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l’avons déja observé, pour quelques emplâtres tels que celui qui porte son nom, l’emplâtre styptique, l’emplâtre appellé ciroine, &c. Il donne son nom, mais fort peu de vertu à des trochisques escharrotiques, qui doivent toute leur efficacité au sublimé corrosif qui entre dans leur composition. Voyez Trochisques de minium à l’article Mercure, Mat. méd. & Pharmac.

L’emplâtre de minium est un des plus simples qu’on puisse préparer ; il n’est composé que de cire, d’huile & de cette chaux de plomb. Il ne différe de l’emplâtre de céruse que par la couleur, & de l’emplâtre diapalme simple ou sans vitriol, appellé aussi emplâtre de litharge, que parce qu’il entre du saindoux dans ce dernier ; ce qui ne fait point une différence réelle, car ce dernier ingrédient ne tient lieu que d’une pareille quantité d’huile. Voyez Diapalme.

Au reste, le nom de minium n’est pas absolument propre à la chaux rouge de plomb. Pline le donne aussi au cinnabre des modernes ou cinnabre de mercure, & réciproquement la chaux rouge de plomb a été appellé cinnabre, κιννάϐαρι, par quelques anciens auteurs grecs. (b)

MINNŒI ou MINŒI, (Géog. anc.) peuples de l’Arabie heureuse sur la côte de la mer Rouge ; ils avoient pour capitale la ville de Carna ou Carana. Strabon, Pline, Ptolomée parlent de ces peuples.

MINO, (Géog.) royaume du Japon dans la grande île de Niphon, au nord de Voary & le long de la rive orientale du lac d’Oitz, sur le bord duquel Nobunanga avoit bâti la ville d’Anzuquiama, & un magnifique palais qu’on appelloit le paradis de Nobunanga.

MINOA, (Géog. anc.) c’est 1° le nom d’un port de l’île de Crète ; 2° d’une ville de la même île ; 3° d’une île de Grece dans le golfe Saronique ; 4° d’un promontoire de l’Attique du côté de Mégare ; 5° d’un lieu fortifié, d’un port & promontoire dans le golfe d’Argos ; 6° d’un promontoire du Péloponnese dans l’Argie ; 7° d’une ville d’Arabie & d’une ville dans l’île Siphnus, selon Etienne le Géographe, &c.

La Minoa de l’île d’Amorgos l’une des Sporades, étoit la partie de Simonide, poëte iambique, qui florissoit, suivant Suidas, environ 400 ans avant la prise de Troie. Il est fait mention de ce poëte dans Athénée, Pollux, Elien & autres ; il avoit fait une satyre bien ridicule contre les femmes, & dans laquelle il n’étoit guere moins injuste que cet auteur italien qui a soutenu qu’elles n’ont point d’ame. (D. J.)

MINORATIFS, (Médecine.) purgatifs légers, qui ne font que produire une évacuation légere, sans causer aucun trouble dans l’économie animale. De-là est venu le nom de minoration, qui est cette évacuation légere.

Ces purgatifs sont la manne, la casse, le méchoacan, la rhubarbe, quelques sels, des plantes, comme la racine de patience, d’aunée, d’iris de Florence. Voyez Purgatifs.

MINORATION, s. f. (Méd.) évacuation légere, extrèmement modérée, & qui se fait par les purgatifs que l’on nomme minoratifs. Voyez Minoratif.

MINORBINO, (Géog.) petite ville d’Italie au royaume de Naples, dans la terre de Bari, avec un évêché suffragant de Bari, à 8 lieues N. O. de Cirenza. Long. 33. 45. latit. 40. 30. (D. J.)

MINORITÉ, s. f. (Jurisp.) est l’état de celui qui n’a pas encore atteint l’âge de majorité ; ainsi comme il y a plusieurs sortes de majorités, savoir celle des rois, la majorité féodale, la majorité coutumiere & la majorité parfaite, ou grande majorité. La minorité dure jusqu’à ce qu’on ait atteint la majorité nécessaire pour faire les actes dont il s’agit.

La minorité rend celui qui est dans cet état incapable de rien faire à son préjudice ; elle lui donne aussi plusieurs privileges que n’ont pas les majeurs : elle forme un moyen de restitution.

Voyez le Traité des minorités, tutelles & curatelles, par Meslé ; & ci-devant, Majeur, Mineur, & Rescision, Restitution. (A)

Minorité des Rois, (Hist. mod.) âge pendant lequel un monarque n’a pas encore l’administration de l’état. La minorité des rois de Suede, de Danemarck & des provinces de l’Empire, finit à 18 ans ; celle des rois de France se termine à 14 ans, par une ordonnance de Charles V. du mois d’Août 1374. Ce prince voulut que le recteur de l’université, le prévôt des marchands & les échevins de la ville de Paris, assistassent à l’enregistrement. Le chancelier de l’Hôpital expliqua depuis cette ordonnance, sous le regne de Charles IX, & il fut alors décidé, que l’esprit de la loi étoit que les rois fussent majeurs à 14 ans commencés, & non pas accomplis, suivant la regle que, dans les causes favorables, annus inceptus pro perfecto habetur. Il est bien difficile de peser le pour & le contre qui se trouve à abréger le tems de la minorité des rois ; ce qu’il y a de certain, c’est que si dans la minorité on porte aux piés du trône les gémissemens du peuple, le prince laisse répondre pour lui, les auteurs mêmes des maux dont on se plaint ; & ceux-ci ne manquent jamais d’ordonner la suppression de pareilles remontrances. Mais des ministres n’abuseront-ils pas également de l’esprit d’un prince qui commence sa 14e année ! (D. J.)

MINORQUE, (Géog.) île du royaume d’Espagne dans la Méditerranée, au nord-est & à 10 lieues de l’île Majorque. Elle s’étend du nord-ouest au sud-est, l’espace de 12 ou 15 lieues, de sorte qu’elle peut avoir 40 à 50 lieues de long, sur 2 de large : elle appartient aux Anglois.

Cette île est nommée Minorca, parce qu’elle est la moindre des îles Baléares. Son terrein, quoique montueux, ne laisse pas de produire presque toutes les choses nécessaires à la vie, excepté l’huile ; à cause que cette île est fort exposée aux frimats du nord. Elle ne le cede point à Majorque, pour l’abondance des animaux sauvages & domestiques. Il s’y trouve en particulier d’excellens mulets. Les anciens lui ont donné le nom de Nura, sans qu’on en puisse deviner la raison.

Son port qu’on nomme Port-Mahon, est un des plus beaux de l’univers. Nous en ferons un article séparé.

Citadella, capitale de l’île, est extrèmement fortifiée. Les François ne l’ont prise en 1756, que par ces coups du hasard, qui sont quelquefois couronnés du succès.

La lat. de Minorque est entre le 39 & le 40 degré ; long. 21. 30. jusqu’au 22. degré. (D. J.)

MINOS, (Mythol.) juge souverain des enfers ; & d’un rang supérieur à ceux d’Eaque & de Rhadamante. Homère nous le représente assis, tenant le sceptre à la main, au milieu des ombres dont on plaide les causes en sa présence. C’est lui, dit Virgile, qui remue l’urne fatale où est renfermé le sort de tous les mortels. Il cite les ombres muettes à son tribunal, il examine leur vie, pese leurs actions, & recherche avec soin tous leurs crimes.

Quæsitor, Minos, urnam movet. Ille silentum
Consiliumque vocat, vitasque & crimina discit.

Æneïd. lib. VI.

Voilà la fable, voici l’histoire. Minos I. roi de Crete, fils d’Astérius, est regardé pour un des plus sages législateurs de l’antiquité. On a dit de lui par cette raison, qu’il avoit été admis aux intimes secrets