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Bona en disent autant pour les Grecs modernes.

En Occident, quoique l’usage de la mitre ne fût pas commun aux évêques mêmes, on vint ensuite à l’accorder non-seulement aux évêques & aux cardinaux, mais encore aux abbés. Le pape Alexandre II. l’accorda à l’abbé de Cantorberi & à d’autres. Urbain II. à ceux du mont Cassin & de Cluni. Les chanoines de l’église de Besançon portent le rochet comme les évêques, & la mitre lorsqu’ils officient. Le célébrant & les chantres portent aussi la mitre dans l’église de Mâcon ; la même chose est pratiquée par le prieur & le chantre de Notre-Dame de Loches & par plusieurs autres. Il y a beaucoup d’abbés, soit réguliers soit séculiers en Europe, qui ont droit de mitre & de crosse. La forme de cet ornement n’a pas toûjours été, & n’est pas encore par-tout la même, comme le montre le pere Martenne tant dans l’ouvrage que nous avons cité, que dans son voyage littéraire. Celles qui sont représentées sur un tombeau d’évêques à saint Remi de Reims, ressemblent plutôt à une coëffe qu’à une mitre. La couronne du roi Dagobert sert de mitre aux abbés de Munster. Moréri.

Mitre, en Architecture, c’est un terme d’ouvrier, pour marquer un angle qui est précisément de 45 degrés, ou la moitié d’un droit.

Si l’angle est le quart d’un droit, ils l’appellent demi-mitre. Voyez Angle. Ils ont pour décrire ces angles un instrument qu’ils nomment espece de mitre, avec lequel ils tirent des lignes de mitres sur les quartiers ou battans ; &, pour aller plus vite, ils ont ce qu’ils appellent une boîte de mitre. Elle est composée de quatre pieces de bois, chacune d’un pouce d’épaisseur, clouées à plomb l’une sur le bord de l’autre. Sur la piece supérieure sont tracées les lignes de mitre des deux côtés, & on y pratique outre cela une coche pour diriger la scie, de façon qu’elle puisse couper proprement les membres de la mitre, en mettant seulement la piece de bois dans cette boîte. Voyez Beuveau.

On appelle aussi mitre une seconde fermeture de cheminée, qui se pose après coup pour en diminuer l’ouverture, & empêcher qu’il ne fume dans les appartemens.

MITRER, (Jurisp.) M. Philippe Bornier, en sa conférence sur l’ordonnance du commerce, tit. xj. des faillites, art. 12. dit que ce qu’on appelle en France mitrer, est lorsqu’on met le cou ou les poignets entre deux ais, comme on voit encore les ais troués, au haut de la tour du pilory des halles, & à l’échelle du Temple à Paris ; mais il paroît que dans l’origine, ce qu’on appelloit mitrer, étoit une autre sorte de peine ignominieuse, qui consistoit à mettre sur la tête du condamné une mitre de papier, à peu près comme on en mettoit sur la tête de l’évêque ou abbé des fous, lorsqu’on en faisoit la fête, qui n’a été totalement abolie que depuis environ 200 ans. En effet, il est dit dans Barthole, sur la loi eum qui, au digest. de injuriis ; tu fuisti mitratus pro falso. Et dans le Memoriale de Pierre de Paul, année 1393, tit. de quisdam maleficiis, il est dit : Ubi unus dictorum sacerdotum S. Dermeæ mitratus fuit, & in eâdem mitriâ ductus fuit unà cum prædictis aliis clericis ligatus, &c. Sur quoi on peut voir aussi Julius Clarus, in sentent. p. 328. & le glossaire de Ducange, p. 328. La mitre, qui est ordinairement une marque d’honneur, est encore en certains cas une marque d’ignominie. Dans le pays de Vosges le bourreau en porte une, pour marque extérieure de son office. En Espagne, l’Inquisition fait mettre une mitre de carton sur la tête de ceux qu’elle condamne pour quelque crime d’hérésie. Voyez le Traité des signes des pensées, par Alphonse Costadaci, dauxieme édition, tom. IV. p. 198. (A)

MITTA, s. f. (Hist. mod.) étoit anciennement une mesure de Saxe, qui tenoit 10 boisseaux.

MITTAU, (Géog.) petite ville du duché de Curlande, capitale de la Sémigalle & de la Curlande. Les Suédois la prirent en 1701, & les Moscovites en 1706. Elle est sur la riviere de Bodler, à 8 lieues S. O. de Riga, 96 N. de Varsovie. Long. 41. 45. lat. 56. (D. J.)

MITTENDARII, (Antiq. rom.) on appelloit ainsi les commissaires qui étoient envoyés dans les provinces, en certaines occasions importantes, pour avoir l’œil sur la conduite des gouverneurs provinciaux, & en faire leur rapport au préfet du prétoire, qui seul avoit le droit d’y remédier. On appelloit aussi mettendarii ou mittendaires, des officiers que le préfet prétorien envoyoit dans les provinces, pour voir ce qu’il y avoit à faire, & ordonner des réparations. Les mittendarii faisoient leur rapport au préfet, qui prononçoit suivant l’exigence des cas. Ils avoient aussi quelquefois leur commission directement de l’empereur. Ils s’appellerent aussi missi, envoyés.

MITTENTES, s. m. (Hist. eccles.) ceux que la crainte des supplices détermmoit à jetter de l’encens dans le feu allumé sur les autels du paganisme. L’Eglise les punissoit sévérement de cette apostasie. Elle les appelloit aussi turificati ou sacrificati ; & ils étoient compris sous la dénomination générale de lapsi, tombés.

MITU, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) nom d’un oiseau du Bresil du genre des faisans, selon Marggrave, ou plutôt des paons, selon Ray ; c’est un bel oiseau, plus gros qu’un coq, d’un noir de jais sur tout le corps, excepté sur le ventre, qui est d’un brun de perdrix ; il porte sur la tête une touffe de plumes, d’un noir luisant, qu’il éleve en maniere de crête ; son bec est large à la base, étroit à la pointe, & d’un rouge éclatant ; sa queue est très-longue, il peut l’élever & l’étendre en évantail comme les paons. Il aime à jucher sur les arbres ; mais on l’apprivoise très-aisément. (D. J.)

MITYLENE, (Géog. anc.) capitale de l’île de Lesbos. Il est étonnant que la plupart des livres grecs & latins écrivent Mitylene & Mitylenæ, tandis qu’on lit dans les anciences médailles Μυτιληνη, Μτιλήναιων, c’est-à-dire Mytilinæ, Mytilenæon ; & comme c’est là, selon toute apparence, la véritable orthographe, nous la suivrons dans cet ouvrage. Ainsi voyez Mytilene. (D. J.)

MIULNOY-DIWOR, s. m. (Comm.) on nomme ainsi à Pétesbourg, le marché où se vendent les denrées & les meubles nécessaires dans les maisons, comme pois, lentilles, feves, lard, farine, vaisselle de bois, pots de terre, &c. C’est un grand bâtiment quarré, & dans les deux côtés qui donnent sur la rue, on vend toutes sortes de vivres & d’ustensiles de menage. Les magasins à la farine occupent les deux autres côtés, qui regardent la riviere. Ces maisons & magasins n’étant que de bois, & couverts de bois à la moscovite, sont sujets à de grands incendies, dont on a fréquemment des exemples. Dictionn. de Comm.

MIURE ou MYURE, s. f. (Med. Semiot.) μειουρος, ou μυουρος, nom que les anciens grecs ont donné à une espece de pouls inégal régulier, dont le caractere distinctif est d’aller toujours en diminuant, de façon que la seconde pulsation est moins élevée que la premiere, la troisieme que la seconde, & ainsi de suite, jusqu’à ce qu’elle soit parvenue à une extrème petitesse, ou qu’elle ait dégénéré en intermittence parfaite ; alors, ou le pouls reste dans cet état d’affaissement, ou il remonte tout d’un coup, & passe brusquement d’un extrème à l’autre, ou enfin, les pulsations reprennent leur force & leur grandeur