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servitude. Les Maures, par exemple, sont les maîtres aux royaumes de Maroc & de Fez, qui répondent à la Mauritanie Tingitane des anciens ; mais il n’en est pas de même à Alger, la milice composée de turcs & de renégats, y a la souveraine puissance. Voyez Mauritanie.

MAURIAC, Mauriacum, (Géog.) petite ville de France dans la haute Auvergne, chef-lieu d’une élection particuliere. Elle est près de la Dordogne, & des frontieres du Limousin, à 11 lieues S. E. de Tulle. Long. 19. 59. lat. 45. 19. (D. J.)

MAURICE, Saint, (Hist. mod.) ordre militaire de Savoie. Amé ou Amédée VIII. premier duc de Savoie, s’étant retiré à Ripaille avec quelques seigneurs de sa cour, institua cet ordre de chevalerie, tant pour honorer la mémoire de ce saint martyr, que pour conserver celle de sa lance & de son anneau, qu’on garde précieusement dans la maison de Savoie, & qui sont les principales marques de cet ordre.

L’instituteur ordonna que les chevaliers porteroient une longue robe & un chaperon de couleur grise avec la ceinture d’or, le bonnet & les manches de camelot rouge, & sur le manteau une croix pommetée de taffetas blanc, à l’exception de celle du général ou grand-maître, qui devoit être en broderie d’or.

Philibert Emmanuel obtint du pape Grégoire XIII. en 1572, que l’ordre de saint Lazare seroit reuni à celui de saint Maurice. La destination de ces chevaliers, selon la bulle de ce pontife, est de combattre pour la foi & pour la défense du saint siége.

Par cette réunion, les chevaliers de saint Lazare ont changé leur croix verte en une croix blanche pommetée. Le manteau de cérémonie de l’ordre de saint Maurice, est de taffetas incarnat doublé de blanc, avec un cordon & une houpe de soie blanche & verte. La casaque & la cotte d’armes sont de damas incarnat chargées devant & derriere de la croix de l’ordre en broderie. Guichenon, hist. de Savoie, Favin, théat. d’honn. & de chevalerie.

Maurice, l’île, (Géogr.) île d’Afrique située vers le 21 degré de latit. méridionale, près de l’île Mascaren’has. Les Hollandois y aborderent en 1598, & lui donnerent son nom de celui du prince d’Orange, qui étoit amiral des Provinces-Unies. Les Portugais l’appellent ilha do Cerno ; j’ignore pourquoi ; car ce n’est point l’île de Cerné dont Pline fait mention. L’île Maurice a environ 15 lieues de tour, avec un bon havre, des montagnes fort élevées, toujours couvertes d’arbres verds, du poisson en abondance, des vaches, des veaux marins, toutes sortes d’oiseaux ; l’air en est pur, le terrein fertile, & cependant c’est un lieu qui reste desert.

Maurice, Saint, (Géogr.) petite ville de Savoie dans la Tarentaire, sur l’Isere, au pié du petit S. Bernard, entre Moustier & Aourte. Long. 24. 35. lat. 45. 40.

MAURIENNE, (Géogr.) vallée dans la Savoie. Elle a environ 20 lieues de longueur de l’orient à l’occident, depuis Charbonnieres jusqu’au mont-Cénis (Alpes cottiennes des anciens) qui la sépare du Piémont vers l’orient. Mais cette vallée est très-étroite, parce qu’elle est resserrée de toutes parts par les Alpes. Grégoire de Tours qui vivoit dans le vj. siecle, est le premier des auteurs subsistans qui ait parlé de cette vallée, qu’il appelle Mauriana. Il nous apprend qu’elle étoit du diocèse du Turin, & dans la dépendance de cette ville.

Tout ce pays ayant été cédé par les Lombards à Gontran roi de France, il fonda un évêché à Maurienne, soumis à la métropole de Vienne. Sous Rodolphe III, Humbert surnommé aux blanches mains, fut créé comte de Maurienne par ce prince, qui y joi-

gnit le comté de Savoie. Les successeurs d’Humbert

se qualifierent simplement de comtes de Maurienne, & préférerent ce titre à celui de comtes de Savoie, Savogæ ; aussi ont-ils été enterrés dans l’église de S. Jean de Maurienne. Ensuite peu-à-peu le nom de Savoie l’a emporté sur celui de Maurienne ; de sorte que quand l’empereur Sigismond créa duc le comte Amédée, ce fut la Savoie & non pas la Maurienne qu’il érigea en duché.

MAURIPENSIS, Pagus, (Géogr.) c’étoit, selon M. le Bœuf, une contrée de la Brie & de la Champagne, étendue le long du rivage droit de la Seine, après que cette riviere a reçu l’Ionne. Quelques-uns ont écrit Morivensis, & même Morvisins. M. de Valois a souvent confondu le pagus Mauripensis avec le pagus Heripensis, le Herpois, nommé depuis le Hurepois.

MAURITANIE, (Géogr. anc.) en latin Mauretania, comme portent la plupart des anciens monumens, & non Mauritania.

Grande contrée d’Afrique, en partie sur la mer Méditerranée, en partie sur l’Océan occidental. Anciennement elle n’obéissoit qu’à un seul roi. Bocchus y regnoit du tems de la guerre de Jugurtha. Ses héritiers la diviserent en deux royaumes, qui furent réunis en un seul sous Juba, & sous son fils Ptolomée, par la libéralité d’Auguste ; c’est pour cela qu’Horace l’appelle Jubæ tellus. Ensuite l’empereur Claude ayant subjugué les Maures, pour les punir du meurtre du roi Ptolomée, partagea ce vaste état en deux provinces, dont celle qui étoit à l’occident fut nommée Mauritanie tingitane, & celle qui étoit à l’orient fut appellée Mauritanie cesariense ; enfin, dans la suite, il se forma une troisieme province, à laquelle on donna le nom de Mauritanie citifense.

La Mauritanie tingitane, tingitana, tiroit son nom de la ville de Tingis, métropole de la province. C’étoit en quelque maniere la Mauritanie propre ; car la Mauritanie césariense étoit renfermée pour la plus grande partie dans la Numidie des Marsesyliens. Cette province étoit bornée au nord par le détroit d’Hercule, aujourd’hui de Gibraltar, & par la mer Méditerranée ; à l’orient par le fleuve Malva ; au midi par le mont Atlas, & au couchant par l’Océan atlantique.

La Mauritanie césariense, que le fleuve Malva séparoit de la Mauritanie tangitane, étoit à l’occident de la Mauritanie sitifense ; mais avant que celle-ci fût formée, elle la comprenoit toute entiere, & s’étendoit jusqu’au fleuve Ampsaga, qui la bornoit à l’orient. Sa ville capitale étoit Julia cæsarea, qui lui donnoit son nom. Les royaumes de Tremecen & de Couco, & le pays d’Alger font la Mauritanie césariense.

Ptolomée vous donnera le nom des villes & des peuples de la Mauritanie tingitane & césariense.

La Mauritanie fitifense étoit bornée au nord par la mer Méditerranée ; à l’orient par une ligne tirée de l’embouchure du fleuve Ampsaga jusqu’à la ville appellée Maximianum oppidum ; à l’occident par la Mauritanie césariense ; les bornes du midi sont assez incertaines.

La notice épiscopale d’Afrique vous indiquera les noms des évêchés des trois Mauritanies, si vous en êtes curieux.

Il paroît que l’ancienne Mauritanie contenoit toute la partie occidentale de la Barbarie, où sont à présent les royaumes de Tremecen, de Tenés, d’Alger, de Bugie, de Fez & de Maroc. (D. J.)

MAUROMIDIE, (Géogr.) cap sur la côte de la Morée, à la distance d’environ 2 lieues du cap de Calogréa. On l’appelloit autrefois le promontoire Arrenius.

MAURS, (Géogr.) petite ville de France en Au-