Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

admises à cause de leurs formes, aux entrées de maisons particulieres de peu d’importance, ou de basses-cours, chacune d’elles ont de chaque côté une petite porte B, que l’on appelle guichet, qui est dormant d’un côté & ouvrant de l’autre, à l’usage des gens de piés, la grande porte ne s’ouvrant que pour le passage des voitures, ou en cas de cérémonie. Ces guichets sont composés d’un bâtis C qui regne tout autour d’un quadre D, d’un panneau B, & d’une table saillante E, couronnée d’une moulure. Celui qui est dormant est assemblé à rainure & languette (voyez la figure 13.) dans le bâtis F de la grande porte, & celui qui ne l’est pas entre tout entier dans une feuillure qui regne autour du même bâtis F, la figure 38. en est le profil développé, C est le bâti du guichet, D le quadre, E le panneau, F le bâti de la grande porte portant sa feuillure.

Dans la figure 31. les deux guichets sont couronnés chacun d’une table saillante G, sur laquelle se trouve une autre table H, dite d’attente, & sur laquelle on se propose de tailler des ornemens de sculpture ; au-dessus est le linteau A, qui comme nous l’avons dit, tient lieu d’imposte ; au-dessus sont placés deux panneaux I, ornés de quadres K, embreuvés ou élégis.

Les deux guichets B de la fig. 32 sont surmontés d’un panneau G orné de quadre H, au-dessus est le linteau A, au-dessus du linteau est la croisée au bas de laquelle se trouve une banquette I, aux deux côtes de cette croisée sont deux panneaux K ornés de quadres L.

Au-dessus des guichets de la fig. 33 sont deux tables saillantes G, ornées de panneaux H & de quadre I, terminés par en bas de crossettes K, & couronnés d’un bec de corbin L, accompagné de son filet ; au-dessus est le linteau A, au dessus duquel se trouve une grande table distribuée de panneau M, & de quadre N.

Les portes, fig. 34 & 35, sont terminées par en-haut chacune d’une table saillante G, dont la premiere est couronnée d’une astragalle H[1] parallele à la courbe de la porte, & ornée de panneau I & du quadre L suivant aussi la même courbe, au-dessous se trouve une plinthe M & la seconde sans couronnement suit la courbe de la porte, & est distribuée de quadre H ou de panneau I, suivant aussi la même courbe ; cette table se trouve terminée par son extrémité inférieure d’une astragalle K en bec de corbin.

Toutes ces portes sont susceptibles plus ou moins de richesses & d’ornemens de sculpture, comme on peut les faire simplement & sans aucun assemblage, selon l’importance plus ou moins grande des lieux où elles sont placées.

Les portes charretieres, fig. 36, se font aussi à deux vanteaux comme les portes cocheres, mais de deux manieres : l’une est un composé de plusieurs planches A de bateau[2] de même longueur, posées l’une contre l’autre, & retenues par derriere avec deux, trois ou quatre traverse ; B de bois de deux à trois pouces d’épaisseur sur six à huit pouces de largeur, attachées avec de forts clous de distance en distance ; l’autre est aussi un composé de plusieurs planches A même figure, de chêne, assemblées à rainure & languette, & retenues comme la premiere, avec deux, trois, ou quatre traverses B, entaillées à queue d’aronde dans l’épaisseur des planches A : dans ces deux manieres on ajoûte à ces traverses B deux ou trois autres C posées obliquement en forme de support, attachées aussi avec de forts clous,

& cela pour soutenir chaque vantail, qui ne manqueroit pas de s’affaisser par sa pesanteur, ces especes de portes servent de fermetures aux basses-cours, granges, fermes, & autres, par où passent toutes les especes de charettes d’où elles tirent leurs noms.

Les portes batardes, fig. 37, qui ont depuis cinq jusqu’à sept piés de largeur sur dix à quatorze piés de hauteur, sont appellées ainsi parce qu’elles tiennent le milieu entre les portes cocheres & les portes bourgeoises d’allées, &c. Elles servent ordinairement d’entrée aux maisons bourgeoises, & autres où l’on ne fait passer aucune voiture, ces portes s’ouvrent à deux vanteaux, & sont décorées à peu près comme les portes cocheres, c’est-à-dire de bâtis B, de quadres C, de panneaux D, & d’une table E, couronnée comme les précédentes d’une moulure ; elles sont aussi ornées quelquefois de sculpture ; on les fait circulaires, quarrées, bombées ou lambrissées comme les autres, en les faisant aussi ouvrir, tantôt depuis le haut jusqu’en bas, & tantôt depuis le dessous du linteau A, & la partie supérieure décorée de quadres F & de panneaux G reste dormante. La fig. 39 en est le profil détaillé, B est le bâti, C le quadre, & D le panneau.

Les portes bourgeoises, fig. 40, sont ordinairement à un seul ventail de trois à quatre piés de large sur sept à neuf piés de haut, & servant d’entrée aux maisons particulieres bourgeoises & à loyer ; elles sont composées d’un bâti A, d’un quadre B, d’un panneau C, & d’une table saillante D, couronnée d’une moulure.

Les portes d’écuries qui ont depuis trois jusqu’à cinq piés de large sur sept à dix piés de haut, se font à un & à deux vanteaux fort simples & sans moulures, mais elles ne peuvent avoir moins de trois piés de largeur, puisqu’il faut que les chevaux y passent ; celle-ci, fig. 41, est à deux vanteaux ; composés chacun d’un bâti A, d’un panneau B, rentrant, saillant ou arrasé, sans quadre ni moulure, & par en bas d’une table C, couronnée d’une moulure.

Les portes battantes se font à deux vanteaux, fig. 42, & à un seul, fig. 43, l’une & l’autre se placent dans l’intérieur des bâtimens, derriere les portes à placard des vestibules, anti-chambres, salles à manger, &c. pour empêcher l’air extérieur de s’y introduire, sur-tout pendant l’hiver ; ces portes sont ferrées de maniere à pouvoir se fermer toujours d’elles-mêmes, raison pour laquelle on les appelle battantes ; ce n’est autre chose qu’un chassis A, assemblé quarrément selon les fig. 1, 2 & 3 avec des traverses B, aussi assemblées quarrément, sur lesquelles on tend une étoffe que l’on attache de clous dorés : les portes de cuisine, d’office, de caves, &c. se font de différentes manieres ; les unes, fig. 44, se font de plusieurs planches A assemblées à rainure & languette, avec une emboîture B par en haut & par en bas ; les autres sans assemblage de rainure & languette avec deux emboîtures B en haut & en bas, & une traverse C dans le milieu, assemblées à queue d’aronde dans l’épaisseur de la porte, ou posées seulement dessus, attachées avec de forts clous ; d’autres avec une seule emboîture B par en haut, & deux traverses C ; d’autres enfin, fig. 45, avec trois traverses C ; ces deux dernieres sont beaucoup mieux lorsqu’elles sont placées dans des lieux humides, parce que l’eau qui coule perpétuellement de haut en bas pourrit facilement & en fort peu de tems les emboîtures.

Toutes les portes que nous venons de voir ont chacune leur plan au-dessous d’elles pour plus grande intelligence.

Des croisées & de leurs volets. Sous le nom de croi-

  1. Une astragale est une moulure composée d’une baguette & de son filet.
  2. On appelle planches de bateaux, celles qui proviennent des débris des vieux bateaux qui transportent des provisions.