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Deuteronome, ch. vj. V. 9. mais pour ne pas rendre les paroles de la loi, le sujet de la profanation de personne, les docteurs ont décidé qu’il falloit écrire ces paroles sur un parchemin. On prend donc un parchemin quarré, préparé exprès, où l’on écrit d’une encre particuliere, & d’un caractere quarré, les versets 4, 5, 6, 7, 8, & 9 du chap. vj. du Deutéronome ; & après avoir laissé un petit espace, on ajoute ce qui se lit Deutéronome, chap. ij. V. 13. jusqu’au V. 20. Après cela on roule le parchemin, on le renferme dans un tuyau de roseau ou autre ; enfin on écrit à l’extrémité du tuyau le mot Saddai, qui est un des noms de Dieu. On met de ces mezuzoth aux portes des maisons, des chambres, & autres lieux qui sont fréquentés ; on les attache aux battans de la porte au côté droit ; & toutes les fois qu’on entre dans la maison ou qu’on en sort, on touche cet endroit du bout du doigt, & on baise le doigt par dévotion. Le dictionnaire de Trévoux écrit mazuze, au-lieu de mezuzoth ; il ne devoit pas commettre une faute si grossiere. (D. J.)

MEZZO-TINTO, (Grav) on appelle une estampe imprimée en mezzo-tinto, celle que nous nommons en France piece noire ; ces sortes d’estampes sont assez du goût des Anglois ; elles n’exigent pas autant de travail que la gravure ordinaire ; mais elles n’ont pas le même relief : d’un autre côté, on attrape mieux la ressemblance en mezzo-tinto, qu’avec le trait ou la hachure. (D. J.)

MI

MI, s. m. (Musique.) une des six syllabes inventées par Guy-Arétin, pour nommer ou solfier les notes. Voyez E, SI, MI, & Gamme. (S)

MIA, (Hist. mod.) c’est le nom que les Japonois donnent aux temples dédiés aux anciens dieux du pays : ce mot signifie demeure des ames. Ces temples sont très-peu ornés ; ils sont construits de bois de cèdre ou de sapin, ils n’ont que quinze ou seize piés de hauteur ; il regne communément une galerie tout-au-tour, à laquelle on monte par des degrés. Cette espece de sanctuaire n’a point de portes ; il ne tire du jour que par une ou deux fenêtres grillées, devant lesquelles se prosternent les Japonois qui viennent faire leur dévotion. Le plafond est orné d’un grand nombre de bandes de papier blanc, symbole de la pureté du lieu. Au milieu du temple est un miroir, fait pour annoncer que la divinité connoît toutes les souillures de l’ame. Ces temples sont dédiés à des especes de saints appellés Cami, qui font, dit-on, quelquefois des miracles, & alors on place dans le mia ses ossemens, ses habits, & ses autres reliques, pour les exposer à la vénération du peuple : à côté de tous les mia, des prêtres ont soin de placer un tronc pour recevoir les aumones. Ceux qui vont offrir leurs prieres au cami, frappent sur une lame de cuivre pour avertir le dieu de leur arrivée. À quelque distance du temple est un bassin de pierre rempli d’eau, afin que ceux qui vont faire leurs dévotions puissent s’y laver ; on place ordinairement ces temples dans des solitudes agréables, dans des bois, ou sur le penchant des collines ; on y est conduit par des avenues de cèdres ou de cyprès. Dans la seule ville de Méaco on compte près de quatre mille mia, desservis par environ quarante mille prêtres ; les temples des dieux etrangers se nomment tira.

MIA ou MIJAH, (Géogr.) ville du Japon, dans la province d’Owari, sur la côte méridionale de l’île de Niphon, avec un palais fortifié, & regardé comme troisieme de l’empire. Long. 153. 55. lat 35.

MIAFARKIN, (Géog.) ville du Courdistan. Long. selon Petit de la Croix, 75. lat. 38. (D. J.)

MIAGOGUE, s. m. (Hist. anc.) nom qu’on donnoit, par plaisanterie, aux peres qui faisant inscrire leurs fils le troisieme jour des apaturies dans une tribu, & sacrifioient une chevre ou une brebis, avec une quantité de vin, au-dessous du poids ordonné.

MIAO-FSES les, (Géog.) peuples répandus dans les provinces de Setchuen, de Kœittcheon, de Houquang, de Quangsi, & sur les frontieres de la province de Quangtong.

Les Chinois, pour les contenir, ont bâti d’assez fortes places dans plusieurs endroits, avec une dépense incroyable. Ils sont sensés soumis lorsqu’ils se tiennent en repos ; & même s’ils font des actes d’hostilité, on se contente de les repousser dans leurs montagnes, sans entreprendre de les forcer : le vice-roi de la province a beau les citer de comparoître, ils ne font que ce que bon leur semble.

Les grands seigneurs Miao-fses ont sous eux de petits seigneurs, qui, quoique maîtres de leurs vassaux, sont comme feudataires, & obligés d’amener leurs troupes, quand ils en reçoivent l’ordre. Leurs armes ordinaires sont l’arc & la demi-pique. Les selles de leurs chevaux sont bien faites, & différentes des selles chinoises, en ce qu’elles sont plus étroites, plus hautes, & qu’elles ont les étriers de bois peint. Ils ont des chevaux fort estimés, soit à cause de la vîtesse avec laquelle ils grimpent les plus hautes montagnes, & en descendent au galop, soit à cause de leur habileté à sauter des fossés fort larges. Les Miao-fses peuvent se diviser en Miao-fses soumis & en Miao-fses non soumis.

Les premiers obéissent aux magistrats chinois, & font partie du peuple chinois, dont ils se distinguent seulement par une espece de coëffure, qu’ils portent au-lieu du bonnet ordinaire, qui est en usage parmi le peuple à la Chine.

Les Miao-fses sauvages, ou non soumis, vivent en liberté dans leurs retraites, où ils ont des maisons bâties de briques à un seul étage. Dans le bas ils mettent leurs bestiaux, se logent au-dessus. Ces Miao-fses sont séparés en villages, & sont gouvernés par des anciens de chaque village. Ils cultivent la terre ; ils font de la toile, & des especes de tapis qui leur servent de couverture pendant la nuit. Ils n’ont pour habit qu’un caleçon, & une sorte de casque, qu’ils replient sur l’estomac. (D. J.)

MIASME, s. m. (Med.) μιασμα, ce nom est dérivé du verbe grec μιαινειν, qui signifie souiller, corrompre ; cette étymologie fait voir qu’on doit écrire miasme par un i, & non par un y ; cette sorte d’orthographe est assez ordinaire, & notamment elle s’est glissée dans ce dictionnaire à l’article Contagion, voyez ce mot. Par miasme on entend des corps extrèmement subtils, qu’on croit être les propagateurs des maladies contagieuses ; on a pensé assez naturellement que ces petites portions de matiere prodigieusement atténuées s’échappoient des corps infectés de la contagion, & la communiquoient aux personnes non infectées, en pénétrant dans leurs corps après s’être répandues dans l’air, ou par des voies plus courtes, passant immédiatement du corps affecté au non affecté ; ce n’est que par leurs effets qu’on est parvenu à en soupçonner l’existence : un seul homme attaqué de la peste a répandu dans plusieurs pays cette funeste maladie. Lorsque la petite vérolé se manifeste dans une ville, il est rare qu’elle ne devienne pas épidémique ; il y a des tems où l’on voit des maladies entierement semblables par les symptomes, les accidens, & les terminaisons, se répandre dans tout un pays ; si un homme bien sain boit dans le même verre, s’essuie aux mêmes serviettes qu’une personne galeuse, ou s’il couche simplement à côté d’elle, il manque rarement d’attraper la gale ; il y a des dartres vives qui se commu-