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en pain de sucre. La surface extérieure est toute cannelée, à la façon de nos melons ; mais les côtes sont plus fréquentes, plus relevées. Elles ne sont point arrondîes, mais taillées comme en dos d’âne, & toutes ondées par divers plis. Dans l’entre-deux des plis, on remarque sur le dos un écusson cotonneux, d’où sortent ordinairement deux aiguillons très-pointus, roides, presque osseux, blancs, mais rouges par la pointe.

Il y a toujours un de ces aiguillons plantés perpendiculairement au centre de l’écusson. Les autres sont arrangés en rayons tout-autour de la base. Le plus bas de tous, est la moitié plus grand que les autres ; leur longueur ordinaire est depuis demi-pouce, jusques à un pouce & demi.

La peau extérieure de cette masse est fort unie, d’un verd-foncé, & toute picotée de petits points un peu plus clairs en façon de miniature. Son intérieur est massif & sans vuide, charnu, d’une substance blanche, succulente, un peu plus ferme que celle du melon, & d’un goût tant-soit-peu acide.

Du sommet de cette masse, il en sort une maniere de colonne ou cylindre, haut d’environ un pié, & épais de trois à quatre pouces. Le dedans de cette colonne est charnu, de même que la masse, l’espace d’environ deux pouces. Le reste est un composé d’un coton très-blanc & très-fin, mêlé d’une infinité de petites épines subtiles, piquantes, rouges, dures, quoique pliables comme les soies dont on fait les vergettes à nettoyer les habits. Le sommet de cette colonne est arrondi comme la coëffe d’un chapeau, & comparti le plus agréablement du monde, en façon d’un réseau formé de plusieurs rayons courbés, qui se croisent de droite à gauche, & de gauche à droite, du centre à la circonférence.

Dans chaque lozange que composent ces rayons ainsi croisés, on voit sortir une fleur d’un rouge très vif, faite en tuyau évasé, & fendue en plusieurs pointes en façon de couronne. Dans quelques especes de plantes ces fleurs sont doubles, c’est-à-dire, composées de plusieurs tuyaux les uns dans les autres. Elles ont ordinairement trois à quatre lignes de diametre, & portent toutes sur un embryon qui devient ensuite un fruit rouge comme de l’écarlate, poli, mol, de la grosseur & figure presque d’une olive. Sa chair est fort tendre, succulente, blanche, d’un goût très-agréable. Elle est remplie de quantité de petites semences noires, chagrinées, & presque aussi grosses que la semence du pavot.

Quand ce fruit est mûr, il sort de soi-même du dedans de sa niche, où il étoit entierement caché ; & quand il commence à sortir, vous diriez que c’est un rubis enchâssé dans les piquans de cette colonne.

On voit quantité de ces plantes dans l’île Saint-Christophe, du côté des salines. On en voit dans toute l’Amérique de différentes especes ; mais les deux especes mentionnées ci-dessus, sont presque les seules que nous connoissions en Europe.

Cette plante croît communément dans les rochers des Indes occidentales, d’où elle sort par les ouvertures qui se trouvent dans ces rochers, & par conséquent reçoit très-peu de nourriture du terroir. Elle ne prospere point quand elle est transplantée dans un autre terrein, à moins que ce terrein ne soit roc, ou élevé du sol ordinaire par un amas de pierres & de décombres.

La grande espece abonde à la Jamaïque, d’où on l’envoie en Angleterre, mais elle y arrive rarement en bon état ; ceux qui la transportent l’humectent trop, & la pourrissent pour vouloir la mieux conserver. La meilleure méthode pour la transporter saine, est de la tirer entiere des lieux où elle croît ; de choisir les plus jeunes plantes par préférence aux vieilles ; de les empaqueter séparées dans une large

caisse avec du foin ou de la paille seche, & de les préserver de la moisissure & des vers dans le trajet.

Quand on les veut apporter toutes plantées dans des tonneaux, alors la bonne façon est de remplir d’abord les tonneaux de blocailles, d’y mettre en même tems les plantes, de ne les point arroser dans le passage ; mais au contraire de les préserver de l’humidité. Arrivées en Europe, il faut promptement les ôter des tonneaux, les replanter dans des pots, remplis en partie de moëllon & en partie de sable. L’on plongera ces pots dans un lit chaud de poudre menue d’écorce de chêne, pour aider les plantes à prendre racine. On les laissera dans ce lit jusqu’au mois d’Octobre ; ensuite on les remettra dans une bonne serre au lieu le plus chaud & le plus sec, pour y rester pendant tout l’hiver. Au printems on les remettra de nouveau dans un lit de tan ; & dans un lieu chaud à l’abri de l’air froid. On observera de ne les point arroser, parce que la vapeur du tan suffit à leur entretien.

Malgré ces précautions, cette plante a bien de la peine à croître dans nos climats ; cependant on a trouvé le moyen de la multiplier par les graines mêmes qu’elle donne en Europe. Alors on seme les graines dans des pots de décombres, qu’on couvre artistement tant de blocailles, que de sable de mer. On plonge ensuite ces pots dans un lit chaud de tan ; & avec beaucoup de soins la plante commence à pousser au bout de dix à douze semaines, mais comme elle croît très-lentement, & qu’elle n’atrappe un peu de grandeur qu’au bout de cinq ou six ans, cette méthode très-ennuyeuse & fautive est rarement mise en pratique.

Miller ayant remarqué les inconvéniens de cette méthode, en a imaginé une autre qui lui a fort bien réussi. Quand la tête, ou la couronne qui se forme sur le sommet de la plante, a souffert quelque injure, il arrive que la plante pousse plusieurs têtes de côté ; Miller a donc enlevé diverses de ces têtes, les a plantées dans des pots remplis de blocailles & de sable de mer, & a plongé ces pots dans un lit chaud de poudre d’écorce de chêne : par ce moyen la plante a pris parfaitement racine, & est devenue fort belle dans le cours d’un an. On observera seulement de ne pas planter les jeunes têtes immédiatement après qu’on les a coupées de dessus les vieilles, parce que la partie blessée se pourriroit ; c’est pourquoi il faut avoir soin après les avoir coupées, de les mettre à part dans une serre chaude pendant une quinzaine de jours, pour consolider leur blessure.

Le fruit de cette plante se mange en Amérique ; il a une acidité agréable, qui plait beaucoup aux habitans de ces pays chauds. (D. J.)

MELOCALENI, (Géog. anc.) peuple des Alpes. Pline, liv. III. ch. xx. les place entre Tergeste & Pola. Lazius croit que leur principale habitation est aujourd’hui Mengelstat. (D. J.)

MELOCHIE, s. f. corchorus, (Hist. nat. Botan.) genre de plante décrit sous le nom de corchorus. Voyez ce mot.

MELOCORCOPALI, s. f. (Hist. nat. Bot. exot.) arbre des Indes occidentales, assez semblable au coignassier. Il porte un fruit fait comme le melon à côtes, mais plus petit, d’un goût agréable, qui tient de celui de la cerise, & qui est tant soit peu cathartique. C’est le corcopal de Thevet. (D. J.)

MÉLODIE, s. f. en Musique, est l’arrangement successif de plusieurs sons, qui constituent ensemble un chant régulier. La perfection de la mélodie dépend des regles & du goût. Le goût fait trouver de beaux chants ; les regles apprennent à bien moduler : il n’en faut pas davantage pour faire une bonne mélodie.