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lin, pour être écrasées par la meule B, & réduites en ce que l’on appelle pâte, que l’on met dans une auge C, qui est auprès du pressoir. On réitere cette opération quatre fois, ce qui fait la quantité de pâte nécessaire pour remplir les cabacs ; après quoi on exprime l’huile de la maniere suivante.

Par le moyen de la visse D, ayant élevé l’arbre FG sur les clés ou solives E, dont les mortoises des petites jumelles dites serres N, sont remplies, ensorte que le point F de l’arbre soit plus élevé que le point G, pour laisser la commodité de manœuvrer ; on remplit les cabacs de pâte, & on les empile au nombre de quarante-huit, comme se voit au point H ; cela fait on abaisse le point F, ce qui faisant porter l’arbre sur la pile de cabacs, donne moyen de placer les clés I dans les mortoises des grandes jumelles L, & d’ôter celles E des petites jumelles N. Alors tournant la visse au sens contraire, on abaisse le point G jusques à ce que l’arbre appuyant au point H sur la pile des cabacs, celle-ci résiste, & la visse D pour lors continuant d’être tournée dans son écrou O jusques à ce qu’elle soit montée à son colet, tient le massif P suspendu. Si venant à descendre par son poids il appuie son pivot Q sur la crapaudine R, il faut relever le point G de l’arbre pour donner moyen de mettre une autre clé I dans les mortoises des grandes jumelles L ; & la compression sur les cabacs est portée à son dernier période lorsque le massif P reste suspendu. Alors l’huile coule dans une cuvette S pleine d’eau jusques aux deux tiers, à côté de laquelle il y en a une autre T, où se place l’homme qui ramasse l’huile d’abord avec une cuilliere ou casserole de cuivre V, & ensuite avec une lame de cuivre X, pour ne point prendre d’eau. Après quoi par un robinet on fait passer l’eau de la cuvette S dans l’autre T, d’où elle va se rendre dans un réceptacle dit les enfers Y. Ce réceptacle étant plein, se décharge à mesure de la nouvelle eau qui vient, par un tuyau de fer blanc dit chantepleure Z, qui la puisant à cinq pans de profondeur ne vuide pas l’huile qui surnage. Voyez les Pl. d’Agriculture.

Moulin a scier le bois, est une machine par le moyen de laquelle on refend les bois soit quarrés ou en grume. Le méchanisme d’un moulin à scier se réduit à trois choses : 1°. à faire que la scie hausse & baisse autant de tems qu’il est nécessaire, 2°. que la piece de bois avance vers la scie, 3°. que le moulin puisse s’arrêter de lui-même après que les pieces sont sciées. Il y a des moulins de différentes constructions, & même on peut employer à cet usage la force du vent.

Celui dont il va être question est mû par un courant : une roue à aubes A de douze piés de diametre, placée dans un coursier, en reçoit l’impression, & devient le moteur de toute la machine ; l’arbre de cette roue placé horisontalement, porte l’hérisson B de cinq piés de diametre garni de trente-deux dents, qui engrene dans une lanterne C de huit fuseaux : l’arbre de cette lanterne est coudé ; ce qui forme une manivelle d’environ quinze pouces de rayon, dont le tourillon est embrassé par les collets de fonte qui remplissent le vuide de la fourchette pratiquée à la partie inférieure D de la chasse DE, d’environ huit piés de longueur : la partie supérieure E de cette chasse est assemblée à charniere avec la traverse inférieure du chassis de la scie ; toutes ces pieces sont dans la cave du moulin.

Sur le plancher du moulin sont fixées deux longues coulisses fg, fg, composées chacune d’une piece de bois évuidée en équerre, & deux fois aussi longues que le chariot auquel elles servent de guide ; leur direction est perpendiculaire à celle-de l’axe de la roue à aubes, & aussi au plan du chassis de la scie.

Le chariot est aussi composé de deux brancards ou

longues pieces de bois hk, hk, de neuf à dix pouces de gros, unies ensemble par des entretoises de trois piés ou environ de longueur : ce chariot peut avoir trente ou trente-six piés de long ; il est garni de roulettes de fonte de quatre pouces de diametre, espacées de deux piés en deux piés pour faciliter son mouvement le long des longues coulisses qui lui servent de guide ; ces roulettes sont engagées dans la face inférieure du chariot qu’elles desafleurent seulement de quatre lignes : il y a aussi de semblables roulettes encastrées dans les faces latérales extérieures du chariot ; ces dernieres roulent contre les faces latérales intérieures des longues coulisses, & servent à guider en ligne droite le mouvement du chariot.

A côté & au milieu des longues coulisses, sont placées verticalement deux pieces de bois lm, lm, de douze piés de longueur, évuidées aussi en équerre comme les longues coulisses, & qui en servent en effet au chassis de la scie ; ces pieces sont fixées par de forts boulons de fer qui les traversent aux faces latérales de deux poutres, dont l’inférieure fait partie du plancher au-dessus de la cave, & l’autre fait partie d’une des fermes du comble qui couvre l’attelier dans lequel toute la machine est renfermée.

Le chassis de la scie est composé de deux jumelles no, no, de huit piés de longueur, assemblées par deux entretoises nn, oo, dont l’inférieure oo est racordée à charniere avec la châsse DE : la supérieure nn est percée de deux trous dans lesquels passent les boulons à tête & à vis pp, par le moyen desquels on éleve une troisième entretoise mobile par ses extrémités terminées en tenons dans deux longues rainures pratiquées aux faces intérieures des jumelles du chassis ; c’est par ce moyen que l’on bande la feuille ou les feuilles de scie, car on en met plusieurs qui sont arrêtées haut & bas par des étriers de fer qui embrassent l’entretoise inférieure & l’entretoise mobile dont on vient de parler. Il faut remarquer aussi que le plan du chassis répond perpendiculairement sur l’axé de la lanterne E, dont la manivelle communique le mouvement vertical au chassis de la scie.

Le chassis de la scie est retenu dans les feuillures de ses coulisses par des clés de bois, trois de chaque côté ; ces clés dont la tête en crossette recouvrent de deux pouces le chassis, & sont arrêtées aux coulisses après les avoir traversées par des clavettes qui en traversent les queues.

Les faces intérieures des coulisses du chassis de la scie sont revêtues de regles de bois d’environ dix pouces d’épaisseur ; ces regles sont mises pour pouvoir être renouvellées lorsque le frottement du chassis les ayant usées, il a trop de jeu, & ne descend plus bien perpendiculairement, sans quoi il faudroit réparer ou rapprocher les coulisses qui sont fixes à demeure. Ces regles aussi bien que toutes les autres parties frottantes de cette machine, doivent être graissées ou enduites de vieux-oing.

Pour refendre une piece de bois, soit quarrée ou en grume, on la place sur le chariot, où on l’affermit dans deux entailles pratiquées à deux coussinets ; ces coussinets sont des morceaux de madriers entaillés en-dessous de maniere à entrer d’environ deux pouces entre les brancards du chariot, & au milieu en-dessus d’une entaille assez grande pour recevoir en tout ou en partie la piece de bois que l’on veut débiter ; c’est dans ces entailles qu’elle est affermie avec des coins ou avec des crochets de fer. Les coussinets sont aussi fixés sur les brancards, le long desquels ils sont mobiles par des étriers, dont la partie inférieure embrasse le dessous des brancards, & la supérieure les coins, au moyen desquels on affermit les coussinets à la longueur des pieces que l’on veut refendre, ou bien on fixe les coussinets par des vis