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s’est engagé à donner à la matiere certains mouvemens à l’occasion de la volonté d’un esprit ; c’est le dénouement qu’en donne dom Calmet, dans sa dissertation sur les miracles.

Mais quoiqu’on ne sache pas précisément jusqu’où s’étendent les forces & le pouvoir des esprits, on sait bien jusqu’où elles ne s’étendent pas, & que par conséquent des miracles du premier ordre, tels que la création, la résurrection d’un mort, &c. ne peuvent être l’ouvrage des démons.

Plusieurs autres peres & théologiens soutiennent que les magiciens de Pharaon ne changerent pas véritablement leurs verges en serpens, & qu’ils firent seulement illusion aux yeux des spectateurs. Outre Philon & Josephe qu’on cite pour ce sentiment, l’auteur des questions aux orthodoxes sous le nom de saint Justin, soutient que tout ce que firent les magiciens étoit fait par l’opération du démon ; mais que c’étoit de purs prestiges par lesquels ils trompoient les yeux des assistans en leur représentant comme des serpens ou comme des grenouilles ce qui n’étoit ni l’un ni l’autre. Tertullien, saint Jérome, saint Grégoire de Nysse, saint Prosper, tiennent la même opinion. C’est aussi celle de Tostat, & de quelques théologiens modernes ; & M. Serces entre autres, prétend que les prodiges des ministres de Pharaon, n’étoient que des prodiges & des tours de passe passe semblables à ceux des joueurs de gobelets.

Mais puisqu’il y en a de vrais & de faux, de réels & d’apparens, il est nécessaire d’avoir des caracteres sûrs pour distinguer les uns des autres. M. Clarke en assigne trois, 1°. la doctrine qu’ils établissent ; 2°. la grandeur des miracles considérés en eux-mêmes ; 3°. la quantité & le nombre des miracles. Or comme une doctrine peut être ou impie, ou sainte, ou obscure, en sorte qu’elle ne soit clairement connue ni pour vraie ni pour fausse, soit par les lumieres de la raison, ou par celles de la révélation, il s’ensuit que les miracles faits pour appuyer la premiere sont faux ; que ceux qui soutiennent la seconde sont vrais, & que dans le troisieme cas, les miracles décident que la doctrine en question est vraie, parce que Dieu ne peut abuser de sa toute-puissance pour induire les hommes en erreur. En cas de conflict de miracles, la grandeur & la supériorité des miracles comparés les uns avec les autres, font connoître quels sont ceux qui ont Dieu pour auteur. L’histoire de Moïse & des magiciens de Pharaon, fournit la preuve complette de ce second caractere ; & enfin, en cas de conflict de miracles qui paroissent d’abord égaux, le nombre & la quantité discernent les miracles divins, d’avec les faux miracles par la même preuve.

On ajoute encore qu’on peut discerner les vrais miracles d’avec les prestiges du démon, ou d’autres faits prétendus miraculeux, par la doctrine, par la fin, par les circonstances, & sur-tout par l’autorité de l’Eglise. Quelques écrivains dans ces derniers tems, ont prétendu que les vrais miracles devoient avoir été prédits, sans faire attention que si ce caractere étoit absolument essentiel pour discerner les faux miracles d’avec les véritables, on auroit pû contester la mission de Moïse, dont assurément les miracles n’avoient été prédits nulle part. On peut consulter sur cette matiere le traité de la Religion de M. l’abbé de la Chambre, celui de M. Musson, les ouvrages que nous avons cités de MM. Clarke & Serces, & la dissertation de dom Calmet.

MIRADOUX, (Géog.) petite ville de France dans le bas Armagnac, élection de Lomagne, & à deux lieues de Lectoure. Long. 18. 26. lat. 43. 56. (D. J.)

MIRAILLÉ, adj. en termes de Blason, se dit des

aîles des papillons, ou des marques que les paons ont sur leur queue, à cause de la ressemblance que ces marques ont avec un miroir. Rancrolles en Picardie, comme ci-devant sous le terme bigarré.

MIRAILLET, raia lævis oculata, s. m. (Hist. nat.) espece de raie qui a de chaque côté du corps une tache ronde semblable à un œil. Rondelet, hist. des pois. part. premiere, liv. XII. chap. x. Voyez Raie.

MIRANDA, (Géog.) petite place d’Espuagne dans la Navarre, sur l’Arga. Elle n’est connue que pour avoir donné la naissance à un des plus malheureux dominicains du seizieme siecle, Barthélemi Carranza. Ses avantures sont fort singulieres, quoiqu’il n’ait fait qu’un catéchisme espagnol & une somme des conciles, ouvrages même pitoyables : mais voici sa vie.

Il vint en Angleterre avec Philippe d’Autriche. y travailla de toutes ses forces à extirper la foi protestante, fit brûler des livres, & exiler bien du monde. En 1557, Philippe II. lui donna le premier siege d’Espagne, l’archevêché de Tolede. Il assista aux dernieres heures de Charles-Quint, & fut ensuite arrêté par l’inquisition comme hérétique. Il perdit son archevêché, sa liberté au bout de quinze ans de prison, fut déclaré suspect d’hérésie, & condamné comme tel à l’abjuration & à d’autres peines. Un homme contre lequel on n’a nulle preuve, ne sort des mains de ses délateurs qu’après une longue & dure captivité, n’en sort qu’avec flétrissure, & le jugement porte qu’il y a des présomptions contre lui ! C’est aux sages à voir les iniquités d’un tribunal qui regne depuis si long-tems en plusieurs lieux de la chrétienté, & qui commence à répandre des racines & des fibres chevelues dans des pays, où son nom même jusqu’à ce jour excite l’indignation de tous les honnêtes gens. (D. J.)

Miranda, (Géog.) riviere d’Espagne, autrement nommée Eo. Elle a sa source au pié des montagnes des Asturies, fait la borne entre les Asturies & la Galice, & se jette ensuite dans la mer. (D. J.)

Miranda do Duero, (Géog.) on l’appelloit anciennement Contia ou Contium, ville forte de Portugal, capitale de la province de Tra-los-Montes, avec un évêché suffragant de Brague. Elle est sur un roc, au confluent du Duero & du Fresne, à 33 lieues S. O. de Léon, 15 N. O. de Salamanque, 12 S. E. de Bragance, 83 N. E. de Lisbonne. Long. 11. 55. lat. 41. 30. (D. J.)

Miranda de Ebro, (Géog.) petite ville d’Espagne dans la vieille Castille. Elle est dans un terroir fertile en excellent vin, sur les deux bords de l’Ebre qui la traverse, sous un pont, à 64 lieues N. de Madrid, 14 S. O. de Bilbao. Long. 14. 25. lat. 42. 52. (D. J.)

MIRANDE, la, (Géog.) pauvre petite ville de France en Gascogne, capitale du comté d’Astarac. Elle fut bâtie en 1289, sur la Baise, à 6 lieues S. O. d’Ausch, 160 S. O. de Paris. Long. 17. 56. lat. 42. 33. (D. J.)

MIRANDOLE, la, ou la MIRANDE, (Géog.) forte ville d’Italie, capitale du duché de même nom, qui est entre les duchés de Mantoue & de Modène. Les François & les Espagnols furent défaits près de cette place par les Allemands en 1703. Les François la prirent en 1705, & l’évacuerent en 1707. L’empereur Charles VI. la vendit avec le duché au duc de Modene. Le roi de Sardaigne s’en empara en 1743. Elle a été rendue avec le duché, en 1748, au duc de Modene par le traité d’Aix-la-Chapelle. Elle est à 7 lieues N. E. de Modene, 9 S. E. de Mantoue, 10 O. de Ferrare, 34 S. E. de Milan. Long. 28. 40. lat. 44. 52.

Mais si la ville de la Mirandole est connue par ses vicissitudes, elle l’est encore davantage par un de