Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tions. Lorsque les Argonautes furent prêts de mettre à la voile, Jason ordonna un sacrifice solemnel, & chacun s’empressa de répondre à ses desirs. On éleva un autel sur le rivage, & après les oblations ordinaires, le prêtre répandit dessus de la fleur de farine, mêlée avec du miel & de l’huile, immola deux bœufs aux dieux de la mer, & les pria de leur être favorables pendant leur navigation. Ce culte étoit fondé sur l’utilité qu’on en retiroit, sur les merveilles qu’on remarquoit dans la mer, l’incorruptibilité de ses eaux, son flux & reflux, la variété & la grandeur des monstres qu’elle enfante : tout cela produisit l’adoration des dieux qu’on supposoit gouverner cet élément. (D. J.)

Mer, (Géogr.) petite ville de France dans le Blaisois, à une lieue de la Loire & à 4 de Blois & de Beaugency. Les Calvinistes avoient un temple dans cette ville, avant la révocation de l’édit de Nantes. Long. 18. 59. lat. 47. 35.

Jurieu (Pierre) professeur en théologie & ministre à Rotterdam, naquit à Mer en 1637, & mourut en 1713, à 76 ans. Il s’est fait connoître par des écrits pleins d’esprit, de feu, & d’imagination, par des opinions chimériques sur le rétablissement du calvinisme en France en 1689 ; & ce que je trouve de plus blamâble, il ne cessa de persécuter Bayle, qui a vécu & qui est mort en sage. (D. J.)

Mer d’Abex, (Géog.) partie de la mer Rouge, le long des côtes de l’Abyssinie. (D. J.)

Mer Adriatique, (Géog.) Adriaticum mare ; ce grand golfe de la Méditerranée, qu’on nomme aussi golfe de Venise, s’enfonce du sud-sud-est, au nord-nord-ouest, entre l’Italie & la Turquie européenne, & s’étend depuis le 40d. de lat. jusqu’au 45d. 25′. Son nom latin vient de l’ancienne ville Adria, aujourd’hui Atri, sur les côtes de l’Abruzze septentrionale. Dans les Actes des apôtres, c. xxvij. v. 27. le nom Adria, ou mer Adriatique, se dit de la mer de Sicile, & de la mer Ionienne. (D. J.)

Mer d’Afrique, (Géog.) partie de la mer Méditerranée, entre les îles de Malthe, de Sicile & d’Egypte, & le long des côtes de Barca & de Tripoli. (D. J.)

Mer d’Arabie, (Géog.) on appelle proprement ainsi la partie de l’Océan, qui est entre le cap Rasalgate & l’île de Zocotora. Les autres parties de la mer, qui sont une presqu’île de l’Arabie, ont des noms particuliers, savoir, le sein Persique, le golfe d’Ormus, & la mer Rouge. Les anciens comprenoient la mer d’Arabie sous le nom d’Erithræum mare. (D. J.)

Mer Atlantique, (Géog.) Voyez au mot Atlantique. (D. J.)

Mer Australe, (Géog.) c’est la partie de l’Océan la plus méridionale. On a découvert qu’elle occupe un vaste espace, où l’on se figuroit des terres : cette fausse idée engageoit les navigateurs à passer le détroit de Magellan, avec bien des difficultés & des dangers. A présent qu’on a fait le tour de l’île de Feu, l’on sait qu’à la reserve d’un amas d’îles, il n’y a qu’une mer assez large au midi de ce détroit, que l’on évite pour entrer dans la mer du Sud. (D. J.)

Mer Baltique, (Géog.) Voyez Baltique. (D. J.)

Mer de Bassora, (Géog.) c’est la même que le golfe Persique. Voyez Golfe Persique. (D. J.)

Mer Blanche, (Géog.) Voyez au mot Blanche. (D. J.)

Mer Bleue, (Géog.) en latin moderne, lacus Coesius, dans la langue du pays, Arallnov, c’est un grand lac d’eau salée, dans le pays auquel il donne son nom d’Arall, & qui fait partie du pays de Kho-Waresme, ou Mawaralnahar, province montueuse,

sablonneuse, généralement stérile, mais ayant en plusieurs endroits des paturages excellens pour les troupeaux : elle tire son nom du lac.

Ce lac qui sépare le pays d’Arall des provinces orientales de Knowaresme, est un des plus grands lacs de l’Asie septentrionale. Il a plus de 30 milles géographiques, ou 40 lieues en longueur du nord au sud, environ la moitié en largeur de l’est à l’ouest, & plus de quatre-vingt lieues d’Allemagne de tour. Ses eaux sont extrèmement salées. Il reçoit toutes les eaux de la riviere de Sirt, celles de Kesell, & d’autres rivieres moins importantes ; cependant il ne s’éleve point au-dessus de ses rives ordinaires, & l’on ne connoît aucun canal apparent par où ses eaux puissent s’écouler.

Les Kara-Kalpacks, qui occupent le bord septentrional du lac d’Arall, conduisent en été les eaux de ce lac par le moyen de certaines rigoles, dans les plaines sablonneuses d’alentour ; & l’humidité de l’eau venant à s’exhaler peu à peu par la chaleur du soleil, laisse à la fin toute la surface de ces plaines couvertes d’une croute d’un beau sel crystalisé, où chacun en va prendre sa provision de l’année, pour les besoins de son ménage. (D. J.)

Mer du Bresil, (Géog.) partie de l’Océan sur la côte du Bresil, le long de la côte orientale de l’Amérique, entre l’embouchure de l’Amazonne & celle de la riviere de la Plata. (D. J.)

Mer Carpathienne, (Géog.) Carpatium mare, partie de la mer Méditerranée, entre l’Egypte & l’île de Rhodes ; elle avoit pris son nom de l’île de Scarpanto, que les Grecs nommoient Carpathos, & les Latins Carpathus. Elle a au nord la mer Icarienne, au midi celle d’Egypte, & au couchant celle de Candie & d’Afrique.

Mer Caspienne, (Géog.) Voyez Caspienne. Je n’ajoûterai que quelques lignes. Les anciens ont connu cette mer, mais fort mal ; cependant Hérodote, liv. I. chap. 203. avoit très-bien remarqué qu’elle n’a aucune communication visible avec les autres, & on en est revenu au sentiment d’Hérodote.

Pierre-le-Grand a fait faire une carte exacte de cette mer par des pilotes également habiles & hardis. M. Charles Van-verden a dressé cette carte, & M. de Lisle l’a réduite au méridien d’Astracan. Il n’y a point de gouffre dans la mer Caspienne, mais elle se décharge à sa partie orientale dans une autre petite mer de 15 lieues d’étendue. L’eau de cette derniere mer est d’une si grande salure, que les poissons de la mer Caspienne qui y entrent meurent peu de tems après. Cette mer n’a ni flux ni reflux, & ce ne sont que les vents qui la font monter ou baisser sur l’une ou l’autre côte : l’unique bon port qui soit sur cette mer, est le port de Manguslave, sur la côte orientale au pays de Kovaresme, au nord de l’embouchure de l’Aum : ce port est entre les mains des Tartares, qui n’en font point d’usage. (D. J.)

Mer de Danemark, (Géogr.) On appelle ainsi la mer qui s’étend depuis l’Océan jusqu’à la mer Baltique, dont elle est en quelque façon le vestibule, entre la Norwege au nord, la Suede à l’orient, le Jutland au midi & au couchant. (D. J.)

Mer d’Espagne, (Géogr.) partie de la Méditerranée, le long de l’Espagne, depuis le cap de Creuze au pié des Pyrenées, jusqu’au détroit de Gibraltar. (D. J.)

Mer Egée, Ægœum mare, (Géog. anc.) cette partie de la Méditerranée que nous appellons Archipel, & qui s’étend entre la Turquie européenne & la Natolie, depuis le détroit des Dardanelles jusqu’à l’île de Candie. Cette mer a été nommée Ægæum, c’est-à-dire, fluctuosum, procellosum, à cause qu’au moindre vent ses flots bondissent comme des chevres. Les Grecs ont appellé αἰγας, chevres, ces flots écu-