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fibres medullaires, les rend plus compactes, & les rassemble en faisceaux plus distincts, jusqu’à ce qu’étant descendues jusqu’au bas de l’épine, elles se terminent par la queue de cheval. La moëlle de l’épine donne naissance à la plûpart des nerfs du tronc : elle en envoie trente paires, tant aux extrémités qu’aux grandes cavités, & à d’autres parties. Ces nerfs ne sont autre chose que des faisceaux de fibres medullaires, couverts de leurs tuniques particulieres. Voyez Nerf.

On dit ordinairement que la moëlle de l’épine est couverte de quatre tuniques ; la premiere ou extérieure est un ligament fort & nerveux, qui attache les vertebres les unes aux autres, & se trouve collée à la face interne du canal des vertebres ; la seconde est une continuation de la dure-mere : elle est extrèmement forte, & sert à empêcher que la moëlle de l’épine ne soit endommagée par la flexion des vertebres ; la troisieme, qui se nomme arachnoïde, est mince & transparente, c’est elle qui fournit aux nerfs qui sortent de l’épine, leur tunique interne, comme la dure-mere leur fournit l’externe ; la quatrieme tunique est une continuation de la pie-mere, elle est extrèmement fine & transparente, & embrasse étroitement toute la substance de la moëlle, qu’elle partage exactement en deux dans sa longueur, & en fait, pour ainsi dire, deux colonnes. Voyez nos Planches anatomiques. Voyez aussi Épine, Vertebres, &c.

On voit dans l’Histoire de l’académie royale des Sciences, année 1714, un exemple d’un fœtus né sans cerveau, sans cervelle ni moëlle de l’épine du dos quoique fort bien conformé à tout autre égard. Il étoit à terme ; il a vécu deux heures, & même a donné des signes de vie, lorsqu’on lui a répandu de l’eau sur la tête en le baptisant.

MOELLEUX, euse, adj. rempli de moëlle. Il y a des os qui sont plus moëlleux les uns que les autres.

Moelleux. On dit en Peinture, un pinceau moëlleux, moëlleusement peint, lorsque les coups de pinceau ne sont pas trop sensibles, mais qu’ils sont bien fondus avec les couleurs qui expriment l’objet sans cependant en détruite l’esprit. c’est l’opposé de sec.

MOELLON ou MOILON, s. m. (Maçonn.) c’est la moindre pierre qui provient d’une carriere : il y en a aussi de roche, qu’on nomme meuliere ou moliere. Le moëllon s’emploie aux fondemens, aux murs de médiocre épaisseur, & pour le garni des gros murs : le meilleur est le plus dur, comme celui qui vient des carrieres d’Arcueil. Vitruve nomme toute sorte de moëllon, cæmenta.

Moellon, (Manuf. de glaces.) on appelle moëllons, dans les manufactures des glaces, des pierres qui servent à adoucir les glaces de petit volume.

Il y en a de deux sortes, les moëllons d’assiete, & les moëllons de charge.

On nomme moëllon d’assiete une pierre de liais d’environ deux piés de long, dix-huit à vingt pouces de large, & deux à trois d’épaisseur, sous laquelle on mastique, avec du plâtre, une des glaces qu’on veut adoucir.

Le moëllon de charge est une pierre commune dont celle de liais est couverte pour lui donner plus de poids & de force dans le frottement ; il est de la figure d’un moëllon d’assiete, mais épais & aussi pesant qu’il est convenable pour qu’un seul ouvrier puisse le mouvoir & tourner de tout sens sur la glace de dessous. Quatre gros boutons ou boules de bois posées aux quatre coins servent à le tenir pour lui donner le mouvement. Voyez Glace.

MOELLONNIER, s. m. (Carrier.) ces ouvriers ont plusieurs coins à séparer la pierre : le moëllon-

nier est le plus petit ; il a 18 pouces de long, & pese 20 à 22 livres.

MOEN, ou MOONE, ou MOW, ou MUEN, ou MONE-DANOISE, (Geog.) en latin Mona danica, île du royaume de Danemarck, dans la mer Baltique, Stege en est la capitale. Il y a dans cette île une forteresse & plusieurs villages. Long. 30. 40′. lat. 54. 56. à 55d. 8′. (D. J.)

MŒNUS, (Géog. anc.) fleuve de la Germanie, selon Pline ; il est appellé Menus par Ammien Marcellin ; Mœnis par Pomponius Méla ; & Mogonum par les écrivains du moyen âge. Il conserve son ancien nom ; c’est le Meyn, riviere de Franconie. (D. J.)

MOERES, unies, satinées, brochées & à bandes, s. f. (Soierie.) la moëre n’est qu’un gros-de-tours auquel on donne le nom de moëre lorsqu’il a passé sous la calendre. On dit moërer une étoffe.

La moëre est sans contredit une des plus belles étoffes de la fabrique ; on la divise en moëre simple & moëre double.

La moëre simple est composée de 40 portées doubles, & la double de 80, ce qui vaut autant que 80 portées simples pour la premiere, 160 portées de même pour la seconde. Il s’en fait de 50, 60, & 70 portées doubles, suivant la fantaisie du fabriquant, ou la grosseur de l’organsin dont la chaîne est composée ; mais ordinairement les plus belles sont de 80 portées doubles d’un organsin fin de 48 deniers, pour que l’étoffe soit plus brillante ; on trouvera à l’artlcle Organsin la façon dont se fait l’essai des organsins depuis 18, 20 deniers jusqu’à 48.

La figure que la calendre imprime sur la moëre, n’est belle qu’autant que l’étoffe est garnie en chaîne, la trame n’y ayant aucune part, attendu que sa qualité étant naturellement plate, elle ne peut recevoir aucune impression par le poids de la calendre, & que l’organsin dont la chaîne est composée étant rond par le tord & le retord qui lui a été donné dans sa préparation, ainsi qu’il sera démontré dans le moulinage des soies, la figure paroît imprimée sur la moëre, n’étant autre chose que les fils de la chaîne qui sont applatis par le poids énorme de la calendre qui lui donne ce brillant, ce même poids ne pourroit faire aucune impression sur une soie naturellement plate ; d’ailleurs la trame étant enterrée (c’est le terme) dans la chaîne, elle ne sert qu’à faire le corps de l’étoffe, & devient très inutile pour la figure.

Les moëres simples sont montées sur quatre lisses seulement : les fils sont passés dans les mailles ou boucles des lisses à col tors. Pour avoir une idée de la maille de cette lisse, imaginez un brin de fil plié en deux, il formera une boucle à son pli. Imaginez un second brin de fil plié en deux, il formera à son pli une boucle. Imaginez que les boucles des deux brins de fil soient prises l’une sur l’autre, ensorte que les deux bouts du premier brin de fil soient en haut, & les deux bouts du second brin de fil soient en bas ; il est évident que ces deux brins étant passés l’un sur l’autre, & s’embrassant par leurs boucles, si l’on tire l’un en haut, il fera monter l’autre ; & si l’on tire celui-ci en bas, il fera descendre le premier, & que s’il y a un fil de soie passé entre les boucles, ce fil embrassé en dessus par la boucle du brin d’en bas ; & en dessous par la boucle du brin d’en haut, il obéira à tous les mouvemens de ces brins de fil ou de leurs boucles. Tous les fils de moëre ont été passés dessus & dessous la boucle de chaque maille de la lisse, afin que cette même lisse puisse faire lever & baisser alternativement le fil de la chaîne ; & pour éviter quatre lisses de rabat qu’il faudroit de plus si le fil étoit passé à l’ordinaire dans