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soin que l’on en a, comme des ciseaux que les ouvriers intelligens composent, font eux-mêmes, ou font faire, selon les ouvrages qu’ils ont à exécuter.

La figure 83 est une espece de rabot appellé scie à enraser ; c’est une petite scie A attachée avec des cloux ou des vis, sur une espece de rabot, qui, lui-même sur sa longueur, est entaillé par-dessous à moitié, ou selon une mesure requise, & qui en glissant le long des planches déja dressées, forme une rainure de l’épaisseur de la petite scie A.

La figure 84 est un instrument appellé reglet, fait pour dégauchir les planches : il est composé d’une tige A de bois quarré d’environ deux, trois ou quatre piés de long, le long de laquelle glissent deux planchettes B, aussi de bois, d’environ un pouce d’épaisseur, percées chacune d’un trou quarré dans leur milieu, bien ajusté à la grosseur de la tige de bois A ; on peut encore, si l’on veut, pratiquer par-dessous deux petites ouvertures C, pour les empêcher de toucher dans le milieu.

La figure 85 est un instrument appellé vilebrequin, fait pour percer des trous ; c’est une espece de manivelle A, composée d’une manche B, en forme de touret, que l’on tient ferme & appuyé sur l’estomac ; le côté opposé C est quarré, & un peu plus gros que le corps de cet instrument, & est percé d’un trou aussi quarré, dans lequel entre un petit morceau de bois D, quarré, de la même grosseur que celui C qui lui est voisin, portant du même côté un tenon quarré de la même grosseur que le trou dans lequel il entre, & de l’autre une petite mortaise, dans laquelle entre la tête A de la meche, figure 86 ; cet instrument avec sa meche est appellé vilebrequin, & sans meche est appellé fust de villebrequin.

La figure 86 est une meche faite pour percer des trous, dont la partie inférieure B est évidée pour contenir les copeaux que l’on retire des trous que l’on perce.

Des scies. La figure 87 est une scie à refendre composée d’un chassis de bois AB, assemblé dans ses angles à tenon & à mortaise d’une scie à grosse dents C, retenue par en-bas dans un tasseau D, qui glisse à droite & à gauche le long de la traverse B du chassis, & par en-haut, dans un pareil tasseau E, qui glisse aussi à droite & à gauche le long d’une pareille traverse B ; le trou quarré E de ce tasseau se trouve toujours assez grand pour le pouvoir caller lorsqu’il s’agit de bander la scie, ou, ce qui vaut mieux, on perce au-dessus un autre trou F, au travers duquel passe une clavette en forme de coin, qui bande également la scie ; l’extrémité supérieure de ce même tasseau se trouve encore percé d’un autre trou au-travers duquel on passe un bâton G, qui sert à la manœuvrer quelquefois par un seul homme, & quelquefois par deux ; mais dans le premier cas elle est beaucoup plus fatiguante lorsqu’elle est manœuvrée par un seul homme ; il la tient des deux mains, en les écartant à droite & à gauche par les bâtis montans A du chassis ; lorsqu’elle est manœuvrée par deux, le second monte sur l’établi, figure 124, & la tient des deux mains par le bâton G ; elle sert à refendre ou débiter des planches retenues avec des valets A, figure 124, sur l’établi, même figure.

La figure 88 est une scie appellée scie à débiter, qui sert à scier de gros bois ou planches ; elle est composée d’une scie dentelée A, retenue par les deux extrémités B, à deux traverses C, séparées par une entretoise D, qui va de l’un à l’autre. Les deux bouis E des traverses C, sont retenus par une ficelle ou corde F, à laquelle un bâton G, appellé en ce cas gareau, fait faire plusieurs tours, qui font faire la bascule aux traverses G, & par-là font bander la scie A, ce qui la tient plus ferme, & c’est ce qu’on appelle monture de scie.

La figure 89 est aussi une scie appellée scie tournante, dont la monture ressemble à la précédente ; les deux extrémités B de la scie sont retenues à deux especes de clous ronds en forme de touret, qui la font tourner tant & si peu que l’on veut, ce qui, sans cela, gêneroit beaucoup lorsqu’on a de longues planches, ou des parties circulaires à débiter ou à refendre.

La figure 90 est une scie appellée scie à tenon, qui est faite de même maniere que celle de la figure 88, excepté qu’elle est plus legere, & en cela beaucoup plus commode ; elle sert pour des petits ouvrages, ou autres, qui n’ont pas besoin de la grande, figure 88, qui, par sa pesanteur, est plus embarrassante.

La figure 91 est une autre scie, appellée scie à main, ou égoïne, qui sert dans les ouvrages où les précédentes ne peuvent pénétrer ; elle doit être un peu plus épaisse, n’ayant point de monture, comme les autres, pour se soutenir ; son extrémité inférieure est à pointe enfoncée dans un manche de bois.

Des rabots. La figure 92 est un instrument appellé simplement rabot ; il est connu sous ce nom à cause de sa forme & de sa grosseur : la partie de dessous, ainsi qu’à toutes les autres especes de rabots, doit être bien dressée à la regle. Celui-ci est percé dans son milieu d’un trou qui se rétrécit à mesure qu’il approche du dessous, & fait pour y loger une espece de lame de fer appellée fer du rabot, qui porte un taillant à biseau aciéré, arrêté avec le secours d’un coin à deux branches dans le rabot : cet instrument sert à unir, dresser ou raboter les bois.

La figure 93 est le coin du rabot.

La figure 94 en est le fer.

La figure 95 est un rabot d’une autre forme, plus long & plus gros, appellé varlope, qui sert à dresser de grandes & longues planches : pour s’en servir on emploie les deux mains ; l’une, de laquelle on tient le manche A de la varlope ; & l’autre avec laquelle on appuie sur la volute B. Il est percé dans son milieu, comme le rabot précédent, d’un trou pour y loger son fer & son coin, qui sont l’un & l’autre de même forme que ceux du rabot. Chaque ouvrier a deux varlopes, dont l’une, appellée riflard, sert pour ébaucher, & l’autre, appellée varlope, sert pour finir & polir les ouvrages ; aussi cette derniere est-elle toujours la mieux conditionnée.

La figure 96 est un rabot appellé demi-varlope, ou varlope à onglet, non qu’elle serve plutôt que d’autres rabots pour des assemblages en onglet ; mais seulement à cause de sa forme, qui tient une moyenne proportion entre le rabot, figure 92, & la varlope, figure 95 : son fer & son coin ne different en rien de ceux des rabots & varlopes.

La figure 97 est un autre rabot appellé guillaume, à l’usage des plates-bandes, & autres ouvrages de cette espece : il differe des rabots en ce que son fer comprend toute sa largeur.

La figure 98 en est le coin.

La figure 99 en est le fer, beaucoup plus large en bas qu’en haut.

La figure 100 est un rabot appellé feuilleret, qui differe du précédent, en ce que son fer & son coin se placent par le côté, & que par-dessous il porte une feuillure ; cet instrument sert pour faire des feuillures d’où il tire son nom.

La figure 101 en est le coin.

La figure 102 en est le fer, dont la partie supérieure est en forme de crochet, pour le retirer plus facilement de sa place lorsqu’il y a été trop chassé.

La fig. 103 est encore un guillaume employé aux mêmes usages que celui de la fig. 47, mais différent en ce que son fer & son coin se placent par le côté comme ceux du feuilleret ; aussi son fer fig. 104 est-il disposé différemment.