Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/712

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& rameuses. Ses feuilles sortent des nœuds opposées deux à deux ; elles sont arrondies, pointues, longues de trois ou quatre lignes, larges de deux ou trois, portées sur des queues un peu velues & vertes. Ses fleurs naissent à l’extrémité des branches ; elles sont en rose, composées de plusieurs pétales fendus en deux, blanches, rayées, renfermées dans un calice velu & à cinq feuilles. Le pistil, qui s’éleve du calice, se change en un fruit membraneux, à une seule loge, conique, qui s’ouvre par la pointe, & est rempli de graines très-menues, roussâtres, attachées comme en grappe à un placenta. Cette plante croit par-tout dans les lieux marécageux, le long des haies & des chemins, dans les vignes, dans les jardins, & parmi les légumes.

La morgeline varie beaucoup selon les lieux ; & de-là vient que nous en avons tant de figures différentes. On en fait peu d’usage ; mais c’est une nourriture délicieuse pour les serins de Canarie, les chardonnerets, & les autres oiseaux de chant. La remarque en est ancienne ; Anguillara, Tragus, & plusieurs auteurs nous l’ont transmise. (D. J.)

Morgeline, (Mat. med.) mouron des petits oiseaux. On a attribué à cette plante, qui est, on ne peut pas moins usuelle, la vertu resolutive, discussive & rafraichissante. On l’a donnée pour fort analogue au pourpier, & comme son succédanée. (b)

MORGEN, (Hist. mod.) c’est une mesure usitée en Allemagne pour les terres labourables, les prés & les vignes ; elle n’est point par-tout exactement la même. Le morgen dans le duché de Brunswick, est de 120 verges dont chacune a 8 aunes ou environ 16 piés de roi.

MORGENGAB, (Droit germ.) c’est-à-dire présent du matin. En effet on entend le présent que le mari fait d’ordinaire le lendemain des noces à sa femme pour ses menus-plaisirs, & ce présent peut consister en argent ou en valeur. On l’appelle encore en allemand spielgeld, ou comme nous dirions les épingles.

Ce présent se fait à la femme par le mari, quand même il auroit épousé une veuve ; mais la femme ne fait jamais un présent au mari, quand même il seroit marié pour la premiere fois.

Ce présent peut être promis par une convention expresse, ou bien s’exécuter par une tradition réelle. Mais après, si par le contrat de mariage on n’est pas convenu de ce présent, le mari ne sera pas tenu de le faire après les noces.

Ceux qui peuvent constituer ce morgengab, sont, 1o le mari qui peut le donner de son bien propre, 2o le pere qui est obligé de donner des assurances à l’égard de ce présent, de même qu’il est tenu d’en donner, par rapport à la dot, 3o & un étranger, par où nous entendons aussi la mere & les freres.

Lorsque le morgengab a été délivré à la femme, elle en acquiert la propriété, & elle en peut disposer à son gré. Si l’on est convenu qu’on en payera les intérêts, ni elle ni les héritiers ne pourront en demander. la propriété qu’après la dissolution du mariage.

La femme acquiert par rapport au morgengab une hypotheque tacite sur les biens de son mari, depuis le jour qu’on est convenu & qu’elle a été reglée. Mais la femme n’a pas de privilege personnel à ce sujet ; c’est pourquoi aussi elle ne sera colloquée, s’il y a un concours de créanciers, dans la cinquieme classe. Cependant si le morgengab existe en nature, elle sera rangée dans la premiere classe. S’il n’existe plus, qu’il ait été enregistré dans le livre des hypotheques, la femme sera colloquée dans la troisieme classe.

La femme pourra faire servir le morgengab de cautionnement pour son mari, ce qui ne la privera pas du senatus-consulte Velleren.

Le morgengab ne retourne jamais au mari ni à ses héritiers, quand même le mariage seroit déclaré nul ou qu’il seroit dissous par la faute de la femme : telles sont les ordonnances du code-Fréderic au sujet du morgengab.

Gregoire de Tours appelle le morgengab, matutinale donum, lib. IX. c. xix. comme le remarque Gronovius qui renvoie au glossaire de Lindenbrog sur le codex legum antiquarum. Voyez Cujas ad l. IV. de Feud. tit. XXXII. & la dissertation de feu M. Hetius de Specialibus rom. germ. republ. &c. Voyez aussi la Dissertation de M. Cocceius de lege morganatica, imprimée à Franctort-sur-l’Oder en 1695, ou il pretend que lex morganatica est la même chose que la loi salique ; & que comme cette loi permet le mariage dont il s’agit, on les a appellés pour cette raison matrimonia ad morganaticam ou ex lege morganatica. (D. J.)

MORGES, (Géog.) ville de Suisse dans le pays de Romand, au canton de Berne, capitale d’un bailliage, avec un château où réside le bailli. Elle a une vue admirable, & est sur le lac de Genève, à deux lieues de Lausanne.

Les Bernois ont pratiqué à Morges un pont assez spacieux, fermé de murs, avec un quai & des halles, & ce seul ouvrage fait prosperer cette ville. Le bailliage de Morges comprend la côte ou du moins la plus grande partie de cette contrée qui passe pour le meilleur vignoble des treize cantons de la Suisse. La côte est un quartier de pays, de trois lieues de long sur le lac Léman, & qui s’éleve insensiblement jusqu’à une lieue de marche. La perspective toute parsemée de villes, de villages & de châteaux en amphithéatre, en est si belle, que Tavernier & le docteur Burnet disoient n’avoir rien vu ailleurs qui fût comparable à cet aspect. Long. 24. 15. lat. 46. 30. (D. J.)

MORGETES, (Géog. anc.) peuples de l’Italie dans l’Ænotrie ; ayant été chassés de leurs pays par les Ænotriens, ils passerent en Sicile, au rapport de Strabon. (D. J.)

MORGOYA, (Hist. nat. Botan.) arbuste de l’île de Maragnan, qui s’eleve fort haut lorsqu’un arbre lui sert d’appui. Il produit une fleur qui a la forme d’une étoile ; elle est d’un beau pourpre, & ses feuilles sont dentelés ; son fruit est de la grosseur d’un œuf, mais plus rond & rempli de graines. Sa peau est verte & melée de blanc. On le fait cuire, ou bien on le confit dans du sucre.

MORGUE, s. f. (Gramm.) Si vous joignez la dureté & la fierté à la gravité & à la sottise, vous aurez la morgue. Elle est de tous les états ; mais on en accuse particulierement la robe, & la raison en est simple. Il y a dans la robe, tout autant de gens sots & fiers que dans l’église & le militaire, ni plus ni moins ; mais la gravité est particulierement attachée à la magistrature ; dépositaire des lois qu’elle fait parler ou taire à son gré, c’est une tentation bien naturelle que d’en promener partout avec soi la menace. Les gens de lettres ont aussi leur morgue, mais elle ne se montrera dans aucun plus fortement que dans le poete satyrique.

Morgue ; (Hist. mod.) c’est dans les prisons, l’intervalle du second guichet au troisieme. On donne le même nom à un endroit du châtelet, où l’on expose à la vue du public les corps morts dont la justice se saisit : ils y restent plusieurs jours afin de donner aux passans le tems de les reconnoître.

MORHANGE, (Géog.) en allemand Moerchingen, ancienne bourgade de la Lorraine allemande,