Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/412

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

capacité ; & si l’on ne rapporte le poids de leurs monnoies à celui des nôtres, il ne sera pas possible de se former une idée tant soit peu exacte des mœurs des anciens, ni de comparer leur richesse avec la nôtre.

Cette considération a porté un très-grand nombre d’habiles gens des deux derniers siecles, à travailler sur cette matiere. Ils ont ramassé avec beaucoup d’érudition, les passages des anciens qui concernent les divisions & les subdivisions des mesures usitées dans l’antiquité. Ils ont même marqué soigneusement la proportion qui se trouvoit entre diverses mesures des Grecs, des Romains & des nations barbares. Mais comme plusieurs ne nous ont point donné le rapport de ces mesures avec les nôtres, leur valeur ne nous est pas mieux connue ; il est vrai que quelques-uns ont déterminé ce rapport ; mais ils l’ont fait avec si peu de solidité, que les évaluations qui résultent de leurs hypothèses rendent incroyables les choses les plus naturelles, parce que dans leurs calculs, les villes, les pays, les monumens, les instrumens des arts, &c. deviennent d’une grandeur excessive. C’est dommage qu’on ne puisse excepter de ce nombre le savant Edouard Bernard, dans son livre de ponderibus & mensuris, & moins encore le fameux docteur Cumberland, mort en 1708 évêque de Petersborough. Il n’a manqué à M. Gréaves, dans son excellent livre écrit en anglois, sur le pié romain, que de n’avoir pas étendu ses recherches aussi loin qu’il étoit capable de le faire.

Cependant pour remplir autant qu’il sera possible l’avide curiosité des lecteurs sur les évaluations des mesures longues, nous nous proposons de joindre aux proportions établies par M. Freret, 1°. la table des mesures longues des diverses nations comparées au pié romain, par M. Gréaves ; 2°. la table de la proportion du pié de Paris, avec les mesures de différentes nations, par le même auteur ; 3°. la table de proportion de plusieurs mesures entr’elles, par M. Picard ; 4°. une table de mesures longues prises sur les originaux, par M. Auzout ; 5°. la table de plusieurs mesures longues comparées avec le pié anglois, tirées de Harris & de Chambers ; 6°. enfin nous donnerons des tables de mesures longues des Grecs, des Romains & de l’Ecriture-sainte, réduites aux mesures angloises.

Proportions établies par M. Freret, entre les différentes mesures longues des anciens. Ces proportions sont marquées en dixiemes de doigt, ou en deux cens quarantiemes parties de la coudée égyptienne, autrement dite aléxandrine, la plus grande de toutes.
Dixiemes de doigt.
Coudée aléxandrine, égyptienne, hébraïque, royale, &c. 240
Pié, 160
Coudée babylonienne, greque, italique, de Diodore, de Pline, &c. 200
Pié, 133
Coudée du pié romain dans Josephe, 192
Pié romain, 128
Coudée de mesure ou olympique, dans Hérodote, 175
Pié, 116
Grandeur des différentes coudées & des différens piés, exprimée en dixiemes de lignes de pié de roi, par la mesure des pyramides.
Selon Hérodote, Pié, 1170
Coudée, 1755
Selon Diodore, Pié, 1337
Coudée, 2006
Selon Strabon, Pié, 1570
Coudée, 2355
Par la grandeur du devakh, ou coudée du Nilometre au Caire, de 2460 dixiemes de ligne.
Coudée égyptienne, hébraïque, alexandrine, ptolémaïque, 2460.
Pié de cette coudée, 1640.
Coudée babylonienne, italique, greque, de Diodore, de Columelle, Pline, &c. 2050.
Pié de cette coudée, .
Coudée du pié romain employé par Josephe, 1968.
Pié romain de cette coudée, 1312.
Coudée de mesure, ou olympique d’Hérodote, .
Pié de cette coudée, .
Grandeurs différentes des piés romains par les divers monumens.
Sur le tombeau de Statilius, 1312.
Sur le tombeau de Corsutius, 1303 ou 1315.
Sur le tombeau d’Oebutius, 1315 ou 1318.
Piés de fer mesurés par Luca Petto, trois piés différens, .
Un autre pié, 1295.
Pié que Petto a fait graver au Capitole, comme la mesure du pié grec, 1358.
Piés mesurés par Gréaves, 1303.
Piés mesurés par Fabretti, 1306.
Pié romain établt par voie de raisonnement.
Grandeur déduite de la mesure du Congius par Villalpandus, 1331.
Par Riccioli, .
Par M. Picard, 1310.
Grandeur déduite de la mesure du mille romain par M. Cassini, pié d’arpentage, 1320.
Pié romain gravé au Capitole, comme celui des anciens architectes, par Luca Petto, 1307.
Pié romain, dont le palme moderne contient les trois quarts, 1318.
Mesures différentes des Grecs. Mesure itinéraire des Astronomes, d’Aristote, d’Herodote, de Xénophon, &c.
Dixiemes de ligne de pié de roi piés, pouces, lignes.
Pié, 740. 0. 6. 2.
Coudée, 1111. 0. 9. .
Orgye ou 4 coudées, 3. 1. .
Pléthre, ou 100 piés, 51. 4. 4.
Stade, 61 pas, ou 308. 6. 11.

Il faut compter 15 de ces stades au mille romain, & au degré d’un grand cercle.

Mesure de Ctésias, & cille qu’Archimede & Aristocréon ont employée pour la mesure de la terre.
Dixiemes de ligne de pié de roi piés, pouces, lignes.
Pié, 987. 0. 8. .
Coudée, 1481. 0. 12. .
Orgye ou 4 coudées, 4. 1. .
Pléthre, ou 100 piés, 66. 8. .
Stade, 82 pas, ou 411. 5. 4.

Il y avoit plus de 11 de ces stades au mille romain, & au degré d’un grand cercle.

Mesure commune contenant de la mesure olympique.
Dixiemes de ligne de pié de roi piés, pouces, lignes.
Pié, 1025. 0. 7. .
Coudée, . 0. 10. 11.
Orgye ou 4 coudées, 4. 3. 3 .
Pléthre, 71. 2. 2.
Stade, 85 pas, ou 427. 2. 8.