Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/806

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vent est de 750 livres, à prendre cette résistance à la branche du piston H.

Mais comme le levier G, appliqué à cette branche du piston, a son point d’appui 4, distant du piston de 6 piés 9 pouces, & que le mobile 8, appliqué à l’autre extrémité du même levier, est distant de la branche du piston H de 3 piés & 3 pouces ; le mobile F n’est plus chargé que des 27 quarantiemes de la somme totale : ainsi, la barre de fer F ne sera plus chargée que de 460 livres, aulieu de 750 ; conséquemment le levier D qui supporte la barre de fer au point 5, n’est chargé que de la somme de 460 livres.

Mais ce levier D a son point d’appui 6 à 6 piés 6 pouces du point de la résistance 5 ; & le mobile ou la corde E appliquée à l’autre extrémité 7 du même levier, est distant de la résistance 5 de 4 piés 9 pouces. Le mobile ou la corde E n’est plus chargé au point 7 que de 26 quarante-cinquiemes ; ainsi aulieu de 460 que pese la branche de fer au point 5, la corde E, qui représente le mobile du moulin ou la puissance, n’a plus à supporter qu’un fardeau de 340, le tout à compter rondement.

Le levier supérieur C perd partie de ces avantages, lorsque le rouleau 1 ou 2 agissent sur lui : car lorsqu’un de ces rouleaux commence à l’élever, il suffit qu’il soit mu avec une force égale à 340. Mais à mesure que ce rouleau avance, il s’éloigne du point de la résistance, ou de la corde E qui la représente, & cette résistance devient plus considérable à mesure qu’il avance vers le point d’appui 9 du même levier : ensorte qu’étant parvenu à échaper l’hoche 3, la résistance augmentée est en effet de 460, comme nous l’avons trouvé être au point 5 du même levier D, tous deux au centre de la tour.

Le moulin étant en mouvement par l’action du vent, doit donc faire un effort de 460 pour élever l’eau. Pour faire cet effort, on a employé quatre aîles, qui sont des leviers de 25 piés de longueur, lesquels prennent la résistance par les rouleaux 1 & 2, qui sont à 4 piés du centre A, où est le point d’appui des aîles ; par conséquent le vent agissant sur les aîles avec un effort égal à 4 vingt-cinquiemes de 460 ou à 78 livres, enleveroit ces 460 livres, & donneroit le mouvement à la pompe, si ce n’étoit les frottemens de l’arbre tournant sur lui-même, qui sont peu considérables, d’autant que cet arbre est en équilibre sur son marbre 75 fig. 3 de la III. Pl. c’est-à-dire, que la tête de l’arbre joint aux aîles, font équilibre avec le reste de l’arbre à l’endroit où cet arbre porte sur son marbre, qui en est le centre.

Un homme seul qui prend les aîles l’une après l’autre par leur extrémité, fait marcher le tout, & pompe de l’eau sans être aidé par l’action du vent ; mais il ne peut supporter ce travail que pour 3 ou 4 coups de pompe, l’effort qu’il est obligé de faire étant d’environ 90 à 95 livres.

L’effort à faire sur les aîles par l’extrémité du bras pour donner le mouvement au moulin, étant évalué à 95 livres, un vent qui pousse une des aîles avec une force de 25 suffira, & la fera tourner librement.

Pour recevoir le vent capable d’opérer, on a donné à chaque aîle un volant de 8 piés de large & de 18 piés de long, que nous avons vu, II. Planche, garnis de toile, lesquels présentent au vent, dans la position la plus avantageuse, ainsi que nous l’avons dit, fig. 4. de la IV. Pl. une surface de 576 piés de toilé carrée, qui le font agir au plus petit vent qu’il soit possible ; objet qu’on s’étoit proposé dans la construction de ce moulin destiné à fournir en été l’eau nécessaire aux agrémens & aux arrosemens

d’un terrein sablonneux & brûlant. On-parlera du produit de cette machine en parlant de la pompe à la V. Planche.

Des parties de la machine, Planche III. fig. 1. Le levier supérieur C porte un contrepoids de plomb 22 fixé à l’extrémité ; il paroît hors de la tour à 6 piés de distance du point d’appui 9 : son poids doit être tel, que tout ce qui pese vers le piston de la pompe H, lorsque les leviers retombent, ne pesent que 25 à 30 livres ; celui de cette machine, qui est ainsi reglé, pese environ 180 livres. Ce contrepoids reçoit des secousses considérables lors des grands vents, ce qui oblige de l’attacher avec précaution, & d’employer de forts écrous avec des clavettes derriere pour le fixer, autrement les écroux s’ébranleroient, & le contrepoids tomberoit. Il faut que ce comme-poids n’ait nul jeu dans ses attaches, si ce n’est dans la charniere, qu’il faut très-forte.

A ce même levier C on voit une hoche 3 qui sert à deux usages essentiels : le premier est lorsque le rouleau 1 a dépassé cette hoche, le levier a la liberté de retomber incessamment vers son point ; que si le levier étoit sans hoche, il seroit soutenu par le rouleau, un tems qui seroit perdu & qui seroit préjudiciable, parce que dans les grands vents ce levier C n’auroit pas le temps de revenir à son point, le rouleau 2 le devanceroit & le joindroit pendant sa chûte avec un grand bruit, elle en diminueroit l’effet, d’autant que le mouvement de ce levier & de toute la machine seroit raccourci.

C’est cet excès de mouvement & ce choc qui arrivent lorsque le garde du moulin est éloigné, qui ont obligé de mettre aux aîles les arboutans dont nous avons parlé à la II. Pl. qqqq ; ces aîles souffrent beaucoup de ce contre-coup, qui les met en danger de rompre. Au moyen de l’hoche 3 du levier C, ces contre-coups sont plus rares, moins forts ; & si le garde-moulin est surpris par la violence du vent, les arboutans qqqq de la II. Pl. mettent les ailes en état de les supporter.

Le second usage de cette hoche 3 du levier C est lorsque le gardien du moulin, qui s’éloigne volontiers, est surpris par quelque changement de vent qui, venant à prendre les aîles par-derriere, les obligent ce tourner en sens contraire : on sait par expérience que la machine va très-bien en sens contraire, & qu’elle éleve l’eau, comme si le mouvement se faisoit du bon côté ; mais ce ne peut être qu’au dommage de la machine, qui se trouve forcée en plus d’un point. Cette hoche y remédie parfaitement ; le rouleau 2 agissant alors en sens contraire, est porté vers le levier C, où rencontrant l’hoche 3 il y est arrêté jusqu’à ce que les ailes étant exposées au vent reprennent le sens qu’elles doivent suivre.

A l’extrémité intérieure de ce même levier C, vers le rouleau 1, on a donné une inclinaison considérable à la partie de ce levier, qui reçoit ce rouleau afin de prémunir des deux pieces du choc, trop rude lorsque les grands vents les portent avec violence l’un vers l’autre.

On voit au dessus du levier C les lignes ponctuées c, qui représentent le même levier lorsqu’il est porté par le moulin à son plus haut degré d’élevation. Ces lignes font voir de combien est grande cette élevation, & en même tems qu’il faut pratiquer dans le comble une ouverture entre deux chevrons pour laisser passer le bout de ce levier lorsqu’il est élevé.

Les leviers C & D ont leur point d’appui 9 & 6 entre les jumelles K & k, lesquelles jumelles sont de 6 pouces d’échantillon en leur partie supérieure, solidement arboutée par les pieces de charpente 11 & 66 : on réduit l’échantillon de ces jumelles à quatre pouces pour les faire passer dans la poutre 13, afin d’enfermer la partie k de la même jumelle où