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Voyez M. Ducange, dans ses notes sur ce passage de Joinville. (D. J.)

Mezelerie, s. f. (Commerce.) espece de brocatelle, qu’on connoît mieux sous le nom d’étoffe de l’apport de Paris : elle est mêlée de laine & de soie.

MEZERAY, (Géog.) village de France dans la basse Normandie, entre Argentan & Falaise. Il n’est connu, & nous n’en parlons ici, que parce qu’il a donné le jour à François Eudes de Mezeray, qui s’est fait un grand nom par son histoire de France. Il publia le premier volume in-fol. en 1643, le second en 1646, & le troisieme en 1651. Ensuite il donna l’abregé de cette histoire en 1668, trois vol. in-4. Comme il mit dans cet abregé l’origine des impôts du royaume, avec des réfléxions, on lui supprima la pension de 4000 liv. dont il avoit été gratifié ; mais on n’a pas pu détruire le goût de préférence du public pour cet abregé. Mezeray fut reçu à l’Académie françoise en 1648, & mourut en 1683, à 73 ans. (D. J.)

MEZERÉON ou BOIS-JOLI, s. m. (Jardin.) petit arbrisseau que l’on nomme communément bois-joli. Il se trouve dans les bois de la partie septentrionale de l’Europe & jusque dans la Laponie. Il s’éleve à environ quatre piés, donne peu de branches, à-moins qu’il n’y soit contraint par la taille. Il fait une tige droite qui a du soutien, ainsi que les branches. Son écorce est lisse, épaisse, jaunâtre. Ses racines sont jaunes, molasses, courtes & lisses, sans presqu’aucunes fibres, ni chevelures. Sa feuille est longue, étroite, pointue, d’un verd-tendre en dessus & bleuâtre en-dessous. Des le mois de Fevrier, l’arbrisseau bien avant la venue des feuilles, se couvre de fleurs d’une couleur de pourpre violet : elles sont belles, fort apparentes, de longue durée, & d’une odeur agréable. Les fruits qui leur succedent, sont des baies rouges, pulpeuses, rondes, de la grosseur d’un poids ; elles couvrent un noyau qui renferme la semence ; leur maturité arrive au mois d’Août.

Le bois joli resiste aux plus grands froids. Il se plaît aux expositions du nord, dans les lieux froids & élevés, dans les terres franches & humides, mêlées de sable ou de pierrailles. Il vient sur-tout à l’ombre & même sous les arbres.

On peut multiplier cet arbrisseau de bouture ou de branches couchées ; mais ces méthodes sont longues & incertaines. La voie la plus courte est de faire prendre de jeunes plants d’environ un pié de haut dans les bois, qu’il faudra transplanter dès la fin du mois d’Octobre. A défaut de cette facilité, il faut faire semer les graines peu de tems après leur maturité, qui est à sa perfection lorsqu’elles commencent à tomber. En ce cas, elles leveront au printems suivant ; mais si on ne les semoit qu’après l’hiver, elles ne leveroient qu’à l’autre printems. Il faut semer ces graines dans une terre fraîche, à l’ombre d’un mur exposé au nord ou tout au plus au soleil levant. Au bout de deux ans, les jeunes plants auront cinq à six pouces, & seront en état d’être transplantés, ce qu’il faudra faire autant que l’on pourra avec la motte de terre. Par ce moyen, les plants auront deux ans après environ un pié de haut, & commenceront a donner des fleurs. Mais quand on tire des jeunes plants du bois, il n’en reprend pas la dixieme partie ; & ceux qui réussissent, sont deux ou trois ans à reprendre vigueur. Cependant il y a des terreins qui permettent de les enlever avec la motte de terre, par ce moyen on évite le retard & la langueur.

On peut tirer grand parti de cet arbrisseau dans les jardins, pour l’agrément. Il est très-susceptible d’une forme réguliere ; on peut lui faire prendre une tige droite de deux piés de hauteur, avec une

tête bien arrangée. On peut le mettre en palissade contre un mur exposé au midi, où il fleurira des le mois de Janvier. On peut en faire des haies de deux à trois piés de haut. En le taillant tous les ans, au printems, il se garnira de branches & il donnera quantité de fleurs, dont la beauté, la durée & la bonne odeur feront un ornement, dans une saison où la nature est encore dans l’engourdissement pour le plus grand nombre des végétaux.

Toutes les parties du bois joli, à l’exception des fleurs, sont d’une âcreté si excessive qu’elles brûlent la bouche. Les fruits ne sont pas de mauvais goût & n’ont rien d’âcre en les mangeant ; mais ils sont si mordicans & si caustiques, que quelque tems après on sent à la gorge une chaleur extraordinaire qui cause pendant environ douze heures une ardeur des plus vives & très-incommode. Ce fruit est un violent purgatif ; cependant les oiseaux en mangent, sans qu’il en résulte d’inconvénient ; ils en sont même très-avides. Linnæus rapporte qu’en Suede on prend les loups & les renards, en leur faisant manger de ce fruit caché sous l’appât des charognes, & qu’ils en meurent subitement.

On connoît quelques variétés de cet arbrisseau.

1°. Le bois-joli à fleurs rouges ; c’est celui qui est le plus commun.

2°. Le bois joli à fleurs rougeâtres ; c’est une moindre teinte de couleur, dont le mérite est de contribuer à la variété.

3°. Le bois-joli à feuilles panachées de blanc ; autre variété qui est plus rare que belle. On peut la multiplier par la greffe en approche ou en écusson sur l’espece commune.

4°. Le bois joli à fleurs blanches ; cette variété est très-rare & d’une grande beauté. Sa fleur est un peu plus grande que celle des autres bois-joli ; mais l’odeur en est plus délicieuse : elle tient du jasmin & de la jonquille. Son fruit est jaune, & les plants qui en viennent, donnent la même variété à fleurs blanches ; on peut aussi la multiplier par la greffe sur l’espece commune.

On peut encore multiplier toutes ces variétés, en les greffant en écusson ou en approche sur le laureole ou gason, qui est un arbrisseau toujours verd, du même genre. Voyez Laureole. Article de M. Daubenton le subdélégué.

MÉZIERES, en latin moderne Maceriæ, (Géog.) ville de France en Champagne, avec une citadelle. Mézieres appartenoit dans le x. siecle à l’église de Reims ; voyez l’abbé de Longuerue, & Baugier, Mém. hist. de Champagne. Une puissante armée de l’empereur Charles-Quint fut obligée d’en lever le siege en 1521, par la belle résistance du chevalier Bayard. Elle est bâtie en partie sur une colline, en partie dans un vallon, sur la Meuse, à 8 lieues de Rhétel, 5 N. E. de Sedan, 1 S. E. de Charleville, 51 N. E. de Paris. Long. 22d 23′ 15″. lat. 59d 44′ 47″.

MÉZILLE, (Géog.) petite riviere de France ; elle a sa source dans le pays appellé Puisaye, au-dessus du bourg de Mézille, & se perd dans le Loin, auprès de Montargis. (D. J.)

MÉZUNE, (Géogr.) ancienne ville d’Afrique, dans la province de Ténex, au royaume de Trémecen, entre Ténex & Mostagan, à 12 milles de la Méditerranée. On y trouve encore de beaux vestiges des Romains, quoique les Arabes ayent ruiné cette ville, & contraint les habitans d’aller s’établir ailleurs. Ptolomée en parle sous le nom d’Opidoneum colonia, & lui donne de long. 16d. & de lat. 23. 40.

MÉZUZOTH, s. m. (Théol. rabbin.) c’est ainsi que les Juifs appellent certains morceaux de parchemin écrits qu’ils mettent aux poteaux des portes de leurs maisons, prenant à la lettre ce qui est prescrit au