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qu’elle passe au-travers, comme au-travers d’un tamis, & tombe dans la huche, le son beaucoup plus gros, ne pouvant y passer, est promené en long & en large dans la chausse, en long parce que la longueur de la chausse est inclinée à l’horison, & sort enfin par l’ouverture annulaire où est le cerceau, & se répand sur le plancher ou dans les sacs destinés à le recevoir. On garnit de peau de mouton les extrémités de la chausse, parce que les parties fléchies un grand nombre de fois en sens contraire, seroient bientôt rompues, si elles étoient seulement d’étamine.

Comme ce sassement continuel éleve comme en vapeur les parties les plus fines de la farine, on a soin de clore la cage du blutoir, soit avec des planches pour le dessus, ou avec des toiles épaisses pour le tour de cette cage. Même on met un morceau de toile devant l’ouverture par laquelle sort le son, pour empêcher de ce côté la perte de la folle farine. Ce morceau de toile est seulement attaché par sa partie supérieure, & pend comme un tablier devant l’ouverture de la chausse par laquelle le son s’échappe. Ce sont les chûtes du bâton sur les chevilles qui causent le bruit que l’on entend dans les moulins lorsqu’on laisse agir le blutoir. Car, lorsqu’on ne veut pas séparer le son de la farine, on suspend l’effet du blutoir en éloignant le levier des chevilles par le moyen d’une petite corde que l’on attache à quelque partie du moulin ; on fait aussi passer la manche de l’anche dans une autre ouverture X, fig. 4. au haut de la cage de la huche, que celle qui répond à la chausse du blutoir, & la farine mêlée avec le son est reçue dans la huche.

Pour l’en retirer, il y a vers les extrémités de la huche des ouvertures DE pratiquées dans la face antérieure, & fermées par des planches mobiles dans des coulisses que l’on pousse d’un côté ou d’autre pour ouvrir ou fermer. C’est par ces ouvertures que l’on retire la farine, que l’on met dans des sacs pour la transporter où l’on juge à-propos.

La huche 37, représentée en grand, fig. 4. Pl. V. qui reçoit la farine, est de menuiserie : ses planches qui en font la fermeture ont un pouce d’épais : les quatre piés & les huit traverses sont des planches de deux pouces d’épais qui sont refendues.

On appelle l’anche 38, ou fig. 1. Pl. V. la conduite par laquelle la farine tombe dans la huche ou dans le blutoir, par le moyen de la tempure, ou trempure, qui est un levier à lever la meule supérieure ; ce qui fait moudre plus gros ou plus menu, parce que le petit fer soutient la meule supérieure ; le petit fer pose sur son palier, qui pose sur la braxe ; il sera levé si on tire la corde qui est attachée au bout de la tempure.

Le blutoir est une chausse presque cylindrique A B, fig. 4. 5. 6. Pl. V. d’étamine plus ou moins fine d’environ 8 piés de longueur, qui est placée en long dans la cage au-dessus de la huche. Cette chausse, composée de trois ou quatre lés d’étamine, est terminée par le bout B par un cerceau d’environ 18 pouces de diametre ; & de l’autre bout A, par un chassis quandrangulatre d’environ 2 piés de long sur 7 à 8 pouces de large. Ce chassis & le cerceau sont bordés de peau de mouton, longue du côte du cerceau d’environ trois pouces, & à laquelle l’étamine est réunie par une couture double. Du côté du chassis, qui est lui-même fermé par une piece de pareille peau clouée avec rivet sur le bois, est aussi une pareille bande de peau, mais plus large sur la circonférence, de laquelle la chausse est également arrêtée par une double couture. Cette bande de peau est percée à la partie supérieure d’une ouverture circulaire d’environ 3 pouces de diametre, à laquelle on ajuste un entonnoir C, aussi de peau de

mouton, & terminé par un bourlet d’un pouce ou un pouce & demi de grosseur. Ce bourlet sert à retenir l’entonnoir à l’ouverture pratiquée à la face supérieure de la cage du blutoir, comme on voit, fig. 4. Cette ouverture répond à l’anche par laquelle la farine, mêlée au son, sort de dedans les archures qui renferment les meules.

Le long de la chausse & de chaque côté, depuis le milieu des traverses verticales du chassis, jusqu’aux extrémités du diametre horisontal du cerceau qui termine la chausse, s’etendent deux cordes OP de 7 à 8 lignes de diametre, qui sont renfermées dans des foureaux de peau de mouton cousus sur la longueur de la chauffe, suivant les lisieres de l’étamine. Ces cordes sont arrêtées par un nœud sur les traverses du chassis, & de l’autre bout sur quelques chevilles près de l’ouverture latérale à laquelle le cerceau de la chausse est ajusté.

Sur le milieu de la chausse, & sur le fourreau qui renferme la plus grosse de ses cordes dont on a parlé, on coud à 8 ou 10 pouces de distance l’une de l’autre, deux attaches F G, fig. 5. & 6. ou boucles de cuir de cheval, ou de peau d’anguille, dont l’ouverture soit assez grande pour recevoir l’extrémité d’un bâton FH, qu’on appelle baguette, d’un demi-pouce environ de grosseur. Ce bâton est fixé par son autre extrémité dans une mortoise pratiquée à l’arbre vertical MN, qui fait agir le blutoir.

Il y a du côté de la cage qui répond au chassis de la chausse, deux petits treuils ab, cd, horisontaux d’un pouce & demi de gros, dont les collets sont arrêtés dans des entailles pratiquées aux faces extérieures des deux poteaux corniers de la face latérale de la cage du blutoir, & où ces collets sont retenus par de petites semelles qui les recouvrent. Ces deux treuils portent chacun à leur extrémité une roue de 4 ou 5 pouces de diametre dentée en rochet, que l’on appelle étoile, à chacune desquelles répond un cliquet, par le moyen desquels on fixe ces petits treuils où l’on veut.

Chacune des quatre extrémités des longues barres du chassis de la chausse, & qui excede au-delà du travers d’environ un demi-pouce, est arrondi en façon de poulie. C’est sur ces especes de poulies que l’on fait passer des cordelettes ou des lanieres de peau d’anguille, ou de cuir, dont une des extrémités est acrochée à une entre-toise fixée aux montans de la cage, & l’autre extrémité est attachée à un des petits treuils ; savoir, les deux supérieures, qui répondent aux extrémités de la longue barre supérieure au treuil supérieur ab, & les deux autres au treuil inférieur cd.

Pour monter la chausse du blutoir dans sa cage, on fait premierement passer de dehors en dedans le chassis par l’ouverture circulaire pratiquée dans une des faces latérales de la huche fermée en cet endroit.

Tout ce que l’on vient d’expliquer ne regarde que la machine du moulin.

De la maçonnerie qui soutient la cage du moulin. On bâtit circulairement un mur de moilons d’environ un demi-pié d’épaisseur sur douze piés de haut ; l’espace en-dedans œuvre qu’il renferme est de 21 piés de diametre. On divise cette circonférence en quatre parties égales, & en bâtissant le mur, on bâtit aussi 4 gros piliers de pierre de même hauteur que le mur, mais saillans en dedans hors du mur d’environ 3 piés sur 2 piés de large.

On met à l’équerre sur ces 4 piliers élevés de même hauteur & dressés de niveau deux à deux, savoir, ceux qui sont diamétralement opposés, les solles A de 4 toises de long sur 15 à 16 pouces de gros, sur le milieu desquelles est encastrée l’attache, qui a 3 toises de long sur 2 piés de gros, & autour