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mois un mois de 29 jours, ou bien il faut faire, si l’on aime mieux, chaque 33e mois de 30 jours, ainsi que le 32e, parce que ces 44′. 3″. 11‴. font un jour au bout de 33 mois.

C’étoit-là le mois qui étoit d’usage civil ou commun parmi les Grecs, les Juifs & les Romains, jusqu’au tems de Jules-César.

Sous Auguste, le sixieme mois, qui jusqu’alors avoit été nommé par cette raison Sextilis, fut nommé, en l’honneur de ce prince, Augustus, & il eut dans la suite 31 jours, au lieu qu’il n’en avoit eu jusqu’alors que 30. Pour faire une compensation, on ôta un jour à Février, de façon qu’il n’eut plus que 28 jours, & à chaque quatrieme année 29, &c. Tels sont encore les mois civils ou du calendrier dont on se sert pour compter le tems en Europe. Voyez Calendrier.

Mois dracontique, voyez Dracontique.

Mois embolismique, voyez Embolismique. Chambers. (O).

Mois apostoliques, (Jurisprud.) sont les mois que les papes se sont reservés pour la collation des bénéfices dans les pays d’obédience. La regle de chancellerie de mensibus alternativâ donne au pape la collation de tous les bénéfices qui vaquent pendant huit mois de l’année, n’en conservant que quatre de libres aux collateurs ordinaires. La même regle donne six mois aux évêques en faveur de la résidence, quand ils ont accepté l’alternative.

On tient que ce furent quelques cardinaux qui projetterent cette regle des huit mois après le concile de Constance. Martin V. en fit une loi de la chancellerie ; Innocent VIII. en 1484 établit l’alternative pour les évêques en faveur de la résidence.

Chaque mois apostolique commence & finit à minuit. Voyez les lois eccléiastiq. de d’Héricourt, p. 329, & les mots Alternative, Bénéfice, Chancellerie romaine, Collateur, Collation, Pape, Regles de chancellerie. (A)

Mois militaires, en Pologne sont trois mois de l’année, ainsi nommés, parce qu’autrefois les fiefs de nomination royale qui venoient à vaquer dans le cours de ces trois mois, ne se conféroient qu’à des gens de guerre. La diete de Pologne proposa en 1752 de rétablir ces mois militaires, mais l’opposition d’un nonce rendit ce projet & plusieurs autres inutiles. Voyez le journal de Verdun de Janvier 1753, pag. 9. (A)

Mois romains sont des aides extraordinaires qui se payent à l’empereur en troupes ou en argent ; ils consistent aussi en quelques subsides ordinaires des villes impériales, en taxes de la chancellerie de l’empire ; enfin, en redevances ordinaires & extraordinaires que les Juifs sont obligés de payer à l’empereur : savoir les redevances extraordinaires à son couronnement, les redevances ordinaires tous les ans à Noël, ce qui ne forme pas des sommes fort considérables. Les fiefs de l’empire produisent aussi quelqu’argent à l’empereur pour l’investiture, mais cet argent est presque toujours tout pour les officiers qui assistent à la cérémonie. Voyez le tableau de l’empire Germanique, pag. 31. (A)

Mois philosophique, (Alchimie.) Les Alchimistes ont désigné par cette expression un tems de quarante jours, & c’est-là la durée qu’ils ont déterminée pour plusieurs opérations alchimiques, principalement des circulations & des digestions. Voyez Circulation & Digestion. (b)

Mois des Arabes. Les Arabes, depuis qu’ils ont embrassé la religion de Mahomet, partagent leur année, qui est de 355 jours, en douze mois lunaires, dont les uns ont 30 jours & les autres 29 jours. Ils donnent à ces mois les noms suivans : Moharram, Safar, le premier Rabi, le dernier Rabi, le premier

Jomada, le dernier Jomada, Rajeb, Shaaban, Ramadan, Shawal, Dhulkaada & Dhulhaja. Le premier de ces mois est de 30 jours, le second est de 29, & ainsi de suite alternativement ; cependant dans les années intercalaires on ajoute un jour de plus au mois Dhulhaja, qui par ce moyen en a 30. Il n’est point permis aux Mahométans de rien changer à cet égard, & leur maniere de compter est fixée par l’alcoran. Par cette maniere de diviser l’année, dans l’espace de 33 ans le premier jour de l’année mahométane passe par les quatre saisons.

Avant la venue de Mahomet, les arabes payens avoient quatre mois dans l’année qu’ils regardoient comme sacrés, pendant lesquels toute guerre & tout acte d’hostilité cessoient ; il n’étoit pas permis durant cet intervalle de se venger de ses plus cruels ennemis, ni même de porter des armes. Cette loi s’observoit avec la plus grande exactitude, & sa violation étoit regardée comme la plus grande impiété.

Mois des Egyptiens, (Calendrier égypt.) c’est une matiere des plus obscures que celle de ce calendrier. S’il est vrai, comme le rapporte Diodore de Sicile, que les Egyptiens des premiers âges employerent des années qui n’avoient chacune qu’un seul mois ou deux ; il en résulte qu’ils ne connurent point d’année proprement dite, ni de mesure plus longue pour supputer les tems, que l’intervalle des révolutions lunaires. Une méthode si bornée désigne manifestement l’enfance du monde ; & bientôt la vissicitude des faisons dut conduire les hommes à la connoissance de quelques périodes plus longues que celle du cours de la lune : delà, cette distinction qu’on fit des saisons, qui porterent aussi le nom d’année, par exemple, les années de trois mois établies, dit-on, par l’égyptien Horus, & les années de quatre mois, dont on prétend que les auteurs furent les peuples d’Egypte : c’est par une réduction de ces sortes d’années si fort abrégées, que d’anciens écrivains, tels que Diodore, Varron & Pline, expliquent historiquement les antiquités égyptiennes, qu’on faisoit remonter à tant de milliers de siecles ; pendant que d’autres estiment que tout cet appareil chronologique cache réellement des calculs de pure astronomie.

Quoi qu’il en soit, il est démontré que l’Egypte employa dans la suite une mesure de tems plus longue & plus conforme à l’idée que nous avons de ce qu’on nomme année. Telle fut l’année en usage parmi les Hébreux à leur sortie d’Egypte, la même année sans doute que celle des naturels du pays. On voit par l’histoire sainte que les mois de cette année Judéo-égyptienne avoient pour toute dénomination celle de premier mois, second mois, ainsi du reste, jusqu’au douzieme, & Josephe suppose manifestement qu’ils étoient lunaires. D’ailleurs, comme en sait que les mois judaïques des tems postérieurs étoient reglés par le cours de la lune, on doit juger par l’attachement de la nation juive à ses usages & à ses cérémonies, que ses mois furent effectivement lunaires dès les premiers tems, & que les anciens mois égyptiens ayant été les mêmes, furent aussi pareillement lunaires. Cependant on ne peut rien établir de positif, ni sur la forme d’une pareille année, ni même sur l’année de 360 jours, que les Egyptiens employerent, selon le Syncelle, avant leur année vague de 365 jours ; & c’est avec raison à cette derniere qu’on fait ordinairement commencer l’histoire du calendrier égyptien.

Les années égyptiennes ont été l’objet du travail de plusieurs savans modernes. Scaliger & Pétau ont traité cette matiere dans leurs ouvrages chronologiques ; Golins dans ses notes sur Alfragan ; Marsham, dans son canon chronique ; Dodwel, dans un ap-