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de parler, d’avec le disciple d’Erasistrate.

Voilà la liste des médecins célebres de l’antiquité dont parle l’histoire, & je ne doute point que le mérite de leur pratique, j’entends le mérite de la pratique des sectateurs d’Hippocrate & de Thémison, ne l’emporte sur celle des modernes, en prodiguant moins les remedes dans les maladies, en voulant moins accélerer les guérisons, en observant avec plus de soin les indications de la nature, en s’y prétant avec plus de confiance, & en se bornant à partager avec elle l’honneur de la guérison, sans prétendre s’en arroger la gloire.

J’ajoute cependant, pour conclure ce discours, & celui de la Médecine, que si l’on vient à peser mûrement le bien qu’ont procuré aux hommes, depuis l’origine de l’art jusqu’à ce jour, une poignée de vrais fils d’Esculape, & le mal que la multitude immense de docteurs de cette profession a fait au genre humain dans cet espace de tems ; on pensera sans doute qu’il seroit beaucoup plus avantageux qu’il n’y eût jamais eu de médecins dans le monde. C’étoit le sentiment de Boerhaave, l’homme le plus capable de décider cette question, & en même tems le médecin qui, depuis Hippocrate, a le mieux mérité du public. (D. J.)

Médecine, ce mot est quelquefois synonyme de remede ou médicament. C’est dans ce sens qu’il est employé dans cette expression, médecine universelle, c’est-à-dire remede universel. Voyez Médecine universelle. Mais on entend plus communément dans le langage ordinaire par le mot médecine, employé dans le sens de remede, une espece particuliere de remedes ; savoir, les purgatifs & principalement même une potion purgative. (b)

Médecine universelle, (Médec. & Chim.) c’est-à-dire, remede universel, ou à tous maux ; chimere dont la recherche a été toujours subordonnée à celle de la pierre philosophale, comme ne faisant qu’un seul & même être avec la pierre philosophale. Voyez Pierre philosophale. (b)

Médecine magique, voyez Enchantement, Médecine.

MÉDÉE, (Hist. grecq. & Mythol.) cette fille d’Hécate & d’Aëtes, roi de Colchide, joue un trop grand rôle dans la fable, dans l’histoire & dans les écrits des poëtes, pour supprimer entierement son article.

Pausanias, Diodore de Sicile, & autres historiens nous peignent cette princesse comme une femme vertueuse, qui n’eut d’autre crime que d’aimer Jason, qui l’abandonna lâchement, malgré les gages qu’il avoit de sa tendresse, pour épouser la fille de Créon ; une femme qui, étant en Colchide, sauva la vie de plusieurs étrangers que le roi vouloit faire périr, & qui ne s’enfuit de sa patrie que par l’horreur qu’elle avoit des cruautés de son pere ; enfin, une reine abandonnée, persécutée, qui, après avoir eu inutilement recours aux garants des promesses de son époux, fut obligée de passer les mers pour chercher un asile dans les pays éloignés.

Les Corinthiens inviterent Médée à venir prendre chez eux possession d’un trône qui lui étoit dû ; mais ces peuples inconstans, soit pour venger la mort de Créon dont ils accusoient cette princesse, ou pour mettre fin aux intrigues qu’elle formoit pour assurer la couronne à ses enfans, les lapiderent dans le temple de Junon, où ils s’étoient refugiés. Ce fait étoit encore connu de quelques personnes, lorsque Euripide entreprit de l’altérer faussement en donnant sa tragédie de Médée. Les Corinthiens lui firent présent de cinq talens, pour l’engager de mettre sur le compte de Médée, le meurtre des jeunes princes dont leurs aïeux étoient coupables. Ils se flatterent avec raison, que cette imposture s’accréditeroit par la réputation du poëte, & prendroit enfin la place

d’une vérité qui leur étoit peu honorable : en effet, les tragiques qui suivirent se conformant à Euripide, inventerent à l’envi tous les autres crimes de l’histoire fabuleuse de Médée ; les meurtres d’Absyrtes, de Pélias, de Créon & de sa fille, l’empoisonnement de Thésée, &c.

Cependant ceux qui ont chargé cette reine de tant de forfaits, n’ont pu s’empêcher de reconnoître que née vertueuse, elle n’avoit été entraînée au vice que par une espece de fatalité, & par le concours des dieux, sur-tout de Vénus, qui persécuta sans relâche toute la race du Soleil, pour avoir découvert son intrigne avec Mars. De-là ces fameuses paroles d’Ovide : Vidco meliora, proboque, deteriora sequor : paroles que Quinault a si bien imitées dans ces deux vers :

Le destin de Médée est d’être criminelle ;
Mais son cœur étoit fait pour aimer la vertu.

Outre Euripide qui choisit pour sa premiere piece de présenter sur la scène la vengeance que Médée tira de l’infidélité de Jason, Ovide avoit composé une tragédie sur ce sujet, qui n’est pas venue jusqu’à nous, & dont Quintilien nous a conservé ce seul vers si connu :

Servare potui, perdere an possins, rogas ?

« Si j’ai pu le sauver, ne puis-je le détruire ? »

On dit que Mécénas avoit aussi traité ce sujet à sa maniere ; mais il ne nous reste que la Médée de Séneque. Nous avons parmi les modernes la tragédie de Louis Dolce en italien, & en françois celle du grand Corneille. (D. J.)

Médée, Pierre de, (Hist. nat.) medea ; nom donné par Pline à une pierre noire, traversée par des veines d’un jaune d’or, qui, selon lui, suinte une liqueur de couleur de safran, & qui a le goût du vin.

MÉDELLIN, (Géog.) en latin metellinum, ancienne ville d’Espagne, dans l’Estramadure, avec titre de comté ; elle est dans une campagne fertile, sur la Guadiana. Long. 12. 42. lat. 38. 46.

Quintus Caecilius Metellus, consul romain, en est regardé comme le fondateur, & l’on prétend que c’est du nom de ce consul qu’elle a été appellée Metellinum. Quoi qu’il en soit, c’est la patrie de Fernand Cortez, qui conquit le Mexique. Mais, dit M. de Voltaire, dans le tom. III. de son essai sur l’hist. quel fut le prix des services inouis de Cortez ? celui qu’eut Colomb ; il fut persécuté ; & le même évêque Fonseca, qui avoit contribué à faire renvoyer le découvreur de l’Amérique chargé de fers, voulut faire traiter de même le vainqueur du Mexique : enfin, malgré les titres dont Cortez fut décoré dans sa patrie, il y fut peu considéré, à peine put-il obtenir audience de Charles quint. Un jour il fendit la presse qui entouroit le coche de l’empereur, & monta sur l’étrier de la portiere. Charles demanda quel étoit cet homme ? C’est, répondit Cortez, celui qui vous a donné plus d’états, que vos peres ne vous ont laissé de villes. (D. J.)

MÉDELPADIE, la (Géog.) Medelpadia, province maritime de Suede, sur le golfe de Bothnie, dans la Scandinavie ; elle est hérissée de montagnes, de forêts, & est arrosée de trois rivieres, dont la plus septentrionale la traverse dans toute sa longueur, & s’appelle Indal. Sundswald en est la capitale.

MÉDEMBLICK, (Géog.) ville des Provinces-unies dans la Westfrise, sur le Zuydersée. Les historiens du pays ont appellé cette ville Medemleck, à cause d’un lac de ce nom, que traversoit la riviere Hifla. Alting dit que medem signifie des prairies chez les Frisons, & c’est-de-là peut-être que le mot anglois meadow, une prairie, tire son origine.