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tilité de sa patrie occupe plus que les objets de spéculation, cet art prend de jour en jour un nouveau lustre en Suede, & tout le monde sait que les métaux sont la branche principale du commerce de ce royaume.

C’est aussi de ces pays que nous sont venues les premieres notions de cet art. George Agricola peut être regardé comme le fondateur de la Métallurgie. Il naquit à Glaucha en Misnie en 1494 : il se livra avec beaucoup de succès à l’étude des lettres grecques & romaines. Après avoir étudié la Médecine en Italie, il alla l’exercer avec succès à Joachimstahl, & ensuite à Chemnitz, lieux fameux par leurs mines & par les travaux de la Métallurgie. L’occasion qu’il eut d’examiner par lui-même ces travaux, & de contempler la nature dans ses atteliers souterreins, lui fit naître l’envie de tirer l’art des mines & de la Métallurgie des ténebres & de la barbarie où ils avoient été ensevelis jusqu’à son tems. En effet, les Grecs, les Romains & les Arabes n’en avoient parlé que d’une façon très-confuse & fort peu instructive. Agricola entreprit de suppléer à ce défaut ; c’est ce qu’il fit en publiant les ouvrages suivans :

1°. Bermannus, seu Dialogi de rebus fossilibus.

2°. De causis subterraneorum, libri IV.

3°. De naturâ corum quæ effluunt ex terrâ, lib. IV.

4°. De natura fossilium, lib. X.

5°. De mensuris & ponderibus, libri V.

6°. De re metallicâ, libri XII.

7°. De proetio metallorum & monetis, libri II.

8°. De resiituendis ponderibus & mensuris, liber I.

9°. Commentariorum, libri VI.

Il commença à publier quelques-uns de ces ouvrages en l’année 1530 ; les autres furent mis au jour successivement. C’est sur-tout dans son traité de re metallicâ, qu’Agricola décrit avec la plus grande précision & dans le plus grand détail, les différentes opérations de la Métallurgie. Cet ouvrage a toujours depuis été regardé comme le guide le plus sûr de ceux qui veulent s’appliquer à cet art. Il est vrai que depuis Agricola, plusieurs hommes habiles ont fait des découvertes importantes dans la Métallurgie ; mais il aura toujours le mérite d’avoir applani la voie à ses successeurs, & d’avoir tiré cet art du chaos où il étoit plongé avant lui.

Parmi ceux qui ont suivi Agricola, le célebre Beccher occupe un rang distingué. Son ouvrage, qui a pour titre Physica subterranea, a jetté un très-grand jour sur la connoissance des métaux. Quant à son traité de la Métallurgie, il doit être regardé comme un ouvrage imparfait & le fruit de sa jeunesse : il est rempli des idées des anciens alchimistes, & Stahl en a fait un commentaire en allemand, dans lequel il a fait sentir les fautes de Beccher, qu’il a rectifiées par-tout où il en étoit besoin.

C’est sur-tout à Stahl que la Métallurgie a les plus grandes obligations ; il porta dans cet art son génie pénétrant & ses lumieres dans la Chimie. Ce grand homme rendit raison des différens phénomenes que les métaux présentent dans les différentes opérations par lesquelles on les fait passer. Nous avons de lui un traité latin fort abrégé, mais excellent de Métallurgie ; on le trouve à la suite de ses opuscules : d’ailleurs son traité du soufre, son specimen Becherianum, & son commentaire sur la métallurgie de Beccher, sont des ouvrages qui jettent un grand jour sur cette matiere.

Plusieurs autres auteurs allemands ont donné des ouvrages utiles sur la Métallurgie. Celui de M. de Loehneiss, publié en allemand en un vol. in fol. sous le titre de Bericht vom Bergwerck, ou Description des travaux des mines, est un ouvrage estimable à plusieurs égards. On peut en dire autant de celui de Balthazar Roesler, qui porte le titre latin de Specu-

lum Metallurgiae politissimum, quoique l’ouvrage soit

allemand. Il parut à Dresde en 1700, en un volume in-fol.

Jean-Chrétien Orschall, inspecteur des mines & fonderies du landgrave de Hesse, mérite d’occuper une place distinguée parmi les Métallurgistes ; on a de lui plusieurs traités de Métallurgie qui sont très-estimables ; savoir, Ars fusoria fundamentalis & experimentalis ; le Traité des trois merveilles ; une nouvelle Méthode pour la liquation du cuivre, & pour faire la macération des mines : tous ces ouvrages qui originairement ont été publiés en allemand, sont actuellement traduits en françois.

Emanuel Swedenborg suédois, a publié en latin trois vol. in-fol. sous le titre d’Orera mineralia ; dans les deux derniers volumes, il a rassemblé toutes les différentes méthodes de traiter le cuivre & le fer : son ouvrage ne peut être regardé que comme une compilation faite sans choix.

L’ouvrage le plus complet que les modernes nous ayent donné sur la Métallurgie, est celui de Christophe-André Schlutter ; il a paru en allemand sous le titre de Grundelicher unterricht von hutten wercken, & fut imprimé in-fol. à Brunswick en 1738. Il est accompagné d’un très-grand nombre de planches qui représentent les différens fourneaux qui servent aux travaux de la Métallurgie. La traduction françoise de cet important ouvrage a été publiée par M. Heliot, de l’académie royale des sciences de Paris, sous le titre de la Fonte des mines, en II. vol. in 4. Cependant il seroit à souhaiter que l’auteur eût joint des explications chimiques à ses descriptions, & qu’il eût donné les raisons des différentes opérations dont il parle ; cela eût rendu son livre plus intéressant & plus utile.

M. C. E. Geller a publié en 1751 un traité élémentaire de Métallurgie, dont j’ai donné la traduction françoise sous le titre de Chimie métallurgique, en 2. vol. in-12. à Paris chez Briasson.

Outre les auteurs principaux dont on vient de parler, l’Allemagne & la Suede en ont produit beaucoup d’autres qui ont donné plusieurs excellens ouvrages sur la Métallurgie, ou sur quelques-unes de ses parties. Parmi ces auteurs, on doit donner une place distinguée à Lazare Ercker, qui a suivi de près Agricola. On a de lui un ouvrage allemand fort estimé, sous le titre de Aula subterranea. On doit aussi mettre au rang des Métallurgistes ceux qui ont écrit sur la Docimasie, tels que Fachs, Schindler, Kiesling, Crammer, &c. Plusieurs autres chimistes & naturalistes ont contribué à jetter un très-grand jour sur l’art de travailler les métaux : tels sont sur-tout Kunckel, le celebre Henckel, & son disciple Zimmermann. Nous avons encore parmi les auteurs vivans des hommes habiles qui ont rendu & qui rendent encore de très-grands services à la Métallurgie ; tels sont le célebre M. Pott, qui dans la Lithogéonosie fournit une infinité de vues excellentes pour le traitement des mines ; MM. Marggraf, Lehmann, de l’académie des sciences de Berlin, méritent, ainsi que M. Brandt, de l’académie de Suede, une place distinguée parmi les Métallurgistes modernes. (—)

MÉTAMBA, s. m. (Hist. nat. Bot.) arbre fort commun en Afrique dans les royaumes de Congo d’Angola & de Loango. On en tire une liqueur fort agréable & très-douce, mais moins forte que l’espece de vin que l’on tire des palmiers. Le bois sert à différens usages, & ses feuilles servent à couvrir les maisons & à les défendre de la pluie ; on fait aussi une espece d’étoffe de ces feuilles qui sont la monnoie courante du pays.

MÉTAMORPHISTES, s. m. (Hist. ecclés.) secte d’hérétiques du xij. siecle, auxquels on a donné ce nom, parçe qu’ils prétendoient que le corps de Jesus-