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une lettre de Philippe de Valois, ce prince, parlant de son prédécesseur, l’appelle monsieur le roi. Aujourd’hui personne n’appelle le roi monsieur, excepté les enfans de France. Voyez Sire.

MONSOL, (Geog.) ville d’Afrique au royaume de Macoco, ou d’Anzico, dont elle est la capitale. De-là tous les peuples qui habitent ce royaume se nomment Mansoles. (D. J.)

MONSONI, ou MONSIPI, (Géogr.) grand fleuve de l’Amérique septentrionale dans la nouvelle France. Il a son embouchure au fond de la baie d’Hudson par les 31d. 20 de lat. N. (D. J.)

MONSON, s. m. (Marine.) ce mot vient des Arabes ; c’est le nom qu’on donne à un vent reglé, qui regne en certains parages sur la mer des Indes cinq ou six mois de suite sans varier, & qui souffle ensuite cinq ou six autres, mais du côté opposé. Voyez Vent & Moussons.

MONOSPERMALTHÆA, (Botan.) genre de plante de la fabrique de M. Danty d’Isnard, dans les mémoires de l’acad. royale des Sciences, ann. 1721. Il a formé ce nom des mots grecs μονος, seul, σπερμα, semence, αλθαία, guimauve, parce que cette plante ressemble en quelque maniere à la guimauve, & que l’unique capsule qui succede à chacune de ses fleurs ne contient qu’une seule semence.

La monospermalthæa, selon ce botaniste, est un genre de plante à fleur complette, polypétale, réguliere & hermaphrodite, contenant l’ovaire. Cette fleur est ordinairement de cinq pétales disposés circulairement, & contenus dans un calice découpé en autant de pointes. L’ovaire qui s’éleve du fond du calice devient, après que la fleur est passée, une capsule monosperme. Les fleurs naissent par pelotons le long de la partie supérieure de la tige & des branches. Les feuilles sont à queues & dentelées.

Je ne suivrai pas M. d’Isnard dans sa description, parce qu’elle ne renferme rien de curieux, outre que sa plante étoit déja connue sous le nom de althæa similis flore luteo, monospermate. (D. J.)

MONSTERBERG ou MUNSTERBERG, (Géog.) ville de la basse Silésie dans la province de même nom. Elle a été fondée par l’Empereur Henri II. qui fit bâtir en ce lieu un monastere, d’où elle fut appellée Monsterberg. Elle est à 5 milles N. E. O. de Glatz, 8 S. de Breslau. Long. 34. 56. lat. 50. 38.

MONSTRE, s. m. (Botan.) on nomme monstres en Botanique des singularités qui sont hors du cours ordinaire. Par exemple, des feuilles qui naissent de l’intérieur d’autres feuilles ; des fleurs du milieu desquelles sort une tige qui porte une autre fleur ; des fruits qui donnent naissance à une tige, dont le sommet porte un second fruit semblable, &c. (D. J.)

Monstre, s. m. (Zoolog.) animal qui naît avec une conformation contraire à l’ordre de la nature, c’est-à-dire avec une structure de parties très-différentes de celles qui caractérisent l’espece des animaux dont il sort. Il y a bien de sortes de monstres par rapport à leurs structures, & on se sert de deux hypotheses pour expliquer la production des monstres : la premiere suppose des œufs originairement & essentiellement monstrueux : la seconde cherche dans les seules causes accidentelles la raison de toutes ces conformations.

S’il n’y avoit qu’une différence légere & superficielle, si l’objet ne frappoit pas avec étonnement, on ne donneroit pas le nom de monstre à l’animal où elle se trouveroit.

Les uns ont trop ou n’ont pas assez de certaines parties ; tels sont les monstres à deux têtes, ceux qui sont sans bras, sans piés ; d’autres pechent par la conformation extraordinaire, & bisarre par la grandeur disproportionnée, par le dérangement consi-

dérable d’une ou de plusieurs de leurs parties, & par

la place singuliere que ce dérangement leur fait souvent occuper ; d’autres enfin ou par l’union de quelques parties qui, suivant l’ordre de la nature & pour l’exécution de leurs fonctions, doivent toujours être séparés, ou par la désunion de quelques autres parties qui, suivant le même ordre & pour les mêmes raisons, ne doivent jamais cesser d’être unies. M. Formey.

On trouve dans les mémoires de l’académie des Sciences une longue dispute entre deux hommes célebres, qui à la maniere dont on combattoit, n’auroit jamais été terminée sans la mort d’un des combattans ; la question étoit sur les monstres. Dans toutes les especes on voit souvent naître des animaux contrefaits, des animaux à qui il manque quelques parties ou qui ont quelques parties de trop. Les deux anatomistes convenoient du système des œufs, mais l’un vouloit que les monstres ne fussent jamais que l’effet de quelqu’accident arrivé aux œufs : l’autre prétendoit qu’il y avoit des œufs originairement monstrueux, qui contenoient des monstres aussi bien formés que les autres œufs contenoient des animaux parfaits.

L’un expliquoit assez clairement comment les désordres arrivés dans les œufs faisoient naitre des monstres ; il suffisoit que quelques parties dans le tems de leur mollesse eussent été détruites dans l’œuf par quelqu’accident, pour qu’il naquît un monstre par défaut à un enfant mutilé ; l’union ou la confusion des deux œufs ou de deux germes d’un même œuf produisoit les monstres par excès, les enfans qui naissent avec des parties superflues. Le premier degré des monstres seroit deux gemeaux simplement adherens l’un à l’autre, comme on a vû quelquefois. Dans ceux-là aucune partie principale des œufs n’auroit été détruite. Quelques parties superficielles des fœtus déchirées dans quelques endroits & reprises l’une avec l’autre, auroient causé l’adhérence des deux corps. Les monstres à deux têtes sur un seul corps ou à deux corps sous une seule tête ne différeroient des premiers que parce que plus de parties dans l’un des œufs auroient été détruites : dans l’un, toutes celles qui formoient un des corps, dans l’autre, celles qui formoient une des têtes. Enfin un enfant qui a un doigt de trop est un monstre composé de deux œufs, dans l’un desquelles toutes les parties excepté ce doigt ont été détruites. L’adversaire, plus anatomiste que raisonneur, sans se laisser éblouir d’une espece de lumiere que ce système repand, n’objectoit à cela que des monstres dont il avoit lui-même disséqué la plûpart, & dans lesquels il avoit trouvé des monstruosités qui lui paroissoient inexplicables par aucun désordre accidentel.

Les raisonnemens de l’un tenterent d’expliquer ces désordres ; les monstres de l’autre se multiplierent. A chaque raison que M. Lemery alléguoit, c’étoit toujours quelque nouveau monstre à combattre que lui produisoit M. Winslow.

Enfin on en vint aux raisons métaphysiques. L’un trouvoit du scandale, à penser que Dieu eût créé des germes originairement monstrueux : l’autre croyoit que c’étoit limiter la puissance de Dieu, que de la restraindre à une régularité & une uniformité très grande.

Ceux qui voudroient voir ce qui a été dit sur cette dispute, le trouveroient dans les mémoires de l’académie, Mém. de l’acad. royale des Sciences, années 1724, 1733, 1734, 1738 & 1740.

Un fameux auteur danois a eu une autre opinion sur les monstres ; il en attribuoit la production aux cometes. C’est une chose curieuse, mais bien honteuse pour l’esprit humain, que de voir ce grand médecin traiter les cometes comme des abscès du ciel,