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quantité, qu’à toutes les pointes on en trouve des amas, dont l’abattis rempliroit les plus grands chantiers de Paris. Enfin, on lui donne plus de 650 lieues d’étendue. (D. J.)

MISSITAVIE, s. f. (Comm.) droit de douane qu’on paye à Constantinople. Les marchandises qui viennent de chrétienté à Constantinople, & que l’on envoie à la mer Noire ne payent point de douane pour la sortie, mais seulement le droit qu’on nomme misitavie. Dictionnaire du Com.

MISSIVE, s. f. (Littérat.) chose qu’une personne envoie à une autre. Nous avons francisé ce mot du latin mittere, qui signifie envoyer.

Nous appellons lettres missives, les lettres que nous envoyons à d’autres, ou que d’autres nous envoient.

Les lettres missives sont proprement des lettres d’affaires, mais d’affaires peu importantes ; celles qui roulent sur de plus grands objets, & qui sont écrites par des gens en place, comme princes, ministres, ambassadeurs, se nomment dépêches ; celles de beaucoup moindre conséquence, & qui ne contiennent qu’un avis, ou autre chose semblable, comme en peu de lignes, se nomment simplement billets : les missives forment une espece mitoyenne entre ces deux autres. Voyez Epitre, ou Lettre.

MISSOURI, (Géog.) grande riviere de l’Amérique septentrionale dans la Louisiane, & l’une des plus rapides qu’on connoisse. Elle court nord-ouest & sud-est, & tombe dans le Mississipi, 5 ou 6 lieues plus bas que le lac des Illinois. Quand elle entre dans le Mississipi, on ne peut guere distinguer quelle est la plus grande des deux rivieres, & le Missouri ne conserve apparemment son nom, que parce qu’elle continue à couler sous le même air de vent. Du reste, elle entre dans le Mississipi en conquérante, y porte ses eaux blanches jusqu’à l’autre bord sans les mêler, & communique ensuite à ce fleuve sa couleur & sa rapidité. Le P. Marquette, qui, selon le P. Charlevoix, découvrit le premier cette riviere, l’appelle Pékitanoui. On lui a substitué le nom de Missouri, à cause des premiers sauvages qu’on rencontre en la remontant, & qui s’appellent Missourites ou Missoarites. (D. J.)

MISTACHE, s. f. (Com.) mesure des huiles & des vins, dont on se sert dans quelques échelles du Levant, particulierement dans l’île de Candie. Les cinq mislaches de la Cannée font la millerole de Marseille. Voyez Millerole. Dictionn. de Com.

MISTECA, (Géog.) contrée de l’Amérique septentrionale dans la nouvelle Espagne, au département de Guaxaca. On la divise en haute & basse ; l’un & l’autre ont plusieurs ruisseaux qui charrient des paillettes d’or.

MISTRÆ, ou plutôt MYSTIÆ, (Géog. anc.) ville d’Italie chez les Locres épizéphyriens. Barri croit que c’est présentement Getcsia. (D. J.)

MISUM, s. m. (Hist. nat. Cuisine.) c’est le nom que les Chinois ou Tartares tongusiens donnent à une liqueur dont ils font une sauce à certains alimens. On choisit une espece de choux rouge, à feuilles minces, on les sale très-fortement, & on les conserve dans une étuve jusqu’à ce qu’ils commencent à s’aigrir & à jetter de l’eau ; on décante cette eau, & on la fait bouillir fortement, jusqu’à ce qu’elle ait une consistance épaisse, comme celle de la biere qui n’a point fermenté. Quand cette liqueur est refroidie, on la met dans des bouteilles, que l’on expose au soleil pendant l’été, & que l’on met sur un poële pendant l’hiver ; par-là elle devient de plus en plus épaisse. Voyez Gmelin, voyage de Sibérie. (—)

MISY, s. m. (Hist. nat.) nom donné par les anciens naturalistes à une substance minérale d’un jaune orangé, très-chargée de vitriol. M. Henckel croit que

ce n’est autre chose qu’un vitriol martial décomposé, dont la partie ferrugineuse est changée en rouille jaune, comme cela arrive à tout vitriol de cette espece qui a été quelque tems exposé à l’air. Voyez Pyritologie, ch. xiv.

Dioscoride dit que le misy de la meilleure espece est celui de l’île de Chypre, il faut, selon lui, qu’il soit dur, de couleur d’or, & qu’il brille lorsqu’on l’écrase, comme s’il contenoit des paillettes d’or. Wedelius dit qu’il s’en trouve de cette espece dans le pays de Hesse, c’est apparemment ce que quelques auteurs ont nommé terra solaris Hassiaca. Au reste cette substance est vitriolique. (—)

MITAINE, s. f. (Gantier.) espece de gants à l’usage des femmes, qui n’a qu’un pouce & point de doigts ; mais seulement une patte terminée en pointe & volante, qui couvre le haut des doigts au-dessus de la main.

Mitaine se dit aussi de certains gros gants de cuir fourrés, qui ont un pouce, & une espece de sac fermé, qui enveloppe les doigts sans être séparés. Voyez Mouffle.

Les maîtres Gantiers-Parfumeurs peuvent faire, vendre & garnir toute sorte de mitaines de telle étoffe qu’ils jugent à propos, pourvû qu’elles soient doublées de fourrures.

Mitaines a jour, terme de marchand de modes. Ces mitaines sont tricotées à l’aiguille, & ressemblent à une dentelle ; elles sont ordinairement de soie noire ou blanche ; du reste elles n’ont rien de particulier.

Les marchands de modes font ou font faire par des ouvriers atitrés des mitaines de satin, taffetas & velours de toute couleur.

Mitaines, (Pelleterie.) c’est ainsi qu’on appelle certaines peaux de castor qui ne sont pas de la meilleure qualité ; ce nom leur vient apparemment de ce qu’elles ne sont propres qu’à fourrer des mitaines.

MITE, s. f. (Insectolog.) On appelle mites ces petits animaux qu’on trouve en grande abondance dans le fromage tombant en poussiere, & qui paroissent à la vûe simple comme des particules de poussiere mouvante ; mais le microscope fait voir que ce sont des animaux parfaits dans tous leurs membres, qui ont une figure réguliere, & qui font toutes les fonctions de la vie avec autant d’ordre & de régularité que les animaux plusieurs millions de fois plus grands.

Hook & Lower ont découvert que les mites étoient de animaux crustacées, & ordinairement transparens ; leurs parties principales sont la tête, le col, & le corps ; la tête est petite à proportion du corps ; leur museau est pointu, & leur bouche s’ouvre & se ferme comme celle d’une taupe ; elles ont deux petits yeux, & la vûe extrémement perçante ; car si on les touche une fois avec une épingle ou un autre instrument, on voit avec quelle promptitude elles évitent un second attouchement. Quelques-uns ont six jambes, & d’autres huit ; ce qui prouve déja qu’il y en a de différentes especes, quoique d’ailleurs elles paroissent semblables en tout le reste. Chaque jambe a six jointures environnées de poils, & deux petits ongles crochus à leur extrémité, avec lesquels elles peuvent aisément saisir ce qu’elle rencontrent ; la partie de derriere du corps est grosse & potelée, & se termine en figure ovale, avec quelques poils extraordinairement longs qui en sortent ; les autres parties du corps, ainsi que la tête, sont aussi environnées de poils. Ces insectes sont mâles & femelles ; les femelles font leurs œufs, d’où sortent leurs petits avec tous leurs membres parfaits (comme dans les pous & les araignées), quoiqu’excessivement menus ; mais sans changer de figure, ils