Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/357

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prompts & plus commodes que ceux dont ils se servent ordinairement, & aussi plus propres aux ouvrages qu’ils ont à faire.

Explication des deux vignettes ; la premiere représente une boutique de menuisier ou attelier de Menuiserie.

Fig. a, ouvrier qui scie de long avec la scie à refendre, fig. 87.

Fig. b, il débite du bois avec la scie, fig. 87.

Fig. c, deux scieurs de long, fig. 125.

Fig. d, perce des trous au vilebrequin, fig. 85.

Fig. e, deux ouvriers qui poussent des moulures, rainures ou languettes avec les bouvets brisés, fig. 109 & 111.

Fig. f, ouvrier qui travaille au parquet, fig. 59.

Fig. g, portion de comptoir.

Fig. h, portes, planches, & autres ouvrages faits.

Fig. i, i, i, i, établis chargés de maillets, de marteaux, de valets, de rabots, de ciseaux, & autres outils.

La vignette seconde représente un chantier.

Fig. a, scieurs de long en ouvrage.

Fig. 6, attelier ou boutique de la vignette précédente.

Fig. 9, ouvriers qui descendent des planches.

Fig. 5, 5, 5, piles de bois. M. Lucote.

Menuiserie d’étain, (Potier d’étain.) sous ce terme on entend presque tout ce qui se fabrique en étain, excepté la vaisselle & les pots : les moules qui ont des vis, comme les seringues, boules au ris, &c. ou des noyaux de fer, comme les moules de chandelle, se dépouillent avec un tourne-à-gauche, le reste se fait comme à la poterie d’étain. Voyez Poterie d’étain & achever

MENUSSE ou CHERRON, terme de pêche ; sorte de petit poisson que l’on pêche pour servir d’apât aux pêcheurs à la ligne ou corde de toutes les sortes. Cette pêche se fait avec une chausse de toile, voyez  ; mais celle-ci est menée par deux hommes qui la traînent sur les sables & au-devant de la marée. Voyez Cherron.

MENU-VAIR, (Blason.) le menu-vair étoit une espece de panne blanche & bleue, d’un grand usage parmi nos peres. Les rois de France s’en servoient autrefois au lieu de fourrures ; les grands seigneurs du royaume en faisoient des doublures d’habit, des couvertures de lit, & les mettoient au rang de leurs meubles les plus précieux. Joinville raconte, qu’étant allé voir le seigneur d’Entrache qui avoit été blessé, il le trouva enveloppé dans son couvertoir de menu-vair. Les manteaux des présidens à mortier, les robes des conseillers de la cour, & les habits de cérémonie des hérauts d’armes en ont été doublés jusqu’au quinzieme siecle. Les femmes de qualité s’en habilloient pareillement ; il fut défendu aux ribaudes d’en porter, aussi-bien que des ceintures dorées, des robes à collets renversés, des queues & boutonnieres à leurs chaperons, par un arrêt de l’an 1420.

Cette fourrure étoit faite de la peau d’un petit écureuil du nord, qui a le dos gris & le ventre blanc. C’est le sciuro vario d’Aldrovandi, & peut-être le mus ponticus de Pline. Quelques naturalistes latins le nomment varius, soit à cause de la diversité des deux couleurs grise & blanche, ou par quelque fantaisie de ceux qui ont commencé à blasonner. Les Pelletiers nomment à présent cette fourrure petit-gris.

On la diversifioit en grands ou petits carreaux, qu’on appelloit grand-vair ou petit-vair. Le nom de panne imposé à ces sortes de fourrures, leur vint de

ce qu’on les composa de peaux cousues ensemble, comme autant de pans ou de panneaux d’un habit. On conçoit de-là que le vair passa dans le blason, & en fit la seconde panne, qui est presque toujours d’argent ou d’azur, comme l’hermine est presque toujours d’argent ou de sable. Le menu-vair, en termes d’armoiries, se dit de l’écu chargé de vair, lorsqu’il est composé de six rangées ; parce que le vair ordinaire n’en a que quatre. S’il s’en trouve cinq, il le faut spécifier en blasonnant, aussi-bien que l’émail, quand il est autre que d’argent & d’azur. (D. J.)

MENYANTHE, (Botan.) plante encore plus connue sous le nom de trefle de marais, trifoilum palustre ; voyez donc Trefle de Marais. (D. J.)

MÉOVIE, (Géog. anc.) Mæonia ; contrée de l’Asie mineure, autrement appellée Lydie. Voyez Lydie.

La capitale de cette province portoit aussi le nom de Méonie, Mæonia ; elle étoit au pié du Tmolus, du côté opposé à Sardes. La riviere s’appelloit Moeonos, & les peuples Mæones ou Mæonii, les Méons, les Méoniens. (D. J.)

MEPHITIS, s. f. (Phys.) est le nom latin des exhalaisons minérales, appellées mouphetes. Voyez Exhalaison.

MEPLAT, adj. terme d’artiste. Il désigne la forme des corps qui ont plus d’épaisseur que de largeur. Les Peintres le prennent dans un sens un peu différent. Voyez Meplat. (Peint.)

Meplat, (Peinture.) se dit en Peinture & en Sculpture des muscles qui ont un certain plat, tel que seroit le côté d’une orange qu’on auroit appuyé sur un plan uni.

Méplate maniere, (Gravure) la maniere méplate consiste dans des tailles un peu tranchées & sans adoucissement. On se sert de cette maniere pour fortifier les ombres & en arrêter les bords. Voyez Gravure. (D. J.)

MEPPEN, (Géog.) petite ville d’Allemagne, au cercle de Westphalie, dépendant de l’évêché de Munster. Elle est sur l’Ems, à 6 lieues N. de Lingen, 20 N. O. de Munster. Long. 25. 3. lat. 52. 45. (D. J.)

MÉPRIS, s. m. (Morale.) L’amour excessif de l’estime fait que nous avons pour notre prochain ce mépris qui se nomme insolence, hauteur ou fierté ; selon qu’il a pour objet nos supérieurs, nos inférieurs ou nos égaux. Nous cherchons à abaisser davantage ceux qui sont au-dessous de nous, croyant nous élever à mesure qu’ils descendent plus bas ; ou à faire tort à nos égaux, pour nous ôter du pair avec eux ; ou même à ravaler nos supérieurs, parce qu’ils nous font ombre par leur grandeur. Notre orgueil se trahit visiblement en ceci : car si les hommes nous sont un objet de mépris, pourquoi ambitionnons-nous leur estime ? Ou si leur estime est digne de faire la plus forte passion de nos ames, comment pouvons-nous les mépriser ? Ne seroit-ce point que le mépris du prochain est plutôt affecté que véritable ? Nous entrevoyons sa grandeur, puisque son estime nous paroît d’un si grand prix ; mais nous faisons tous nos efforts pour la cacher, pour nous faire honneur à nous-mêmes.

De-là naissent les médisances, les calomnies, les louanges empoisonnées, la satyre, la malignité & l’envie. Il est vrai que celle-ci se cache avec un soin extrème, parce qu’elle est un aveu forcé que nous faisons du mérite ou du bonheur des autres, & un hommage forcé que nous leur rendons.

De tous les sentimens d’orgueil, le mépris du prochain est le plus dangereux, parce que c’est celui qui va le plus directement contre le bien de la so-