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éditions ne different point, sont les plus complettes & les meilleures.

Nous ne connoissons qu’une seule édition de Galien qui soit greque & latine ; elle a été donnée à Paris en 1639, sous la direction de René Chartier, en treize volumes in-folio. Cet élégant ouvrage contient, non-seulement les écrits de Galien, mais encore ceux d’Hippocrate, & quelques autres anciens médecins. La traduction en est correcte & fidelle ; elle a été faite sur la comparaison des textes dans les différentes éditions & dans les manuscrits.

Gariopontus a été mal jugé pour beaucoup plus ancien qu’il ne l’est effectivement ; car puisque Pierre Damien, élevé au cardinalat en 1057, en parle comme d’un homme qu’il avoit vû, il en résulte que ce medecin vivoit au xj. siecle. On peut croire qu’il étoit du nombre de ceux qui composoient l’école de Salerne. René Moreau, dans ses prolégomenes sur cette école, cite un passage dans lequel il est appellé Warimpotus. Il adopta le système des méthodiques, & a écrit sept livres de pratique dans ce goût-là, mais d’un style barbare. Il traite dans les cinq premiers livres de la plûpart des maladies, & les fievres font la matiere des deux derniers. Cet ouvrage parut à Lyon, Lugduni apud Blanchardum, en 1516 & 1526, in-4o. sous le titre de Passionarii galeni de agritudinibus, à capite ad pedes. Ensuite il a été imprimé à Bâle apud Henr. Petri 1531, in-4o. & 1536 in-8o. sous le titre suivant : De morborum causis, accidentibus & curationibus, libri octo.

Glaucias, disciple de Sérapion, c’est-à-dire medecin empirique, est souvent cité par Galien, qui dit qu’il avoit commenté le sixieme livre des épidémiques d’Hippocrate. Il fait aussi l’éloge de quelques-uns de ses médicamens. Pline en parle dans son hist. nat. civ. XXII. ch. xxiij.

Haly-Abbas, medecin arabe, passoit de son tems pour un homme d’un savoir si surprenant, qu’on l’appelloit le Mage. Il publia vers l’an 980 son livre intitulé almaleci, qui renferme un système complet de toute la Medecine, & c’est le système dont les Arabes font l’éloge le plus pompeux. Etienne d’Antioche traduisit cet ouvrage en latin en 1127. Il est vrai que si l’on avoit à choisir quelque système de medecine fondé sur la doctrine des Arabes, celui qui a été fait par Haly-Abbas paroit moins confus, plus intelligible & plus lié que tous les autres, sans même excepter celui d’Avicennes, & Rhases en a pris bien des choses.

La traduction d’Etienne d’Antioche dont je viens de parler, est intitulée Regalis dispesitionis theoricæ libri decem, & praticæ libri decem, quos Stephanus ex arabicâ in latinam linguam transiulit. Venetiis 1492, regal. fol. Lugd. 1523, in-4o.

Héraclide le tarentin fut le plus illustre de tous les sectateurs de Sérapion, fondateur de l’empirisme. Galien fait grand cas d’un ouvrage qu’il avoit composé sur la Chirurgie. Nous lisons dans le même auteur qu’Héraclide avoit commenté tous les ouvrages d’Hippocrate ; Cælius Aurelianus cite aussi les livres d’Héraclide sur les maladies internes ; mais aucun des écrits de ce medecin ne nous est parvenu.

Hermogène. Il y a deux medecins de ce nom ; l’un sectateur d’Erasistrate, a pu vivre du tems d’Adrien, un peu avant Galien, qui en parle ; l’autre plus ancien, est celui contre lequel Lucile fit en grec l’épigramme dont le sens est : « Diophante ayant vu en songe le medecin Hermogène, ne se réveilla jamais, quoiqu’il portât un préservatif sur lui ». Martial, en imitant cette épigramme, attribue la même chose à un autre medecin qu’il appelle Hermocrate, & qui est peut-être un nom supposé ; quoique l’épigramme de Martial n’ait pas la finesse & la brié-

veté de celle de Lucile, on voit pourtant qu’elle part

d’une bonne main. La voici :

Lotus nobiscum est hilaris, coenavit & idem
Inventus mane est morcuus Andragoras.
Tam subitæ mortis causam, Faustine, requiris ?
In somnis medicum viderat Hermocratem.

« Andragoras, après avoir fait un très bon souper avec nous, fut trouvé mort le matin dans son lita Ne me demandez point, Faustinus, la cause d’une mort aussi prompte ; il avoit eu le malheur de voir en songe le medecin Hermocrate ».

Herodicus ou Prodicus de Sélymbre, naquit quelque tems avant Hippocrate, & fut contemporain de ce prince de la Medecine. Platon le fait inventeur de la gymnastique médicinale, c’est-à-dire de l’art de prévenir ou de guérir les maladies par l’exercice. Si cette idée est vraie, on pourroit regarder Herodicus comme le maître d’Hippocrate en cette partie.

Hérophile naquit à ce qu’on croit à Carthage, & vécut sous Ptolomée Soter. Il étoit contemporain d’Erasistrate, un peu plus âgé que lui, & tous deux se distinguerent également dans l’anatomie humaine. Galien dit d’Hérophile qu’il étoit consommé dans les diverses parties de la Medecine, mais sur-tout dans l’Anatomie. Il découvrit le premier les nerfs proprement dits ; il donna aux parties de nouveaux noms, qui ont presque tous été conservés. C’est lui qui a imposé les noms de rétine & d’arachnoïde à deux tuniques de l’œil ; celui de pressoir ou de torcular à l’endroit où les sinus de la dure-mere viennent s’unir ; celui de parastates à ces glandes qui sont situées à la racine de la verge, &c. Il cultiva beaucoup la Chirurgie & la Botanique, & fit le premier entre les anciens dogmatiques, un grand usage des médicamens simples & composés.

La doctrine du pouls acquit sous lui de grands progrès ; il ne s’écarta point dans la cure des maladies, ni par rapport à la conservation de la santé, des sentimens d’Hippocrate ; cependant il écrivit contre les prognostics de ce grand homme, qu’on avoit rarement attaqué, & toujours avec peu de succès. Hérophile ne fut pas plus heureux que les autres, ses ouvrages n’ont point passé jusqu’à nous.

Hippocrate descendoit d’Esculape au dix huitieme degré, & étoit allié à Hercule par sa mere au vingtieme degré. Il naquit à Cos la premiere année de la lxxxe olympiade, 458 ans avant la naissance de Jesus-Christ, & la cinquieme année du regne d’Artaxerxès-longue-main. Il étoit digne contemporain de Socrate, d’Hérodote, de Thucydide, & d’autres grands hommes qui ont illustré la Grece.

Son grand-pere Hippocrate & son pere Héraclide, qui n’étoient pas seulement d’habiles medecins, mais des gens versés en tout genre de littérature, ne se contenterent pas de lui apprendre leur art, ils l’instruisirent encore dans la logique, dans la Physique, dans la Philosophie naturelle, dans la Géométrie & dans l’Astronomie. Il étudia l’éloquence sous Gorgias le rhéteur, le plus célebre de son tems.

L’île de Cos, lieu de sa naissance, est très-heureusement située. Il y avoit longtems que ses ancêtres l’avoient rendue fameuse par une école publique de Medecine qu’ils y avoient fondée. Il eut donc toutes les commodités possibles pour s’initier dans la théorie de la Medecine, sans être obligé d’abandonner sa patrie ; mais comme c’est à l’expérience à perfectionner dans un medecin ce qu’il tient de l’étude, les plus grandes villes de la Grece n’étant pas fort peuplées, il suivit le precepte qu’il donne aux autres ; il voyagea. « Celui qui veut être medecin, dit-il, doit nécessairement parcourir les provinces étrangeres ; car l’ignorance est une compagne fort incommode pour un homme qui se mêle de guérir