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sortant, puisqu’ils ne se réuniront qu’à une distance infinie du verre.

Un tel ménisque ne seroit donc propre ni à rassembler en un point les rayons de lumiere, ni à les disperser ; & ainsi il ne peut être d’aucun usage en Dioptrique. Voyez Réfraction.

Voici la regle pour trouver le foyer d’un ménisque, c’est-à-dire le point de concours des rayons qui tombent paralleles. Comme la différence des rayons de la convexité & de la concavité est au rayon de la convexité, ainsi le diametre de la concavité est à la distance du foyer au ménisque.

En effet supposant y infinie, la premiere formule donne , & la seconde donne , qui donne dans le premier cas b − a : b ∷ − 2 a : z, & dans le second a − b : a ∷ − 2 b.z.

Par exemple, si le rayon de la concavité étoit triple du rayon de la convexité, la distance du foyer au ménisque seroit alors, en conséquence de cette regle, égale au rayon de la concavité ; & par conséquent le ménisque seroit en ce cas équivalent à une lentille également convexe des deux côtés. Voyez Lentille.

De même si le rayon de la concavité étoit double de celui de la convexité, on trouveroit que la distance du foyer seroit égale au diametre de la concavité ; ce qui rendroit le ménisque équivalent à un verre plan convexe. Voyez Verre.

De plus, les formules qui donnent la valeur de z font voir que le foyer est de l’autre côté du verre, par rapport à l’objet. Si b est plus petit que a dans le premier cas, & si b est plus grand que a dans le second ; & au contraire si b est plus grand que a dans le premier cas, & plus petit que a dans le second, le foyer sera du même côté du verre que l’objet, & sera par conséquent virtuel, c’est-à-dire que les rayons sortiront divergens. Voyez Foyer.

Il s’ensuit encore de cette même formule que le rayon de la convexité étant donné, on peut aisément trouver celui qu’il faudroit donner à la concavité pour reculer le foyer à une distance donnée.

Quelques géometres ont donné le nom de ménisque à des figures planes ou solides, composées d’une partie concave & d’une partie convexe, à l’instar des ménisques optiques. (O)

Ménisques, s. m. pl. (Hist. anc.) plaques rudes qu’on mettoit sur la tête des statues, afin que les oiseaux ne s’y reposassent point, & ne les gâtassent point de leurs ordures. C’est de-là que les auréoles de nos saints sont venues.

MENNONITE, s. m. (Hist. eccl. mod.) les chrétiens connus dans les Provinces-Unies, & dans quelques endroits de l’Allemagne, sous le nom Mennonites, ont formé une société à part, presque dès le commencement de la réformation. On les appella d’abord Anabaptistes ; & c’est le nom qu’ils portent encore en Angleterre, où ils sont fort estimés. Cependant ce nom étant devenu odieux par les attentats des fanatiques de Munster, ils le quitterent dès-lors ; & ils ne l’ont plus regardé depuis, que comme une sorte d’injure. Celui de Mennonites leur vient de Menno Frison, qui se joignit à eux, en 1536, & qui par sa doctrine, ses écrits, sa piété, sa sagesse, contribua plus qu’aucun autre à éclairer cette société, & à lui faire prendre ce caractere de simplicité dans les mœurs, par lequel elle s’est distinguée dans la suite, & dont elle se fait toujours honneur.

Les Mennonites furent exposés aux plus cruelles persécutions sous Charles-Quint. Les crimes que proscrit cet empereur par son placard de 1540, sont d’avoir, de vendre, donner, porter, lire des livres de Luther, de Zuingle, de Mélancthon, de prêcher

leur doctrine, & de la communiquer secrettement ou publiquement. Voici la peine portée contre ces crimes, & qu’il est sévérement défendu aux juges d’adoucir, sous quelque prétexte que ce soit : les biens sont confisqués, les prétendus coupables condamnés à périr par le feu, s’ils persistent dans leurs erreurs ; & s’ils les avouent, ils sont exécutés, les hommes par l’épée, & les femmes par la fosse, c’est-à-dire, qu’on les enterroit en vie : même peine contre ceux qui logent les Anabaptistes, ou qui sachant où il y en a quelques-uns de cachés, ne les décelent point. Les cheveux dressent à la tête quand on lit de pareils édits. Est-ce que la religion adorable de J. C. a pû jamais les inspirer ?

Le malheur des Mennonites voulut encore qu’ils eussent à souffrir en divers lieux de la part des autres protestans, qui, dans ces commencemens, lors même qu’ils se croyoient revenus de beaucoup d’erreurs, retenoient encore celle qui pose que le magistrat doit sévir contre des opinions de religion, comme contre des crimes.

Mais la république des Provinces-Unies a toujours traité les Mennonites, assez peu différemment des autres protestans. Tout le monde sait quelle est leur façon de penser. Ils s’abstiennent du serment ; leur simple parole leur en tient lieu devant les magistrats. Ils regardent la guerre comme illicite ; mais si ce scrupule les empêche de défendre la patrie de leurs personnes, ils la soutiennent volontiers de leurs biens. Ils ne condamnent point les charges de magistrature ; seulement pour eux-mêmes, ils aiment mieux s’en tenir éloignés. Ils n’administrent le baptême qu’aux adultes, en état de rendre raison de leur foi. Sur l’eucharistie, ils ne différent pas des réformés.

A l’égard de la grace & de la prédestination, articles épineux, sur lesquels on se partage encore aujourd’hui, soit dans l’église romaine, soit dans le protestantisme, les Mennonites rejettent les idées rigides de S. Augustin, adoptées par la plûpart des réformateurs, sur-tout par Calvin, & suivent à-peu-près les principes radoucis que les Luthériens ont pris de Mélancthon. Ils professent la tolérance, & supportent volontiers dans leur sein des opinions différentes des leurs, dès qu’elles ne leur paroissent point attaquer les fondemens du christianisme, & qu’elles laissent la morale chrétienne dans sa forme. En un mot, les successeurs de fanatiques sanguinaires sont les plus doux, les plus paisibles de tous les hommes, occupés de leur négoce, de leurs manufactures, laborieux, vigilans, modérés, charitables. Il n’y a point d’exemple d’un si beau, si respectable, & si grand changement ; mais, dit M. de Voltaire, comme les Mennonites ne font aucune figure dans le monde, on ne daigne pas s’appercevoir s’ils sont méchans ou vicieux. (D. J.)

MENOIS, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à une pierre semblable au croissant de la lune, que Boot conjecture être un fragment de la corne d’Ammon.

MÉNOLOGE, s. m. (Hist. eccl.) ce mot est grec, il vient de μην, mois, & de λογος, discours. C’est le martyrologe ou le calendrier des grecs, divisé par chaque mois de l’année. Voyez Martyrologe & Calendrier.

Le menologue ne contient autre chose que les vies des saints en abrégé pour chaque jour pendant tout le cours de l’année, ou la simple commémoration de ceux dont on n’a point les vies écrites. Il y a différentes sortes de ménologues chez les Grecs. Il faut remarquer que les Grecs, depuis leur schisme, ont inséré dans leurs ménologues le nom de plusieurs hérétiques, qu’ils honorent comme des saints. Baillet