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l’Océan septentrional. Enfin, la Moscovie ne fait plus qu’une province de cet empire.

MOSELLE, (Géog.) riviere de France, qui court par la Lorraine, par les évêchés de Mets & de Toul, par le Luxembourg, par le comté de Weldentz ; & par la province de la Saare.

Salve amnis laudate agris, laudate colonis,
Dignata imperio, debent an mænia Belga ?

La plûpart des auteurs l’appellent en latin Musella ou Mosella. Florus la nomme Mosula, & Ptolomée Obrincus.

Elle prend sa source au mont des Faucilles, dans les montagnes de Vauge, aux confins de la Lorraine, du Suntgaw, & du comté de Montbeillard, assez près de l’endroit d’où la Saône tire aussi son origine.

Cette proximité fut cause que, sous le regne de l’empereur Domitius Néron, on entreprit de faire un canal pour joindre la Moselle à la Saône ; mais l’ouvrage ne fut point achevé. Ce fleuve se perd dans le Rhin, auprès de Coblentz.

MOSELLANUS COMITATUS, (Géog. anc.) comté d’Allemagne, dans l’état de l’évêque de Liége ; c’est ce que nous nommons l’Haspengow.

MOSKA, ou MOSENA, (Géog.) petite riviere de l’empire russien, dans la province à laquelle elle donne le nom de Moscou, dont nous avons fait les mots Moscovie & Moscovite. Elle a sa source à l’extrémité de cette province, arrose Moscou, & se perd dans l’Occa, riviere qui tombe dans le Volga.

MOSKITES, les, (Géog.) petite nation de l’Amérique dans la nouvelle Espagne, entre le cap de Hondura & Nicuragua. Les hommes sont agiles, vigoureux, & bons pêcheurs, s’exerçant dès l’enfance à jetter la lance & le harpon. Ils vont presque tout nuds, & ne vivent que de la pêche. (D. J.)

MOSKOW, (Géog.) les François prononcent Moskou, mais mal ; ce mot se doit prononcer Moskof, parce que le w final de la langue esclavone, qui est d’usage en Russie, en Pologne & ailleurs, est un v consone, & se prononce par ces peuples comme une f.

Moskow est une grande ville, que Basilides conquit sur les Lithuaniens à la fin du onzieme siecle. Elle devint alors un patriarchat, & la capitale de l’empire russien, & elle l’a été jusqu’à la fondation de Saint-Pétersbourg par Pierre I. Oléarius, le Brun & autres, ont décrit Moskow dans leurs voyages ; mais les années ont causé tant de changemens à cette ville, que leurs descriptions ne sont plus vraies aujourd’hui.

Cette ville est partagée en quatre parties, dont chacune est entourée d’une muraille & d’un fossé. Elle dépérit tous les jours, parce que la plûpart des maisons étant de bois, les incendies y sont fréquens, & le czar a défendu qu’on les rebâtit de pierre, afin d’attirer encore mieux les grands & les riches à Saint-Pétersbourg.

Les rues de Moskow ne sont pavées qu’en peu d’endroits, & remplies de vagabonds & de gueux, qui détroussent & assassinent les passans à l’entrée de la nuit.

Les églises & monasteres y brillent en très-grand nombre ; & comme chacun a ses cloches, la sonnerie ne finit point. Ces cloches ne se mettent pas en branle comme les nôtres ; on les sonne par le moyen d’un corde qui tient au battant.

L’apothicairerie de Moskow étoit autrefois la plus considérable de l’Europe, parce qu’elle fournissoit seule les armées & les grandes villes de Russie ; mais les choses ne sont plus de même aujourd’hui.

Les environs de Moskow paroissent très-beaux, & les Anglois établis dans cette ville, avoient trouvé

l’art d’avoir dans leurs jardins au mois de Février des roses hâtives, des œillets & d’excellentes asperges. Tout le pays produit du bon blé, qu’on seme en Mai, & qu’on recueille en Septembre. La terre porte des fruits, pourvu qu’on la fume & qu’on la cultive. Le miel y est aussi commun qu’en Pologne. Le gros & le menu bétail y paît en abondance ; ensorte que la vie y est à grand marché.

Moskow est baignée au sud-est par la Moska, au couchant & au sud-ouest, par la riviere de Neglina.

Pierre-le-Grand a fait faire un canal de Moskow à Saint-Petersbourg, pour établir une correspondance entre l’ancienne capitale de ses états, & la nouvelle. Ce canal, après avoir traversé le lac d’Onega, arrive à Moskow.

Cette ville est dans une plaine fort étendue, à 160 lieues N. de Cassa, 240 de Constantinople, 260 de Cracovie, 245 de Stockholm, environ 360 de Vienne, & 650 de Paris. Long. selon Cassini, 57. 51. 30. lat. 55. 36. 10. Long. Selon Timmerman, 56. 11. 15. lat. 55. 34. (D. J.)

Moskow, le duché de, (Géog.) province de l’empire russien, appellé la Moscovie proprement dite, pour la distinguer de tout l’empire du czar.

Cette province particuliere a titre de duché ; car pendant long-tems les czars n’ont été connus que sous le titre de grands ducs de Moscovie. Elle prend son nom de sa capitale, qui elle-même le reçoit de la riviere qui l’arrose. Les autres rivieres principales sont l’Occa & la Clesma, qui vont grossir le Volga. Dans la partie occidentale du duché de Moskow est une grande forêt de vingt-cinq lieues, d’où sort le Borysthène, qui de-là passe par le duché de Smolencko, entre en Lithuanie, en Pologne, en Ukraine, &c. Long. du duché de Moskou 53. 63. lat. 52. 58. (D. J.)

MOSLEM, (Hist. mod. ecclés.) nom par lequel les Arabes désignent ceux qui font profession de la religion de Mahomet ; le mot musulman qui s’est introduit en Europe & parmi les Chrétiens, n’est qu’une corruption du mot arabe moslem, qui signifie vrai-croyant.

MOSQUÉE, s. f. (Hist. mod.) parmi les Mahométans, c’est un temple destiné aux exercices de leur religion, ce mot vient du mot turc meschit, qui signifie proprement un temple fait de charpente, comme étoient ceux que construisirent d’abord les Mahométans ; c’est de-là que les Espagnols ont fait nuschita, les Italiens moscheta, & les François & les Anglois mosquée & mosques. Borel le dérive du grec μωσκος, vitulus, à cause que dans l’alcoran il est beaucoup parlé de vache ; d’autres le tirent, avec plus de raison de masgiad, qui en langue arabe signifie lieu d’adoration.

Il y a des mosquées royales fondées par les empereurs, comme la Solimanie, la Muradie, &c. A Constantinople il y a des mosquées particulieres fondées par des muphti, des visirs, des bachas, &c.

Les mosquées royales ou jamis, bâties par les sultans, & qu’on appelle selatyn, d’un nom générique qui signifie royal, sont ordinairement accompagnées d’académies ou grandes écoles bâties dans leur enceinte ou dans leur voisinage, on y enseigne les lois & l’alcoran, & ceux qui sont préposés à ces académies, se momment muderis, & n’en sortent que pour remplir des places de mollaks ou de juges dans les provinces. Elles sont aussi accompagnées d’imarets ou hôpitaux pour recevoir les pauvres, les malades, les insensés. Les mosquées royales ont de grands revenus en fonds de terre, & les autres à proportion, selon la libéralité de leurs fondateurs.

On n’apperçoit dans les mosquées ni figures, ni images, parce que l’alcoran les défend expressément, mais plusieurs lampes suspendues, & plu-