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table de plomb dans le bas, se relevent en écumant. (K)

Mouton, s. m. Machine à enfoncer des pieux en terre. Voyez les Pl. de Charp. & leur explic.

Moutons de devant, terme de Charron, ce sont les deux montans qui servent pour former le siege du cocher : ils sont enchâssés dans des mortaises pratiquées sur le lisoir de devant.

Moutons de derriere, terme de Charron, ce sont deux pieces de bois qui sont enchâssées par en-bas dans le lisoir & qui sont surmontées par l’entretoise. Ces trois pieces assemblées sont tant pour l’ornement d’un carrosse, que pour aider les domestiques à monter derriere, & leur servir de garde-fou. Voyez la figure Pl. du Sellier.

Mouton (Fonte des cloches.) forte piece de bois à laquelle la cloche est suspendue par ses ances ; cette piece est terminée par deux tourillons de fer qui roulent sur les crapaudines ou couettes placées dans le beffroi, en sorte que la cloche peut balancer librement. Voyez la fig. 6. Pl. de la Fonderie des cloches, & L’article Fonte des cloches.

Mouton, (termes de riviere) c’est dans une sonnette un bout de poutre freté, ou un lourd billot de bois, & qu’on leve à force de bras. La hye est différente du mouton en ce qu’elle est plus pesante & qu’on la leve avec un moulinet.

MOUTONNAGE, s. m. (Jurisprud.) terme de coutume qui signifie un certain droit que le seigneur leve sur ceux qui vendent ou achetent des moutons dans l’étendue de son fief. (A)

MOUTONNER, (Marine.) la mer moutonne. Voyez Mer.

MOUTURE, s. f. l’action de moudre, de broyer, de réduire en poudre les matieres friables.

On se sert principalement de ce mot pour exprimer la conversion des grains en farine. La mouture est plus ou moins bonne, suivant les moulins dont on se sert. Tous ne sont pas également propres à produire la plus belle farine ; d’ailleurs la qualité de la farine dépend encore de la maniere de moudre, & elle est plus ou moins supérieure, suivant que l’on fait moudre plus ou moins bas.

Les progrès de nos connoissances n’ont pas été moins lents sur cette partie que sur les autres. Les besoins & la conservation de l’être physique ont dû fournir le premier & le principal objet de l’attention des hommes : à partir de ces principes, on jugeroit que nos découvertes sur les moyens de pourvoir à l’un & à l’autre ont dû être très-rapides & très-étendus ; mais les arts les plus utiles ne sont pas ceux que l’on a perfectionnés les premiers ; le besoin les a fait naître avant les autres ; bien-tôt l’abondance & le luxe ont fait préferer ceux d’agrémens : on les a portés très-loin, tandis que les premiers très-nécessaires sont restés sans accroissemens, abandonnés à des mains mercenaires, à des ouvriers grossiers, incapables de connoitre les principes de leurs opérations, & de réfléchir sur la fin qu’elles doivent avoir.

Il n’y a pas long-tems que l’on ignoroit encore une maniere de moudre les blés & autres grains destinés à la subsistance des hommes, suivant laquelle une même quantité de grains produit en farine environ un quinzieme de plus que la mesure ordinaire par la mouture actuelle & ordinaire.

Le sieur Malisset, boulanger de Paris, artisan distingué, vient de prouver par des expériences de cette nouvelle méthode, faites à la fin de 1760, & au commencement de 1761, dans les hôpitaux de Paris, & sous les yeux des premiers magistrats de police, que l’on pouvoit œconomiser par année 80000 liv. sur la dépense que sont les hôpitaux pour le pain qui se consomme par les pauvres, & cepen-

dant leur en fournir d’une qualité infiniment supérieure,

plus nourrissant & sur-tout plus agréable, & aussi blanc que celui qui se mange dans toutes les maisons particulieres.

Quand il n’en devroit résulter que ce bien en faveur des pauvres, c’en seroit toujours un fort grand que d’avoir enseigné les moyens de les en faire jouir ; mais si cette importante œconomie devoit encore tourner à leur avantage, & servir à améliorer le traitement qu’on leur fait sur les autres parties de leur nourriture, il faudroit joindre à l’estime que l’on doit au sieur Malisset tous les éloges que mériteroient les effets de son zele. Il n’est pas l’inventeur de cette méthode, elle est pratiquée pour environ un tiers des farines qui se consomment à Paris ; il y a déja long-tems que l’usage en est établi dans la Beauce, & dans quelques autres provinces ; mais elle étoit si peu connue à Paris, que les hôpitaux même qui ont un si grand intérêt d’œconomiser, l’ignoroient : il faut donc savoir gré à celui qui s’est donné des soins pour en étendre la connoissance, & qui a eu assez de courage pour s’exposer à toutes les contrariétés qu’on doit s’attendre à éprouver lorsqu’on entreprend de changer d’anciens usages pour y en substituer des meilleurs.

Nous allons donner le détail du produit des grains convertis en farine par l’une & l’autre maniere.

Nous appellerons la derniere mouture par œconamie : on jugera par la différence des produits, des avantages de cette derniere méthode.

Nous nous servirons pour ces appréciations de la mesure de Paris, comme la plus connue, tant pour les grains que pour les farines.

Les farines se vendent à la mesure, & la plus ordinaire est le boisseau ; mais on désigne les grosses quantités, celles qui s’exposent & qui se consomment en total sur les marchés, par le nombre des sacs.

Un sac de farine, suivant l’usage de la halle de Paris, doit être de 325 liv. pesant.

On emploie pour le produire deux setiers de blé pesant 240 liv. chacun, suivant l’évaluation ordinaire du poids de cette mesure.

Il ne faut entendre dans tout ce que nous dirons des farines que celles de froment : les proportions seront faciles à établir pour les autres especes de grains, si l’on juge à propos d’en faire l’opération.

Les deux setiers de blé que l’on a déja dit peser en total 480 liv. produisent par la mouture ordinaire & généralement pratiquée jusqu’à présent, 325 à 327 liv. de farine, 125 liv. de son.

La farine est de trois especes.

La premiere que l’on appelle farine de blé, ou fleur de farine, consiste en 170 liv. qui sait environ moitié des 325 liv. de produit au total.

La seconde, d’une qualité très-inférieure, forme à-peu-près 80 liv. pesant.

Le surplus se divise en deux parties : la premiere, de grain blanc ; la seconde, de grain gris.

On sépare le son en trois classes : les premiers que l’on appelle sons proprement dits, s’emploient ordinairement à la nourriture des chevaux.

Les seconds qu’on nomme les recoupes, se consomment par les vaches ou autres bestiaux d’une espece à-peu-près semblable.

Les troisiemes sont les recoupettes : les Amidonniers en tirent encore suffisamment de farine pour fabriquer la poudre à poudrer & l’amidon.

La même quantité de grain par la mouture œconomique, c’est-à-dire par la nouvelle méthode, produit 340 liv. de farine de quatre especes.

170 livres ou moitié de farine pure, ou fleur de farine.

L’autre moitié se divise en farine de premier grain,