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& mélé avec du vinaigre bouillant. Gorrœus.

MELCARTHUS, (Mythol.) dieu des Tyriens, en l’honneur duquel les habitans de Tyr célebroient tous les quatre ans avec une grande pompe les jeux quinquennaux ; voyez Quinquennaux.

Melcarthus est composé de deux mots phéniciens mélec & kartha, dont le premier signifie roi & le second ville, c’est-à-dire, le roi, le seigneur de la ville. Les Grecs trouvant quelque conformité entre le culte de ce dieu à Tyr, & celui qu’on rendoit dans la Grece à Hercule, s’imaginerent que c’étoit la même divinité ; & en conséquence ils appellerent le dieu de Tyr, l’Hercule de Tyr : c’est ainsi qu’il est nommé par erreur dans les Macchabées d’après l’usage des Grecs.

Il y a beaucoup d’apparence que Melcarthus est le Baal de l’Ecriture, dont Jézabel apporta le culte de Tyr chez les Israélites ; car comme mélec-cartha en phénicien, signifie le roi de la ville, pareillement baal-cartha dans la même langue, veut dire le seigneur de la ville ; & comme dans l’Ecriture baal tout seul, signifie le dieu de Tyr, mélec se trouve aussi signifier seul le même dieu. Hésychius dit Μάλικα, τον Ἡρακλέα Ἀμαθοῦσιοι ; Malic, nom d’Hercule chez les Amathusiens : or les Amathusiens étoient une colonie des Tyriens en Chypre. Voyez, si vous voulez de plus grands détails, Sanchoniaton apud Euseb. de præpar. evang. I. Bocharti Phaleg, part. 2. lib. I. c. xxxiv. & lib. II. c. ij. Selden, de diis syriis ; & Fulleri, miscellan. III. xvij. (D. J.)

MELCHISÉDÉCIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) anciens sectaires, qui furent ainsi appellés parce qu’ils élevoient Melchisedech au-dessus de toutes les créatures, & même au-dessus de Jesus-Christ.

L’auteur de cette secte étoit un certain Théodote, banquier, disciple d’un autre Théodote, corroyeur, en sorte que les Melchisédéciens ajouterent seulement à l’hérésie des Théodotiens ce qui regardoit en particulier Melchisedech qui étoit, selon eux, la grande & excellente vertu. Dict. de Trévoux.

Cette hérésie fut renouvellée en Egypte, sur la fin du troisieme siecle, par un nommé Hierax qui soutenoit que Melchisedech étoit le Saint-Esprit, abusant pour cet effet de quelques passages de l’épître aux Hébreux.

On connoît une autre sorte de Melchisédéciens plus nouveaux qui paroissent être une branche des Manichéens. Ils ont pour Melchisedech une extrème vénération. Ils ne reçoivent point la circoncision, & n’observent point le sabbat. Ils ne sont proprement ni juifs, ni payens, ni chrétiens, & demeurent principalement vers la Phrygie. On leur a donné le nom d’Atingani, comme qui diroit gens qui n’osent toucher les autres de peur de se souiller. Si vous leur présentez quelque chose ils ne le recevront pas de votre main, mais si vous le mettez à terre ils le prendront ; & tout de même ils ne vous présenteront rien avec la main, mais ils le mettront à terre afin que vous le preniez. Cedren. Zonar. Scalig. ad Euseb. pag. 241.

Enfin, on peut mettre au nombre des Melchisédéciens ceux qui ont soutenu que Melchisedech étoit le fils de Dieu, qui avoit apparu sous une forme humaine à Abraham : sentiment qui a eu de tems en tems des défenseurs, & entr’autres Pierre Cunæus dans son livre de la république des Hébreux. Il a été réfuté par Christophe Schlegel, & par plusieurs autres auteurs qui ont prouvé que Melchisedech n’étoit qu’un pur homme, par les textes mêmes qui paroissent les plus favorables à l’opinion contraire. C’est ce qu’on peut voir au long dans la dissertation du pere Calmet sur Melchisedech.

MELCHITES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) c’est le nom qu’on donne aux sectaires du Levant, qui ne

parlent point la langue grecque, & qui ne different presque en rien des Grecs, tant pour la croyance que pour les cérémonies.

Ce mot est la même chose dans la langue syriaque que royalistes. Autrefois ce nom fut donné aux Catholiques par les hérétiques, qui ne voulurent point se soumettre aux décisions du concile de Chalcédoine, pour marquer par-là qu’ils étoient de la religion de l’empereur.

On nomme cependant aujourd’hui Melchites parmi les Syriens, les Cophtes ou Egyptiens, & les autres nations du Levant, ceux qui n’étant point de véritables Grecs, suivent néanmoins leurs opinions. C’est pourquoi Gabriel Sionite, dans son traité de la religion & des mœurs des Orientaux, leur donne indifféremment le nom de Grecs & de Melchites. Voyez Grec.

Il observe encore qu’ils sont répandus dans tout le Levant, qu’ils nient le purgatoire, qu’ils sont ennemis du pape, & qu’il n’y en a point dans tout l’Orient qui se soient si fort déclarés contre sa primauté ; mais ils n’ont point là-dessus, ni sur les articles de leur croyance, d’autres sentimens que ceux des Grecs schismatiques.

Ils ont traduit en langue arabe l’eucologe des Grecs, & plusieurs autres livres de l’office ecclésiastique. Ils ont aussi dans la même langue les canons des conciles, & en ont même ajouté des nouveaux au concile de Nicée, qu’on nomme ordinairement les canons arabes, que plusieurs savans traitent de supposés. Ces mêmes canons arabes sont aussi à l’usage des Jacobites & des Maronites. Voyez Canons. Dict. de Trévoux.

MELECHER, s. m. (Hist. anc.) idole que les Juifs adorerent. Melecher fut, selon les uns, le soleil ; la lune, selon d’autres. Ce qu’il y a de certain, c’est que les femmes lui offroient un gâteau signé d’une étoile, & que les Grecs faisoient à la lune l’offrande d’un pain sur lequel la figure de cette planete étoit imprimée.

MELEK, (Géog.) petite ville d’Allemagne dans la basse-Autriche, sur le Danube. Elle est ancienne, & a plusieurs choses qui la rendent remarquable.

Cluvier veut qu’on l’ait d’abord appellée Nomaleck, d’où le nom moderne s’est formé par une abréviation assez ordinaire chez toutes les nations. Quoi qu’il en soit, elle appartient présentement à la fameuse abbaye des Bénédictins, qui commande la ville & les campagnes des environs, je dis qui commande, parce qu’elle est bien fortifiée, & qu’elle a su se défendre en 1619 des attaques de l’armée des états d’Autriche ligués contre elle, avec la Bohème. Cette abbaye ne releve que du saint-siège ; & quoique l’abbé qui en est seigneur aujourd’hui n’ait plus ni les richesses, ni la puissance dont jouissoient ses prédécesseurs avant les guerres de religion, il conserve encore la préséance dans toutes les dietes du pays.

Lazius prétend que les Bénédictins ont été établis généreusement à Melek par Léopold II. & Albert III. qui leur céderent le château où ils résidoient eux-mêmes.

C’est dans leur église, la plus riche de l’Autriche, qu’est le tombeau de Colmann, prince du sang des rois d’Ecosse, qui, passant dans cet endroit en équipage de pélerin pour se rendre à Jérusalem, fut arrêté par le gouverneur du pays, & pendu comme espion, en 1014.

Meleck est bâtie au-bas d’une colline, à 12 milles d’Allemagne de Vienne. Long. 33. 25. lat. 48. 15. (D. J.)

MELDELA, la, (Géog.) en latin moderne, Meldula, petite place d’Italie, dans la Romagne. Elle appartient à son propre prince, qui est de la