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Voyez le gloss. de M. de Lauriere au mot Minage. (A)

MINARET, s. m. (Hist. mod.) tour ou clocher des mosquées chez les Mahométans. Ces tours ont 3 ou 4 toises de diametre dans leur base ; elles sont à plusieurs étages avec des balcons en saillie, sont couvertes de plomb avec une aiguille surmontée d’un croissant. Avant l’heure de la priere, les mueznis ou crieurs des mosquées montent dans ces minarets, & de dessus les balcons appellent le peuple à la priere en se tournant vers les quatre parties du monde, & finissant leur invitation par ces paroles : Venez, peuples, à la place de tranquillité & d’intégrité ; venez à l’asyle du salut. Ce signal, qu’ils nomment ezan, se répete cinq fois le jour pour les prieres qui demandent la présence du peuple dans les mosquées, & le vendredi on ajoute un sixieme ezan. Il y a plusieurs minarets, bâtis & ornés avec la derniere magnificence. Guer. Mœurs des Turcs, tome I.

MINCE, adj. (Gramm.) épithete, par laquelle on désigne un corps qui a très-peu d’épaisseur relativement à sa surface. Ainsi le taffetas est une étoffe fort mince. Il y a des gens d’un mérite assez mince, à qui l’on a accordé des places très-importantes, soit dans la robe, soit dans l’église, soit dans le gouvernement, soit dans le militaire.

MINCIO, le, Mincius, (Géog.) riviere d’Italie, qui forme le marais de Mantoue ; elle est illustrée par Virgile, quand il dit, en parlant de cette ville :

Tardis ingens ubi flexibus errat
Mincius, & tenerâ prætexit arundine ripas.

Georg. l. III. v. 14.

MINDANAO, (Géogr.) grande île des Indes orientales, l’une des Philippines la plus méridionale & la plus grande après Manille. Sa figure est triangulaire : elle a environ 250 lieues de tour. On y compte plusieurs rivieres navigables, dont les plus fameuses sont Bukayen & Butuan. La plûpart des habitans sont idolâtres, & les autres mahométans. Dampier a peint leur figure ; il dit qu’ils ont la taille médiocre, les membres petits, le corps droit, la tête menue, le visage ovale, le front applati, les yeux noirs & peu fendus, le nez court la bouche assez grande, les levres petites & rouges, le teint tanné, les cheveux noirs & lisses. Mais il y a dans cette île quelques peuples noirs, comme les Ethropiens ; ils sont sauvages, & vont tout nuds. La ville de Mindanao est la capitale de tout le pays ; elle est située sur la côte occidentale. Sa long. selon M. de Lisle, est 144. latit. 7. (D. J.)

MINDELHEIM, (Géog.) ville d’Allemagne au cercle de Suabe dans l’Algow, sur la riviere de Mindel. C’est la capitale d’un petit état entre l’Iller & le Lech, qui appartient à la maison de Baviere. L’empereur, après la bataille d’Hohestedt, créa Marlborough prince de l’empire, en érigeant en sa faveur Mindelheim en principauté, qui fut depuis échangée contre une autre. Mais Marlborough n’a jamais été connu sous de pareils titres, son nom étant devenu le plus beau qu’il pût porter. Long. 28. 15. latit. 48. 5.

MINDEN, (Géog.) ville d’Allemagne au cercle de Westphalie, capitale de la province de même nom sur le Wéser, avec un pont qui fait un grand passage, & la rend commerçante. Elle appartient à l’électeur de Brandebourg, qui en a sécularisé l’évêché. Elle est dans une situation avantageuse, à 11 lieues S. E. d’Osnabruck, 15 O. de Hannover, 15 N. E. de paderborn. Long. 26. 40. lat. 52. 23.

MINDORA, (Géogr.) île de la mer des Indes, une des Philippines, à 18 lieues de Luçon. Elle a 20 lieues de tour, & une petite ville nommée Baco. Elle est remplie de montagnes qui abondent en pal-

miers. Les habitans sont tous idolâtres, & payent tribut aux Espagnols à qui l’île appartient. Long. 135. latit. 13. (D. J.)

MINE, s. f. (Hist. nat. Minéralog.) en latin minera, gleba metallica. Dans l’histoire naturelle du regne, on appelle mine toute substance terreuse ou pierreuse qui contient du métal ; c’est ainsi qu’on appelle mine d’or toute pierre dans laquelle on trouve ce métal. Mais dans un sens moins étendu, on donne le nom de mine à tout métal qui se trouve minéralisé, c’est-à-dire combiné avec le soufre ou avec l’arsenic, ou avec l’un & l’autre à la fois ; combinaison qui lui fait perdre sa forme, son éclat & ses propriétés. Voyez Minéralisation.

C’est dans cet état que les métaux se trouvent le plus ordinairement dans les filons ou veines métalliques, alors on dit que ces métaux sont minéralisés, ou dans l’état de mine ; au lieu que quand un métal se trouve dans le sein de la terre sous la forme qui lui est propre, on le nomme métal natif ou métal vierge.

Il y a souvent plusieurs métaux qui sont mêlés & confondus dans une même mine, c’est ainsi qu’on trouve rarement des mines de cuivre qui ne contiennent en même tems une portion de fer ; toutes les mines de plomb contiennent plus ou moins d’argent. Volià précisement ce qui cause la difficulté de reconnoître les mines au simple coup-d’œil, il faut pour cela des yeux fort accoutumés, quelquefois on est obligé même de recourir au microscope, & souvent encore c’est sans succès, & l’on est forcé de faire l’essai de la mine, quand on veut être assûré de ce qu’elle contient. Ces essais doivent se faire avec beaucoup de précaution, vû que le feu peut souvent volatiliser & dissiper plusieurs des substances contenues dans une mine, & par-là l’on ne trouve plus des métaux qui y étoient auparavant très-réellement renfermés. Cela vient de ce qu’en donnant un feu trop violent, non-seulement le soufre & l’arsenic se dégagent & se dissipent, mais encore ils entraînent avec eux les parties métalliques, qui sont dans un état de division extrème dans les mines.

Dans les dénomination que l’on donne aux différentes mines, on doit toujours consulter le métal qui y domine ; quelque naturelle que soit cette observation, elle a été souvent négligée par la plûpart des Minéralogistes ; dans les noms qu’ils ont donnés à leurs mines, souvent ils se sont réglés plutôt sur le prix que la convention a fait attacher à un métal qui s’y trouvoit accidentellement & en petite quantité, que sur le métal qui y étoit le plus abondant ; c’est ainsi que nous voyons souvent qu’ils donnent le nom des mines d’argent à de vrais mines de plomb, dont le quintal fournit tout-au-plus quelques onces d’argent contre une très-grande quantité de plomb ; c’est avec grande raison que M. Rouelle reproche cette faute à la plûpart des auteurs ; ce savant chimiste observe très-judicieusement que, pour parler avec l’exactitude convenable dans l’histoire naturelle, une mine de cette espece devroit être appellée mine de plomb contenant de l’argent, & non mine d’argent. La même observation peut s’appliquer à un grand nombre d’autres mines qui ont été nommées avec aussi peu d’exactitude, & l’on sent que ces dénominations sont très-capables d’induire en erreur les Naturalistes, qui doivent plutôt s’arrêter à la nature qu’à la valeur des métaux contenus dans une mine.

C’est dans les profondeurs de la terre que la nature s’occupe de la formation des mines ; & quoique cette opération soit une de celles qu’elle cache le plus soigneusement à nos regards ; les Naturalistes n’ont pas laissé de faire des efforts pour tâcher de surprendre quelques-uns de ses secrets. Quelques au-