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ment de place d’une cause morbifique que l’on fait passer dans des parties où elle ne peut pas causer un grand dommage, lorsqu’on ne peut l’évacuer par les voies ordinaires.

METAURE, le, (Géog. anc.) en latin Metaurus, nom commun à deux rivieres d’Italie. L’une étoit dans le duché d’Urbin : on la nomme à présent Metara ou Mitro. L’autre étoit dans l’Umbrie. Pline, lib. III. cap. v. & Strabon, l. Vl. pag. 256. parlent de cette derniere Le P. Hardouin dit que c’est aujourd’hui le Marro. Elle a sa source sur les frontieres de Toscane, vers le bourg de Borgo di San-Sepolcro, & sortant du mont Appenin, prend son cours vers l’orient, se grossit d’autres petites rivieres, coule près de Fossombrone, & se jette dans le golfe de Venise, à quatre milles de Fano, du côté de Sinigallia. Son nom latin dans Pline, est Metaurus ; mais Horace, dans une de ses odes, le fait adjectif & du genre neutre, en disant Metaurum flumen, comme il dit Rhenum flumen, Medum flumen. Pomponius Mela nomme Metaurum une ville d’Italie qu’il donne aux Brutiens. (D. J.)

MÉTAYER, s. m. (Gramm. Œcon. rust.) celui qui fait valoir des terres ou une métairie, soit à prix d’argent, soit à moisson ou à moitié fruit, ou comme domestique au profit de son maître.

METE, s. f. (Jurispr.) du latin meta qui signifie limite. C’est un terme usité dans quelques coutumes & provinces pour exprimer le territoire d’une jurisdiction. Le juge, sergent ou autre officier, dit qu’il a fait tel acte ès metes de sa jurisdiction, c’est-à-dire dans l’étendue de son territoire & au dedans des limites. On doit écrire mete, & non pas melte, comme l’écrit le dictionnaire de Trévoux. (A)

MÉTEDORES, s. m. (Comm.) terme espagnol particulierement en usage à Cadix où il signifie des especes de braves qui favorisent la sortie de cette ville aux barres d’argent que les marchands ont été obligé d’y faire débarquer à l’arrivée des gallions ou de la flotte des Indes.

Ces métédores sont les cadets des meilleures maisons du pays qui n’ont pas de bien, & qui moyennant un pour cent de tous les effets qu’ils sauvent aux marchands, s’exposent aux risques qui peuvent naître de cette contrebande.

Il y a aussi des metédores qui sauvent les droits des marchandises emballées, soit d’entrée, soit de sortie. Ils se partagent ordinairement en deux troupes, dont l’une attend au pié des remparts de la ville, les ballots que l’autre qui reste en dedans vient lui jetter par dessus les murs. Chaque ballot a sa marque, pour être reconnu. On en use à peu près de même pour faire entrer des ballots de marchandises dans la ville. Il est vrai que pour sauver ces effets avec plus de sureté, on a soin de gagner le gouverneur, le major, l’alcade de Cadix, même jusqu’aux sentinelles, ce qui revient environ à dix-sept piastres par ballot. Les métédores gagnent ordinairement à chaque arrivée de la flotte ou des gallions, deux ou trois mille piastres chacun, qu’ils vont dépenser à Madrid où ils sont connus pour faire ce métier.

Outre ces métédores, il y a aussi des particuliers entre les peuples qui s’en mêlent ; mais les uns & les autres avec une si grande fidélité, que les étrangers n’ont jamais eu lieu de s’en plaindre. Dictionn. de Commerce.

MÉTEIL, s. m. (Écon. rust.) c’est un grain moitié seigle & moitié froment. Le meilleur blé bise d’année en année, & devient enfin méteil.

METELIN, (Géog.) île considérable de l’Archipel ; c’est l’ancienne Lesbos, dont nous n’avons pas oublié de faire l’article.

L’île de Mételin est située au nord de Scio, &

presqu’à l’entrée du golfe de Gueresto. Elle est le double plus grande que celle de Scio, & s’étend beaucoup du côté du Nord-Est. Il y a encore dans cette île plus de cent bourgs ou villages, sans compter Castro qui en est la capitale ; cependant elle a été beaucoup plus peuplée autrefois, & elle a produit un nombre étonnant d’hommes illustres. Eustathe remarque que cette île fut jadis appellée Mytilene, du nom de sa capitale : il est aisé de voir que de Mytilene on a fait Métalin.

Son terroir est fort bon ; les montagnes y sont fraîches, couvertes de bois & de pins en plusieurs endroits, dont on tire de la poix noire, & dont en emploie les planches à la construction de petits vaisseaux. On y recueille de bon froment, d’excellente huile, & les meilleures figues de l’Archipel. Ses vins même n’ont rien perdu de leur premiere réputation.

Son commerce consiste seulement en grains, en fruits, en beurre & en fromage ; cependant elle ne laisse pas de payer au grand seigneur dix-huit mille piastres de caratseh.

Ses principaux ports sont celui de Castro ou de l’ancienne Mytilene, celui de Caloni, celui de Sigre, & sur-tout le port Iéro, connu par les Francs sous le nom de port olivier, qui passe pour un des plus grands & des plus beaux de la Méditerranée. Long. 43. 52.-44. 31. lat. 39. 15.

Mais ce qui touche le plus les curieux qui se rendent exprès dans l’île de Mételin, ce sont ses richesses antiques qui fourniroient encore bien des connoissances aux savans.

M. l’abbé Fourmont qui visita cette île en 1729, qui promit d’en donner une exacte description, y trouva des monumens de l’antiquité la plus reculée, & y recueillit une vingtaine d’inscriptions singulieres échappées à Spon, Wheler, Tournefort, & autres voyageurs de cet ordre.

La plûpart de ces inscriptions étoient antérieures à la puissance des Romains ; d’autres étoient de leur tems ; & d’autres concernoient les Perses : toutes de conséquence, à ce qu’assuroit M. l’abbé Fourmont, en ce qu’elles prouvoient des faits importans cités par quelques auteurs, ou parce qu’elles nous apprenoient des choses dont ils n’ont fait aucune mention. C’est donc grand dommage que M. Fourmont n’ait point exécuté sa promesse. (D. J.)

METELIS, (Géog. anc.) ville d’Egypte à l’embouchure du Nil, capitale d’un nome auquel elle donnoit son nom. C’est présentement Fulva selon le P. Vansleb. (D. J.)

MÉTEMPTOSE, s. f. en Chronologie, terme qui marque l’équation solaire à laquelle il faut avoir égard pour empêcher que la nouvelle lune n’arrive un jour trop tard. Ce mot vient du grec μετὰ, post, après, & πιπτω, cado, je tombe.

Il est opposé à celui de proemptose, qui marque l’équation lunaire, à laquelle il faut avoir égard pour empêcher que la nouvelle lune n’arrive un jour trop tôt.

Pour entendre la différence de ces deux mots, il faut se rappeller ce que nous avons dit à l’article Epacte : savoir, que le cycle des épactes qui revient au bout de 19 ans, & qui fait retomber les nouvelles lunes aux mêmes jours, ne sauroit être perpétuel pour deux raisons ; la premiere, parce qu’au bout de 300 ans environ, les nouvelles lunes arrivent un jour plutôt qu’elles ne doivent arriver suivant le cycle de dix-neuf ans. La seconde, parce que de quatre années séculaires il n’y en a qu’une de bissextile suivant le nouveau style ; & que par conséquent dans les années séculaires qui ne sont point bissextiles, les nouvelles lunes doivent arriver un jour plus tard que l’épacte ne le