fleurs nées dans les aisselles des feuilles, sont d’une seule piece, rondes, creuses, faites en grelots attachés à de courts pédicules, d’un blanc rougeâtre. Quand ces fleurs sont passées, il leur succede des baies sphériques, molles, pleines de suc, grosses comme des baies de genievre, creusées d’un nombril, d’un bleu foncé ou noirâtre, & d’un goût astringent tirant sur l’acide agréable. Elles renferment plusieurs semences assez menues, d’un rouge-pâle.

Cette plante vient en terre maigre, aux lieux incultes, dans les bois montagneux, parmi les bruyeres & les broussailles, dans les vallées désertes, humides & ombrageuses. Elle fleurit en Mai, & les fruits mûrissent en Juillet.

On tire le suc de cette plante, & on en fait un syrop ou un rob agréable. On rougit les vins blancs de ce même suc, & l’on en peut tirer d’autres partis dans les Arts. (D. J.)

MYRTOS, (Géog. anc.) île de la mer Égée, au midi occidental de la pointe la plus méridionale de l’île Eubée. Pline, l. IV. c. xj. dit qu’elle donnoit son nom à cette partie de la mer Égée qu’on appelloit Myrtoum mare, voyez à Mare, l’article Mare myrtoum. (D. J.)

MYRUS, nom qu’on a donné au mâle de la murene, Rondelet, Histoire des Poiss. part. I. l. XIV. ch. v. Voyez Murene, poisson.

MYSE, ou MYSA, (Géog.) riviere d’Allemagne en Bohème. Elle a sa source aux confins du palatinat de Baviere, & se perd dans le Muldaw, un peu au-dessus de la ville de Prague. (D. J.)

MYSIE, (Géog. anc.) Mysia, contrée de l’Asie mineure, qui s’étendoit dans les terres vers la Propontide, la Phrygie, le fleuve Hermus, & la chaîne la plus orientale du mont Ida ; c’est aujourd’hui une partie de la petite Aidide.

Les Mysiens y formoient deux provinces, resser-