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dedans du moulin, & l’autre l’assujettit au point où il doit tourner sur lui-même.

76, fig. 2 & fig. 3, sont deux pieces de bois bien attachées à la charpente, dans lesquelles on a pratiqué un passage garni de fer où l’arbre tournant est emprisonné par une hoche faite vers le bout, de sorte qu’il ne peut varier, mais on lui conserve la liberté de tourner librement sur lui-même. Derriere le bout de l’arbre est une piece de bois 77, fig. 2 & fig. 3, incrustée dans les poutres qui la supportent, où elle est solidement attachée avec un lien de fer. Cette piece porte une sorte pointe de fer, acérée par son extrémité, polie & large d’un pouce ; cette pointe a de bons épaulemens qui l’empêchent d’entrer dans la piece de bois 77 plus qu’elle ne doit. Cette sorte de pointe arboute & porte contre une piece plate d’acier 78, de 6 lignes d’épaisseur, qui est au bout de l’arbre tournant qu’elle empêche de reculer lorsqu’il tourne.

Les parties de l’arbre tournant qui frottent soit au collet 67, soit dans la prison 76, sont garnies de lames de fer d’un pouce de large sur 3 lignes ; on les a incrustées dans l’arbre même de toute leur épaisseur, à un pouce de distance les unes des autres, de sorte que cet arbre porte sur des parties qui sont moitié de bois, moitié de fer, par lesquelles il est très-bien préservé de l’usure des frottemens, si on les enduit souvent de vieux-oing. Au surplus, cet arbre est fortifié des ferrures, telles qu’on les voit, fig. 3.

Des aîles. L’arbre tournant doit avoir 18 pouces d’échantillon vers la tête A, les ailes y sont assemblées par couples. 79 est une piece de bois nommée entre-but, laquelle passe au-travers de l’arbre A ; elle est destinée à recevoir deux bras des aîles 80, qui sont attachés sur l’entre-but avec des étriers de fer & des chevilles qui les traversent.

Le trou 81 qui reste à remplir à l’arbre A, est le lieu par où doit passer le deuxieme entre-but, lequel doit porter les deux autres bras des aîles. Le tout étant placé, & les aîles étant bien en équilibre entr’elles, on introduit deux coins en 81, c’est-à-dire, un en-dessous, & l’autre en-dessus de l’ouverture par où doit passer le dernier entre-but. Lorsque l’on chasse ces coins, les deux entre-buts s’approchent & se serrent l’un contre l’autre, ce qui les fixe solidement ; on use de plusieurs autres coins pour assujettir les autres pieces de ces aîles, comme on le voit en la 3 fig.

Les bras des aîles 80 sont percés de 17 mortoises dans lesquelles on introduit des barreaux de 8 piés & quelques pouces de longueur, qui forment les volans que l’on voit, Planche II. lesquels reçoivent la toile. La position de ces barreaux est une partie essentielle dans la construction du moulin ; c’est de leur position que vient le biais nécessaire aux volans pour recevoir l’impulsion du vent dans le degré le plus avantageux à faire tourner le moulin.

Figure 4 de la IV. P. anche. Les ouvriers qui travaillent ces moulins, n’ont aucun usage constant à cet égard, & les meûniers ont chacun leur caprice. M. Belidor a examiné cette matiere & a fixé ce biais à 55 degrés d’écartement de l’arbre tournant. La fig. 4 rend ce biais tel qu’il est exécuté au moulin que nous décrivons, dont on a reconnu le bon usage, depuis l’année 1743 que ce moulin a été construit, jusqu’à présent (1755.)

a, fig. 4. de la IV. Planche, est la ligne qui représente l’arbre tournant 80, le bras des aîles dans lequel passent les barreaux. 82, le barreau dont un des bouts doit approcher de 55 degrés de la ligne a, & ce côté du barreau doit avoir 6 pouces de longueur plus que le côté opposé, afin que le

vent ait plus de prise sur cette partie, & détermine mieux le moulin à prendre le mouvement circulaire. Tous les barreaux sont dans cette situation ; l’enfoncement diversement observé par les praticiens de ces aîles, ne me paroît point utile, & quelques-uns le pratiquent d’une maniere nuisible.

Ces aîles ainsi disposées étant poussées d’un bon vent, font neuf tours à chaque minute, sur quoi on a arrangé l’intérieur de la machine.

On a remarqué que la longueur des aîles est un modérateur à la vîtesse ; que si on leur donne plus de 25 piés de long, elles auront plus de force que celles du moulin décrit, mais elles iront moins vîte ; elles ne feront pas neuf tours en une minute, quoique poussées du même vent. Il en est de même, si on les diminuoit de longueur, elles tourneroient plus promptement, mais elles ne leveroient pas un aussi pesant fardeau. Cette observation pourra être utile à ceux qui seroient dans le cas de changer les proportions de cette machine.

Des parties qui donnent le mouvement à la pompe. Les rouleaux 1 & 2, fig. 3 de la Pl. IV. ont 5 pouces de diametre, & 1 pié de long ; ils tournent sur leurs chevilles de fer & d’acier battus ensemble. Ces chevilles sont soutenues par deux bras de levier B, fig. 3, & par la roue P qu’elles traversent.

Les rouleaux sont fortifiés de bandes de fer, comme on les voit fig. 5. de la IV. Pl. où un de ces rouleaux est dévelopé. Ils tournent librement sur leurs chevilles, & deux rondelles en facilitent encore le mouvement.

III. Planche, fig. 1. Revenons à la coupe du moulin, III. Planche, fig. 1. qui nous présente toute la machine : A est l’arbre tournant dont on ne voit que la coupe : B est un des leviers qui portent les rouleaux 1 & 2, plus amplement expliqués ci-dessus ; ce levier passe au-travers de l’arbre A, & est fixé à la roue P. Cette roue ne sert point à la machine, nous en donnerons l’usage ci-après.

Lorsque l’arbre tourne, le rouleau 1 monte & éleve le levier C. Lorsque ce levier est parvenu jusqu’à la ligne ponctuée c qui est au-dessus, le rouleau échape l’hoche 3, qui est audit levier, & le levier tombe de lui-même, tandis que le rouleau continue de marcher.

Le levier c étant retombé à son point, le rouleau 2 le reprend, & s’éleve de nouveau ; de sorte que dans un tour de moulin ; le levier C est élevé deux fois.

Ce mouvement est communiqué au levier D au moyen de la corde E qui les attache ensemble. Vers le milieu de ce levier D est une barre de fer F, qui occupe le centre de la tour, & qui descend sur le levier de la pompe G, où elle est attachée au point 8 ; ensorte que le mouvement des leviers supérieurs est communiquée à ce dernier, qui éleve la branche du piston H ; le piston éleve l’eau, qui prend son cours par le conduit de bois C, qui a été expliqué à la premiere Pl. de-là l’eau tombe dans la cuvette pour se rendre au grand réservoir.

De l’économie des forces du moulin, III. Pl. fig. premiere. Suivant les proportions qu’on a données à la pompe, la colonne d’eau qu’elle contient, & dont nous donnerons le détail ci-après, pese 520 l. y compris la branche du piston, & les ferrures qui sont attachés. Le frottement du piston, des rouleaux & de la colonne d’eau que le moulin éleve, est évalué à 200 livres ; le poids des leviers qui obligent le piston à rentrer précipitamment dans la pompe est d’environ 30 livres ; ces trois sommes réunies, la résistance ou le poids à mouvoir par l’action du