Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous le calife Eimotewakel. Ce prince commença son regne l’an 232 de l’hégire, de Jesus-Christ 846, & mourut l’an de l’hégire 247, & de Jesus-Christ 861. Cet Honain fut disciple de Jean, surnommé fils de Masowia.

Les historiens remarquent que Honain entreprit de nouvelles traductions des livres grecs, parce que celles de Sergius étoient fort défectueuses. Gabriel, fils de Boct-Jechua, autre fameux médecin, l’exhorta à ce travail, qu’il fit avec tant de succés, que sa traduction surpassa toutes les autres. Sergius avoit fait les siennes en syriaque ; & Honain, qui avoit demeuré deux ans dans les provinces où on parloit grec, alla ensuite à Balsora où l’arabe étoit le plus pur ; & s’étant perfectionné dans cette langue, il se mit à traduire.

La plûpart des traductions arabes d’Hippocrate & de Galien portent son nom ; & les hébraïques faites il y a plus de 700 ans, l’ont été sur la sienne. Honain est donc le plus considérable interprete d’Hippocrate ; & c’est de lui que les Arabes ont tiré tout ce qu’ils ont d’érudition sur l’histoire de la Médecine.

Il y avoit encore dans ce tems-là deux traductions d’Hippocrate : l’une syriaque, & l’autre arabe. La premiere passoit pour un second original, & pour avoir été conférée avec les éditions syriaques, qui sont fort rares depuis plusieurs siecles, à cause que le syriaque est devenu une langue savante qui n’a plus été d’usage que parmi les Chrétiens, & qui ne s’apprend plus que par étude. On peut juger par ce détail qu’il ne faut pas attendre de grands secours des Arabes pour la révision des textes grecs.

Nous pouvons encore conclure de-là qu’il seroit difficile de découvrir chez les Orientaux quelque chose qui servît à l’histoire d’Hippocrate, de plus que ce qu’en disent les Grecs & les Latins. Cependant les Arabes ont des vies de cet ancien médecin, & ils en parlent comme d’un des plus grands hommes qui aient existé ; c’est ce qu’on lit dans les deux seules versions qui soient imprimées : la premiere est d’Eutychius ou Sahid, patriarche d’Alexandrie ; l’autre est de Grégoire, surnommé Albufarage, qui étoit métropolitain de Takrit, ville d’Arméme, & qui a vécu jusqu’au treizieme siecle : mais on ne trouve ni dans l’une ni dans l’autre aucun trait qui ait un fondement solide.

En échange nos médecins, entr’autres Brasavolus. Jaéotius, Marinellus, Martianus & Mercurialis, ont fait d’excellens commentaires sur Hippecrate. Voici les titres de leurs ouvrages.

Brasavolus, (Antonius Musa) in aphorismos Hippocratis commentarius ; Ferrariae, 1594, in-4°. In libros de ratione victûs in morbis acutis, commentaria ; Venetils, 1546, in fol.

Jacotius, (Desiderius) commentariorum ad Hippocratis coaca proesagia libri tredecim ; Lugd. apud Guil. Rovillium, 1576, in-fol.

Marinellus, (Joannes) commentaria in Hippocratis opera ; Venet. apud Valgrisium, 1575, in-fol. ed. prima & optima : ibidem, 1619, in-fol. Vicentiae, 1610, in-fol.

Martianus, (Prosper) Hippocrates cons. nationibus explicatus ; Patavii, 1719, in-fol.

Mercurialis, (Hieronymus) commentarii in Hippocratis prognostica ; Venet. 1597, in-fol. In Hippocratis aphorismos ; Bonon. 1619, in-fol.

Ibnu-el-Baitar, médecin arabe, naquit à Malaga en Andalousie. Pour se perfectionner dans la connoissance des plantes, il parcourut l’Afrique & presque toute l’Asie. A son retour de l’Inde par le Caire, il devint médecin de Saladin, premier soudan d’Egypte ; &, après la mort de ce prince, il retourna dans sa patrie où il finit ses jours l’an de l’hégire 594, & de Jesus-Christ 1197. Il a composé un

ouvrage sur les propriétés des plantes, sur les poisons, & sur les animaux.

Ibnu-Thophail, médecin arabe, naquit à Séville dans l’Andalousie, d’une famille noble : mais ses parens ayant été dépouillés de leurs biens pour avoir pris parti dans une rébellion contre leur prince, il fut obligé de se jetter du côté de la Médecine. Averrhoès, Rabbi Moses l’égyptien, & beaucoup d’autres vinrent prendre de ses leçons ; il mourut l’an de l’hégire 571, & de Jesus-Christ 1175. C’est le même qu’Abu-Becr, Ebn-Thophail, l’auteur d’un ouvrage ingénieux & bien écrit, publié par le docteur Pocock, en arabe & en latin, sous le titre de philosophus, αὐτοδιδακτος, imprimé à Oxford eu 1671, réimprimé plusieurs fois depuis, & traduit en d’autres langues.

Ibnu-Zohar, d’origine arabe, naquit en Sicile dans le cinquieme siecle, & devint médecin du roi de Maroc. Il exerça son art sans intérêt pour les gens dont la fortune étoit médiocre, mais il acceptoit les présens des princes & des rois. Il a eu un fils célebre par des ouvrages de Médecine, & pour disciple Averihoes qui le laissa bien loin derriere lui. Il mourut âgé de quatre-vingt-douze ans l’an de l’hégire 564, & de Jesus-Christ 1168.

Joanna, chaldéen de nation & chrétien de religion, de la secte de Nestorius, est un fameux médecin arabe par le crédit qu’il eut sous le célebre Almamon, calife de Bagdad, qui fit tant de bien à la Littérature en rassemblant les meilleurs ouvrages en Médecine, en l’hysique, en Astronomie, en Cosmographie, &c. & en les faisant traduire. Joanna fut charge de présider aux traductions des auteurs grecs, & ce fut alors qu’on mit pour la premiere fois en langue arabesque les ouvrages de Galien & ceux d’Aristote. Il mourut à la quatre-vingtieme année de son âge l’an de l’hégire 284, & de Jesus-Christ 819.

Isaac, fils d’Erram, médecin juif, naquit à Damas, êtudia à Bagdad, & fut médecin de Zaide, viceroi d’Afrique. Il a fait un livre sur la cure des poisons, & est mort l’année de l’hégire 183, & de Jesus-Christ 799.

Lucius Apulée, de Madaure ville d’Afrique, vivoit sous les empereurs Adrien, Antonin le Débonnaire, & Marc Aurele. Sa mere, nommée Salvia, étoit de la famille de Plutarque, & de celle du philosophe Sextus. Après avoir étudié à Athenes la philosophie de Platon, il étudia la Jurisprudence à Rome, & s’acquit même de la réputation dans le barreau ; mais il reprit ensuite la Philosophie, & fit en grec des livres de questions naturelles & de questions médicinales. On met au nombre de ses écrits un livre intitulé, des remedes tirés des plantes ; livre qui nous reste & qui est écrit en latin, mais on n’est pas certain qu’il soit de lui. Les deux plus anciennes éditions de cet ouvrage chargé de remedes superstitieux, sont l’édition de Paris de 1528, in-fol. & celle de Basle de la même année, aussi in-fol. La cinquieme édition de toutes les œuvres prétendues d’Apulée de Madaure, est à Lyon en 1587, in-8°. Son livre de l’âne d’or, est tout plein de contes magiques, quoique ce ne soit qu’un jeu d’esprit dont le sujet même n’est pas de l’invention d’Apulée.

Machaon, étoit frere aîné de Podalyre, tous deux fils d’Esculape ; mais il paroît par Homere, que Machaon étoit plus estimé que Podalyre, & qu’on l’appelloit préférablement pour panser les grands de l’armée. Ce fut Machaon qui traita Ménélaüs blessé par Tindare, en essuyant premierement le sang de sa blessure, & en y appliquant ensuite des remedes adoucissans, comme faisoit son pere. Ce fut aussi Machaon qui guérit Philoctete, qui avoit été renda boiteux pour s’être laissé tomber sur le pié une fleche trempée dans le fiel de l’hydre de Lerne, pré-