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MORAVIE, la (Géog.) province annexée au royaume de Boheme, avec titre de Marggraviat. Les Allemands l’appellent Mahren ; elle est bornée au nord par la Boheme & la Silésie ; à l’orient partie par la Silésie, partie par le mont Krapack ; au midi par la Hongrie & par l’Autriche ; au couchant par la Bohème. Son nom vient de la riviere de Morava, qui la traverse. C’est un pays hérissé de montagnes, & coupé par un grand nombre de rivieres & de ruisseaux. Il est fertile & très-peuplé. Olmutz en étoit autrefois la capitale, & elle le mérite en effet, cependant Brinn l’est actuellement de nom. (D. J.)

MORAWA, la (Géog.) riviere de la Turquie en Europe. Elle a sa source dans la Bulgarie, aux confins de la Servie, se partage en deux branches, dont la droite arrose la Bulgarie, & la gauche entre dans la Servie. Ces deux branches s’étant ensuite réunies, la riviere coule vers le nord, & se partage encore en deux branches, qui vont se perdre dans le Danube. (D. J.)

MORBEGNO, (Géog.) gros bourg de la Valteline, chef-lieu de la premiere communauté du cinquieme gouvernement de la Valteline, & la résidence du gouverneur & de la régence. Il est sur l’Adda, à 5 lieues S. E. de Chiavenne, 8 N. E. de Lecco. Long. 26. 58. lat. 46. 7. (D. J.)

MORBIDEZZA, (Peint.) terme de peinture, que nous avons emprunté des Italiens, pour désigner la délicatesse, la tendresse, les graces, le moëlleux des figures d’un tableau. Personne n’a réussi dans la morbidezza, comme le Corrège. Il suffiroit pour s’en convaincre, de voir dans le cabinet du roi, le beau tableau de Spotalise, dont le cardinal Antoine Barberin fit présent au cardinal Mazarin, ainsi qu’une Venus qui dort ; & dans la galerie du palais royal, la Magdelaine joignant les mains, l’Amour qui travaille son arc, une petite Sainte-Famille, &c. (D. J.)

MORBIFIQUE, adj. (Gram. & Méd.) qui est la cause, le principe d’une maladie. On dis l’humeur morbifique, la matiere morbifique.

MORBIUM, (Géogr. anc.) ville de la Grande-Bretagne, qui est vraissemblablement aujourd’hui Moresby, bourgade d’Angleterre dans le Cumberland, sur la côte orientale de cette province, environ à 3 milles S. de Werkinton. (D. J.)

MORCE, s. f. en bâtiment, s’entend des pavés qui commencent un revers, & font des especes de harpes pour faire liaison avec les autres pavés.

MORCEAU, s. m. (Gram.) partie détachée d’un tout. On dit un morceau de pain, un morceau d’Horace, un morceau de prés, &c.

Morceau, terme usité par métaphore dans l’Architecture, où il se prend ordinairement en bonne part, pour signifier un bel ouvrage d’architecture. On dit un beau morceau en parlant d’une belle église, d’un beau portail, d’un beau palais, &c.

MORCELER, v. act (Gram.) diviser en plusieurs parties, en plusieurs morceaux. On dit on a morcelé ce bloc de marbre. On a morcelé cette succession.

MORDACHE, s. f. (Art méchan.) espece de tenaille composée de deux morceaux de bois élastiques, assemblés par une de leurs extrémités, & faites à l’autre en mâchoires d’étaux. Lorsqu’on travaille des ouvrages à moulures, & autres ornemens délicats, qui souffriroient des dents & de la pression des mâchoires de l’étau, si on les y serroit, on prend la mordache, on la met dans l’étau, & l’on met l’ouvrage dans la mordache, observant même quelquefois d’envelopper d’un linge, ou d’appliquer des morceaux de feutre aux endroits où les mâchoires de la mordache touchent à l’ouvrage. Plus commu-

nément encore ces mâchoires en sont garnies. Il y a

des mordaches de toute grandeur.

MORDANT, s. m. (Art méchan.) composition dont on se sert pour attacher l’or en feuille, ou l’argent battu sur une surface quelconque.

La biere, le miel & la gomme arabique bouillis ensemble feront un mordant ; la gomme arabique avec le sucre en feront un second. Le suc de l’ail, de l’oignon & de la jacinthe, ou la gomme arabique seule, attacheront la feuille d’or & d’argent. Vous mêlerez à ce dernier un peu de carmin, afin d’appercevoir les endroits que vous en aurez enduits. Vous appliquerez la feuille d’or sur le mordant avec un petit tampon de coton. Vous laissez prendre la feuille. Puis avec le coton vous ôterez en frotant toute la surface les portions d’or qui n’auront pas été attachées.

Mordant, en terme de Cloutier d’épingles, est une espece de pince courte & sans branches, dont les dents sont de bas en haut. C’est dans le mordant que l’on met le clou pour en faire la pointe. On le serre dans un étau pour le tenir plus ferme. Voyez les fig. Pl. du Cloutier d’épingles, où l’on a représenté un étau armé de son mordant, dans lequel est une pointe prête à être frappée avec le pannoir, sorte de marteau. Voyez Pannoir & la fig. qui le représente.

Mordant, instrument dont le compositeur se sert dans la pratique de l’Imprimerie, est une petite tringle de bois à-peu-près quarrée, de dix à onze pouces de long, sur environ deux pouces & demi de circonférence, fendue & évuidée dans sa longueur de sept à huit pouces seulement. Un compositeur se sert ordinairement de deux mordans. Ils servent à arrêter & maintenir la copie, comme adossée sur le visorium, en embrassant transversalement la copie par devant par une de ses branches, & le visorium par derriere au moyen de sa seconde branche ; le premier mordant, que l’on peut nommer supérieur, reste comme immobile, tandis que le second sert à indiquer au compositeur la ligne de la copie qu’il compose, en le plaçant immédiatement au-dessus de cette même ligne, & ayant soin de le baisser, à mesure qu’il avance sa composition ; s’il n’a pas cette attention, il est en danger de faire des bourdons. Voyez Bourdon. Voyez dans les fig. Pl. de l’Imprimerie, le visorium, son mordant & son usage.

Mordant, on appelle mordant en Peinture, une composition qui sert à rehausser les ouvrages en détrempe ; elle se fait avec une livre de térébenthins épaisse, une livre de poix résine, trois quarterons de cire jaune, une demi-livre de suif, un demi-septier d’huile de lin, qu’on fait bouillir : on applique de l’or ou du cuivre sur le mordant, dès qu’il est posé sur l’ouvrage qu’on s’est proposé de faire. Il faut l’employer bien chaud. Voyez Rehauts, Rehausser.

MORDATE, s. m. (Terme de relation.) Les Turcs appellent mordates ceux qui de chrétiens se sont fait mahométans, qui depuis ont retourné au Christianisme, & qui enfin, par une derniere inconstance, sont rentrés dans le Mahométisme. Les Turcs ont pour eux un souverain mépris, & ceux-ci en revanche affectent de paroître encore plus zélés mahométans que les musulmans même. Les personnes qui changent de religion par des vûes d’intérêt, n’ont d’autres ressources que l’hypocrisie. (D. J.)

MORDEXIN, s. m. (Médecine.) c’est un mot chinois qui a passé en Médecine, par lequel on désigne une espece de cholera morbus qui est fréquente à la Chine, à Goa, & dans le Brésil, où on l’appelle mordechi. Cette maladie se déclare brusquement par des vomissemens continuels bilieux, par des diarrhées de même nature, auxquels le joignent une fie-