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donc pas écrire Martianopolis. Holstenius prétend que c’est aujourd’hui Preslaw, ville de la basse Bulgarie, aux confins de la Romanie.

MARCIGNI, (Géogr.) petite ville de France en Bourgogne, au diocèse d’Autun. C’est la patrie de M. du Ryer, sieur de Malézair, dont j’ai parlé au mot Maconnois. Elle est la vingt-deuxieme qui députe aux états de Bourgogne, & est située près de la Loire, dans un pays fertile en bles. M. Baillet nomme cette ville Marsigni-les-Nonains ; Garraut écrit Marcigny, & l’appelle en latin Marcigniacum. Long. 22. 20. lat. 46. 18.

MARCINA, (Géogr. anc.) ville d’Italie entre Sirénuse & Posidonie, selon Strabon, liv. V. Cluvier croit que c’est le lieu qu’on appelle aujourd’hui Victri, sur la côte de Salerne. (D. J.)

MARCIONITES, s. m. pl. (Théol.) nom d’une des plus anciennes & des plus pernicieuses sectes qui aient été dans l’Eglise. Elle étoit répandue au tems de saint Epiphane dans l’Italie, dans l’Egypte, la Palestine, la Syrie, l’Arabie, la Perse, & dans plusieurs autres pays.

Marcion, auteur de cette secte, étoit de la province du Pont ; c’est pourquoi Eusebe l’appelle le loup du Pont. Il étoit fils d’un très-saint Eveque, & des sa jeunesse, il fit profession de la vie monastique ; mais ayant débauché une vierge, il fut excommunié par son propre pere, qui ne voulut jamais le rétablir dans la communion de l’Eglise, quoiqu’il se fût soumis à la pénitence. C’est pourquoi ayant abandonné son pays, il s’en alla à rome, où il sema ses erreurs au commencement du pontificat de Pie I. vets la cinquieme année d’Antoin le Pieux, la quarante-troisieme de Jesus-Christ. Il admettoit deux principes ; un bon & un mauvais ; il nioit la vérité de la naissance, de l’incarnation & de la passion de Jesus-Christ, & prétendit que tout cela n’étoit qu’apparent. Il croyoit deux Christs, l’un qui avoit été envoyé par un dieu inconnu pour le salut de tout le monde ; l’autre que le créateur devoit envoyer un jour pour rétablir les Juifs. Il nioit la résurrection des corps, & il ne donnoit le baptême qu’aux vierges, ou à ceux qui gardoient la continence ; mais il soutenoit qu’on pouvoit être baptisé jusqu’à trois fois, & souffroit même que les femmes le conférassent comme ministres ordinaires de ce sacrement ; mais il n’en altéroit pas la forme, ainsi que l’ont remarqué saint Augustin & Tertullien, aussi l’Eglise ne le jugeoit-elle pas invalide.

Comme il suivoit les sentimens de l’hérétique Cerdon, il rejettoit la loi & les prophetes. Il prétendoit que l’Evangile avoit été corrompu par de faux apôtres, & qu’on se servoit d’un exemplaire interposé. Il ne reconnoissoit pour véritable Evangile que celui de saint Luc, qu’il avoit altéré en plusieurs endroits, aussi-bien que les épitres de saint Paul, d’où il avoit ôté ce qu’il avoit voulu. Il avoit retranché de son exemplaire de saint Luc les deux premiers chapitres Dict. de Trévoux.

Les Marcionites condamnoient le mariage, s’abstenoient de la chair des animaux & du vin, & n’usoient que d’eau dans le sacrifice. Ils jeûnoient le samedi en haine du créateur, & ils poussoient la haine de la chair jusqu’à s’exposer eux-mêmes à la mort, sous prétexte de martyre. Leur hérésie dura longtems, malgré les peines décernées contr’eux par Constantin en 326 ; & il paroit par Théodoret que dans le cinquieme siecle, cette secte étoit encore très-nombreuse.

MARCITE, s. m. (Théolog.) nom de secte. Les Marcites étoient des hérétiques du deuxieme siecle, qui se nommoient les parfaits, & faisoient profession de faire tout avec une entiere liberté, & sans aucune crainte.

Ils avoient hérité cette doctrine de Simon le Magicien, qui ne fut pourtant pas leur chef ; car ils furent nommés Marcites d’un hérésiarque appellé Marcus, ou Marc, qui conféroit le sacerdoce, & attribuoit l’administration des sacremens aux femmes. Dict. de Trevoux.

MARCK, la (Géogr.) en latin Marchiæ comitatus, contrée d’Allemagne dans la Westphalie, avec titre de comté. Elle est possédée par le roi de Prusse, électeur de Brandebourg. Les villes du pays de la Marc, sont Ham, Werden, Soest, Dortmund, Essen. Ce pays est traversé par la Roer, la Lenne, & la Wolme, qui s’y joignent ensemble. Il est encore arrosé par l’Emser & la Lippe. Il portoit autrefois le nom d’Altena, bourgade sur la Lenne. Le nom qu’il porte aujourd’hui lui vient d’un château situé près, & au sud-est de la ville de Ham, qui passe pour sa capitale. Il ne faut pas le confondre avec la Marche de Brandebourg, que les Allemands appellent aussi Marck, & que nous nommons en françois la Marche de Brandebourg. Voyez Brandebourg, (Géogr.)

MARCODURUM, ou MARCOMAGUS, (Géog. anc.) ces deux noms signifient un même lieu, qui étoit sur la Roër, riviere des pays-bas. Duren & Magen, dit Cellarius, sont des mots celtiques, qui signifient le passage d’une riviere. Marcodurum est la ville de Duren, qui dans la suite fut appellée Marcomagus, village dans l’itinéraire d’Antonin & dans la table de Peutinger, sur la route de Cologne à Treves.

MARCOLIERES, subst. f. pl. (Pêche.) terme de pêche usité dans le ressort de l’amirauté de Poitou, ou des sables d’Olonne. Ce sont les filets avec lesquels on fait la nuit & pendant l’hiver, la pêche des oiseaux marins. D’autres nomment ces filets alourets & alouraux ; mais on les appelle marcolieres, parce qu’on y pêche des macreuses.

MARCOMANS, les (Géogr. anc.) Marcomani, ancien peuple de la Germanie, où ils ont habité différens pays. Spener croit ce mot formé de marck & de manner, deux mots allemands, qui signifient des hommes établis pour la garde & la défense des frontieres.

On conjecture avec probabilité, que la demeure des Marcomans étoit entre le rhin & le Danube. Cluvier a tâché de marquer les bornes précises du pays des Marcomans. Il dit que le Nécre bornoit la Marcomanie au nord ; que le Kocker qui se joint au Nécre, & le Brentz qui se jette dans le Danube, la bornoient à l’orient, le Danube au midi, & le Rhin à l’occident. Tout cela est assez vraissemblable. De cette façon les Marcomans auroient possédé les terres que comprend le duché de Wirtemberg, la partie du Palatinat du Rhin qui est entre le Rhin & le Nécre, le Brisgaw, & la partie du duché de Souabe, située entre la source du Danube & le Brentz.

MARCOPOLIS, (Géogr. anc.) ville de Grece à l’orient d’Athènes, à l’entrée de l’Euripe. C’est présentement un village de vingt ou trente maisons, que Wheler appelle encore Marcopoli, & Spon Marcopoulo. (D. J.)

MARCOSIENS, s. m. (Théolog.) nom de secte ; anciens hérétiques du parti des Gnostiques. Voyez Gnostique.

Saint Irenée parle fort au long du chef de cette secte nommé Marc, qui étoit réputé pour un grand magicien. Le fragment de ce saint, qui mérite d’être lû, se trouve en grec dans S. Epiphane. Il renferme plusieurs choses très-curieuses touchant les prieres ou invocation des anciens Gnostiques. On y voit des vestiges de l’ancienne cabale juive sur les lettres de l’alphabet, & sur leurs propriétés, aussi-bien que sur les mysteres des nombres ; ce que les Juifs & les