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mans dont la mer est toute couverte dans un gros tems. Nous les appellons de même des moutons, & nous disons que la mer moutonne, quand elle est tourmentée par la tempête. Plusieurs îles de la mer Egée tiroient leur nom de la même cause, comme celle qu’on appelloit Ægea, aujourd’hui les Fournis, entre Nicaria & Samos. (D. J.)

Mer de France, (Géog.) On appelle proprement ainsi la partie de l’Océan qui lave les côtes de France, depuis le cap de S. Mahé en Bretagne, jusqu’aux côtes d’Espagne, où commence la mer de Biscaye ; mais quand on dit les mers de France, on entend depuis Bayonne jusqu’à Dunkerque sur l’Océan, toutes les côtes de Provence & de Languedoc sur la Méditerranée, dans le golfe de Lyon. (D. J.)

Mer de Grece, (Géog.) partie de la Méditerranée, le long des côtes de la Grece & de la Morée, depuis les îles de Sainte Maure, de Céphalonie, & de Zante, jusqu’à l’île de Cérigo. La côte orientale de la Grece est de la mer qu’on nomme Archipel. (D. J.)

Mer de Groenland, (Géog.) partie de l’Océan, sur la côte des terres arctiques. La partie orientale du Groenland, que cette mer baigne, est devenue inaccessible par les glaces qui s’y sont accumulées avec le tems. Il y avoit autrefois sur cette côte, une colonie danoise qui a long-tems subsisté ; mais qu’on a été obligé d’abandonner depuis deux siecles, faute d’avoir pu en approcher. (D. J.)

Mer d’Iémen, (Géog.) partie de l’Océan, le long des côtes de l’Arabie heureuse, entre la mer Rouge & le golfe d’Ormus. (D. J.)

Mer des Indes, (Géog.) partie de l’Océan, le long des côtes méridionales de l’Asie, depuis la Perse jusqu’au golfe de Siam ; passé lequel commence l’Océan oriental qui coule le long de la Cochinchine, du Tonquin, & de la Chine. (D. J.)

Mer Ionienne, (Géog.) Ce devroit être la mer qui lave les côtes d’Ionie dans l’Asie mineure. Mais le caprice de quelques géographes a voulu que l’on donnât très-improprement ce nom à la partie de la mer Méditerranée qui est entre la Grece, la Sicile, & la Calabre. Cependant nos navigateurs ont rejetté ce mot, & disent la mer de Grece, la mer de Sicile, la mer de Calabre, &c. (D. J.)

Mer de Marmora, (Géog.) nom moderne de la Propontide des anciens. Voyez Propontide. (D. J.)

Mer Méditerranée, (Géog.) grande mer entre l’Europe, l’Asie & l’Afrique. Elle communique à l’Océan par le détroit de Gibraltar. Elle est séparée de la mer rouge par l’isthme de Suez, & de la mer de Marmora par le détroit des Dardanelles. Elle contient plusieurs grands golfes. Les principaux sont le golfe de Lyon, le golfe Adriatique, l’Archipel & le golfe de Barbarie. Elle renferme trois grandes presqu’îles : savoir l’Italie, la Grece & la Natolie. Ses principales îles sont Sicile, Sardaigne, Corse, Majorque, Minorque, Malthe, Corfou, Céphalonie, Zante & Candie, outre cette multitude d’autres îles qui sont comprises dans la partie de cette mer qu’on appelle Archipel.

La meilleure carte de la Méditerranée que nous ayons, a été donnée par M. Guillaume de Lisle. Cette mer si connue de tout tems par les nations les plus savantes, toujours couverte de leurs vaisseaux, traversée de tous les sens possibles par une infinité de navigateurs, s’est trouvée n’avoir que 860 lieues d’occident en orient, au lieu de 1160 qu’on lui donnoit ; & c’est ce que M. de Lisle a rectifié par des observations astronomiques. Cependant non content de ces observations astronomiques, dont on vouloit se défier, il entreprit, pour ne laisser aucun doute,

de mesurer toute cette mer en détail & par parties ; sans employer ces observations, mais seulement les portulans & les journaux des pilotes, tant des routes faites de cap en cap, en suivant les terres, que de celles qui traversoient d’un bout à l’autre ; & tout cela évalué avec toutes les précautions nécessaires, réduit & mis ensemble, s’est accordé à donner à la Méditerranée la même étendue que les observations astronomiques dont on vouloit se défier. (D. J.)

Mer Morte, (Géog.) ou Mer de sel, ou mieux encore, Lac Asphaltide, grand lac de la Palestine à l’embouchure du Jourdain. Sa longueur du N. au S. est d’environ 70 milles anglois, & sa largeur d’environ 18 milles. Le Jourdain & l’Arnon se jettoient dedans & s’y perdoient. On peut consulter sur ce lac, le P. Nau jésuite, dans son voyage de la Terre-sainte. (D. J.)

Mer Noire, (Géog.) ou Mer Majeure, connue des anciens sous le nom de Pont-Euxin. Voyez Pont-Euxin.

Grande mer d’Asie, entre la Tartarie au nord, la Mingrélie, l’Imirete, le Guriel & quelques provinces de l’ancienne Colchide, que possede aujourd’hui le turc. Elle a à l’orient la Natolie, au midi la Bulgarie, & la Romanie au couchant.

Cette mer reçoit plusieurs grands fleuves ; savoir le Danube, le Borysthene, le Don, le Phase, le Casalmac, l’Aitocza & la Zagarie.

Elle communique à la Propontide, autrement mer de Marmora, par le détroit de Constantinople, nommé le canal de la mer Noire, & par cette mer, avec l’Archipel. Elle communique encore par le détroit de Caffa, avec le Palus Méotide, qui est une mer formée par le concours des eaux de la mer Noire & du Don.

Les peuples qui habitent les bords de cette mer, sont ou sujets, ou tributaires de l’empire ottoman.

Le canal de la mer Noire, ou le bosphore de Thrace, comme disoient les anciens, a 16 milles & demi de longueur ; commence à la pointe du serrail de Constantinople, & finit vers la colonne de Pompée. Hérodote, Polybe & Strabon, lui donnent 120 stades d’étendue, lesquelles reviennent à 15 milles. Ils fixent le commencement de ce canal, entre Bizance & Chalcédoine, & le font terminer au temple de Jupiter, où est présentement le nouveau château d’Asie ; mais cette différente maniere de mesurer le canal est arbitraire & revient au même calcul.

Sa largeur, aux nouveaux châteaux où étoient autrefois les temples de Jupiter & de Sérapis, est depuis un mille jusqu’à deux. Son cours est si rapide entre les deux châteaux, qu’avec un vent du nord il n’y a point de bâtimens qui s’y puissent arrêter, & qu’il faut un vent opposé aux courans, pour les pouvoir remonter ; cependant la vitesse des eaux diminue si sensiblement, que l’on monte & que l’on descend sans peine, lorsque les vents ne sont pas violens.

Indépendamment des vents, il y a des courans fort singuliers dans le canal de la mer Noire ; le plus sensible est celui qui en parcourt la longueur, depuis l’embouchure de la mer Noire, jusqu’à la mer de Marmora, qui comme on sait, est la Propontide des anciens. M. le comte de Marsigli y a observé de petits courans, qui permettent aux batteaux de monter, tandis que d’autres batteaux descendent à la faveur du grand courant. Cependant cette diversité de courans ne doit point paroître merveilleuse, parce qu’on conçoit aisément qu’un cap trop avancé, doit faire reculer les eaux qui se présentent dans une certaine direction ; mais il est difficile de rendre raison d’un autre courant caché, que nous appel-